"Il faut être en forme pour gérer le stress et les desiderata des mariés" : wedding planner, un métier de rêve ?
Le stress lié au métier a été d'autant plus difficile à gérer qu'en 2022, avec le retard lié au Covid, les journées de mariage se sont démultipliées.
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- Publié le 04-10-2022 à 08h14
- Mis à jour le 05-10-2022 à 14h18
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Chaque année, une dizaine de wedding planners (organisateurs de mariage en français) mettent la clef sous la porte en Belgique. Pourtant, le Plat pays en compte une quinzaine de permanents et une dizaine de nouveaux tous les ans.
Un wedding planner est une personne rémunérée par les futurs mariés pour organiser pour eux leur mariage. Il sélectionne des prestataires (lieux de réception, traiteur, photographe…), les propose aux fiancés, et fait ensuite l'intermédiaire avec les professionnels choisis. Le wedding planner accompagne les mariés tout au long des préparatifs les mois précédant l'événement pour concrétiser leur mariage idéal, et est présent le jour J afin de coordonner tous les prestataires et veiller à ce que la journée se déroule bien, selon le planning établi.
"Beaucoup se lancent dans le métier après leur propre mariage, enthousiasmés par leur expérience du milieu, partage Alexandra Hallet, wedding planner depuis 2004, fondatrice de ABH-Event, société d'événementiel spécialisée dans l'organisation de mariages en Belgique, en France et au Luxembourg. Mais ils ne se rendent pas compte que c'est énormément de travail, notamment le week-end. Il faut être très disponible, c'est un métier complexe et saisonnier, où il faut être en permanence en formes physique, pour enchaîner les événements, et morale, pour gérer le stress et les desiderata des mariés".
Un métier d'autant plus difficile à exercer en 2022 qu'avec le retard lié au Covid, les journées de mariage se sont démultipliées, très loin d'être cantonnées au samedi. "En général, il faut être sur tous les fronts entre avril et octobre, puis arrive l'arrière-saison que nous consacrons au développement de l'entreprise, à la réalisation d'une étude de marché internationale pour sonder les nouvelles tendances, à la participation à des salons du mariage… En fin de compte, cela ne s'arrête jamais".

A 26 ans, Athina Styliara, wedding planner dans sa propre société d'événementiel Sublime Wedding, confirme le ressenti de sa consœur : "Je suis née en Belgique mais je suis d'origine grecque. Il y a quatre ans, je suis partie sur l'île de Santorin dans le cadre d'une relation et j'ai cherché un emploi dans l'événementiel. Cela a quasiment été une évidence de travailler pour une société d'organisation de mariages, puisque l'île, qui est un cadre exceptionnel pour se marier en regorge (beaucoup d'étrangers au budget conséquent choisissent les paysages paradisiaques de Santorin pour s'unir, NdlR). J'ai tout de suite adoré le métier, c'est pourquoi j'ai ensuite créé ma propre agence. Quand on voit les couples heureux, ça donne de l'énergie, mais c'est aussi un métier difficile. De l'extérieur on voit que le wedding planner profite de l'atmosphère joyeuse des préparatifs, du cadre le jour J, du repas… Mais c'est aussi énormément de tensions toute l'année. Il faut avoir une très bonne tolérance au stress."
La tranquillité d'esprit pour 2 950 euros
Un métier intense donc, mais qui, en 2022, a tout particulièrement été récompensé.
Chaque saison, la société d'Alexandra Hallet ABH-Event, qui compte trois collaborateurs, gère l'organisation de bout en bout d'une trentaine de mariages. Ce service est facturé 2 950 euros par l'entreprise, sachant que chaque événement représente environ 80 heures de travail, des rendez-vous préliminaires à la présence le jour J en passant par la recherche et la gestion des prestataires. "Cette année était particulièrement dense, appuie Alexandra Hallet. Il a fallu gérer la coordination entre les 50 partenaires avec lesquels nous travaillons, parfois avec six mariages dans une seule semaine, plusieurs sur un même week-end… Avec le report de leur union, beaucoup de mariés ont aussi beaucoup changé d'avis sur divers points. Il a donc été nécessaire de s'adapter pour répondre au mieux à toutes leurs attentes".

"Notre chiffre d'affaires (non communiqué, NdlR) a augmenté de 25 % en 2022", souligne la fondatrice de ABH-Event.
Pour précision, un wedding planner se rémunère sur son forfait de prestations (de A à Z, coordination uniquement le jour J, seulement la sélection du lieu…), et prélève souvent une commission de 10 à 15 % en moyenne sur la note de chaque prestataire sélectionné par ses soins.
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A noter que l'organisation de mariage ne représente que 60 % de l'activité de ABH-Event. La société officie également lors de cérémonies laïques (entre 20 et 25 par an) et a développé un service de location de décoration et de matériel. "Nous avons commencé en 2013, une époque où l'offre dans ce domaine manquait cruellement en Belgique, raconte Alexandra Hallet. Les lieux de réception proposaient des décorations mais avec un choix très limité, et notre solution permet de choisir entre 400 produits différents à louer, donc sans avoir besoin d'acheter". Vases, chandeliers, housses de chaises… ABH-Event stocke ses produits dans sa caverne d'Alibaba, un entrepôt de 800 m³ entre Nivelles et Charleroi.
L'inflation a encore frappé
De son côté, Athina Styliara a réussi à lancer son business il y a deux ans et demi, avec succès, dans un secteur pourtant très concurrentiel sur l'île grecque de Santorin. Sa réussite est notamment due à ses tarifs raisonnables pour la localisation : entre 1 500 et 2 000 euros pour l'organisation de A à Z. La wedding planner a organisé 25 mariages en 2022, principalement de couples étrangers en Grèce, mais aussi en Belgique et en France, où le bouche-à-oreille fonctionne. Certains fiancés au budget confortable n'hésitent pas à payer un supplément pour faire venir Athina Styliara de Grèce.
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Toutefois, malgré une belle année 2022, les wedding planners ne sont pas épargnés par le contexte post-Covid et la guerre en Ukraine.

ABH-Event a dû augmenter ses frais de livraison de ses éléments de décoration, à 1,20 euro au lieu de 60 centimes par kilomètre parcouru entre l'entrepôt et le lieu de réception. Plusieurs habitudes ont également évolué. "Avec la hausse du prix de l'essence, beaucoup de traiteurs ne se déplacent plus la veille pour installer le mobilier et la vaisselle, mais viennent uniquement le jour J pour ne faire le trajet qu'une seule fois, poursuit la wedding planner. Nous avons donc dû adapter nos prestations et proposer aux mariés d'installer pour eux leur décoration le matin du jour J, quand eux sont évidemment occupés à autre chose".
Une autre wedding planner, Bénédicte Broquet, gérante de la société Imagine We qui organise environ 20 mariages par an, a quant à elle pu observer une hausse générale dans les prix pratiqués par les prestataires avec qui elle travaille : entre 5 et 12 % sur les tarifs 2023.
"Avec l'inflation galopante, les mariés eux-mêmes vont devoir s'adapter, conclut Alexandra Hallet. Très certainement qu'en 2023, les couples qui comptaient inviter 250 personnes au cocktail et 150 au dîner vont devoir repenser leur liste d'invités…"