"Engager coûte plus cher que travailler avec des indépendants ou des intérimaires”
Le contexte international crée de l’incertitude. La guerre des talents n’en est pas pour autant finie.
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- Publié le 27-05-2022 à 12h38
- Mis à jour le 10-06-2022 à 15h21
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"L'année 2021 fut incroyable pour le marché de l'emploi", remarque Mark Maldeghem, directeur général de la plateforme de recrutement Jobat. "Le 1er trimestre 2022 a continué sur la même lancée. Le chômage a baissé de 3,3 % en Wallonie entre avril et mai 2022. L'opportunité d'emploi a crû de 36 % entre le 1er trimestre 2021 et le 1er trimestre 2022. Et la tendance est la même dans les trois Régions."
7 000 offres en Wallonie
Actuellement, il y a environ 7 000 offres d'emploi en Wallonie sur le site Jobat. Quelque 35 % concernent la vente. "Ce secteur ne représentait que 21 % de nos offres il y a un an", constate Mark Maldeghem. Les autres secteurs qui comptent le plus d'offres : les profils techniques et d'ingénieurs (18 %, contre 22 % il y a un an), l'Horeca et le tourisme (15 %, pour 6 % en 2021) et la logistique et le transport (inchangé à 11 %).
Mais pour ce 2e trimestre 2022, le spécialiste du recrutement note un ralentissement. Le premier en quinze mois. "On sent que les entreprises sont à nouveau prudentes dans leurs recrutements", poursuit Mark Maldeghem, qui pointe la guerre en Ukraine, le coût de l'énergie ou encore les matières premières et matériaux qui ne sont plus livrés. "La situation économique a directement un impact sur les embauches." Ce ralentissement, estime encore le directeur de Jobat, se voit déjà dans les chiffres de l'intérim, qui, lui, se porte bien. "Les entreprises préfèrent engager temporairement des travailleurs car elles ne savent pas comment va évoluer la situation. Je pense également que l'an prochain, le nombre de travailleurs sur le payroll des entreprises va diminuer à cause de l'indexation des salaires. Engager coûte plus cher que travailler avec des indépendants ou des intérimaires."
Moins d’actifs
Est-ce la fin des opportunités d'emploi ? La fin de la guerre des talents qu'on connaît depuis plusieurs années ? "Non, il y a encore des opportunités car il manque de talents sur le marché de l'emploi. Pour certains profils, il y a vraiment une guerre, souligne Mark Maldeghem. En outre, l'effort à faire pour recruter des talents est plus important. C'est un point qui a fortement changé ces dernières années. Si l'on regarde les candidats potentiels, les personnes activement à la recherche d'un emploi (étudiants qui postulent pour un premier emploi, chômeurs, personnes qui veulent un job plus près de chez elles, qui n'aiment plus leur fonction,…) sont de loin minoritaires. Il y a 3 ou 4 ans, elles représentaient encore 40 % des candidats potentiels ; aujourd'hui, elles ne sont plus que 20 % selon nos estimations." Les 80 autres pourcents sont des chercheurs d'emploi passifs. Il s'agit par exemple de personnes qui sont bien dans leur boulot mais qui bougeraient pour un meilleur salaire, des avantages plus intéressants,… "Ces personnes-là, il faut les pousser pour qu'elles deviennent actives", estime mark Maldeghem, qui met en avant un nouveau métier dans le recrutement lié à l'employer branding. "Les entreprises font de la publicité pour leurs produits, leurs services,… Elles doivent en faire aussi pour elles-mêmes en tant qu'employeurs potentiels." Et cela peut se faire en interne mais aussi en externe.
Un marché plus mobile
Aller chercher ces passifs, et plus seulement les actifs, c'est ce que fait notamment Jobat. "Dans le cadre d'accords avec la presse, par exemple, nous pouvons envoyer à un lecteur qui cliquerait sur un article qui traite de l'emploi, du contenu (vidéos, outils,….) susceptible de l'intéresser." Cela se fait aussi sur les réseaux sociaux. Ou en collaboration avec le Forem, Actiris,… "Le but est le même pour tous : faire en sorte que le marché de l'emploi soit plus actif, plus mobile, indique Mark Maldeghem. Auparavant, Jobat était juste un jobboard. Avec le Covid, nous avons dû nous adapter et nous réorienter vers du 'recrutement marketing'. Nous utilisons différents canaux pour activer le bon candidat pour une entreprise."