Les CPAS wallons ne veulent pas de l’exclusion du chômage après deux ans
Ils dénoncent, entre autres, les conséquences d’une telle mesure sur leurs finances et sur leur personnel.
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Publié le 10-05-2023 à 08h17
La proposition de plusieurs partis flamands et du MR de supprimer les allocations de chômages pour ceux qui après deux ans refuseraient un emploi de base inquiète les CPAS wallons. Parce que ceux qui se retrouveraient sans allocations de chômage se tourneraient en grande partie vers leurs services. Pour Luc Vandormael, le président de la Fédération des CPAS wallons, “cette mesure générerait un transfert de charges vers nos 262 CPAS. Pour la Wallonie, pas moins de 57 000 demandeurs d’emploi seraient exclus, car au chômage depuis plus de 2 ans (sur 208 000 chômeurs complets inscrits). Si cette mesure s’applique à l’ensemble du contingent, les répercussions seraient dès lors importantes pour nos CPAS, et ne régleraient pas complètement le sort de ces personnes”.
Du côté des CPAS, en constate une nouvelle fois qu’une décision qui pourrait être prise par un autre niveau de pouvoir les affecterait directement, sans proposition de compensation. “Si le taux de remboursement du RIS (Revenu d’intégration sociale) actuel est maintenu – de 55 à 70 % selon le nombre de bénéficiaires en CPAS –, cela engendrerait une charge de travail supplémentaire importante, conjuguée à une charge financière devenue insupportable pour les CPAS. Rappelons que, au terme de la législature communale en cours, le nombre de revenus d’intégration aura augmenté d’environ 30 % en Wallonie, malgré un nombre de travailleurs sociaux (quasi) inchangé. Les aides sociales équivalentes et complémentaires sont également déjà en forte augmentation”.
Charger constamment la barque
Cette manière de charger constamment la barque sur les pouvoirs locaux – zones de secours, zones de police, pension des fonctionnaires communaux, etc. – est très souvent dénoncée par les CPAS et les communes au sud du pays. À ce titre, le ministre wallon du Budget, Adrien Dolimont (MR) demandait, récemment dans La Libre qu’un fonds interfédéral destiné à compenser pour un niveau de pouvoir, l'effet d’une mesure prise par un autre, soit mis en place. À la lumière du débat qui nous occupe ici, le projet de ce fonds prend une nouvelle fois tout son sens.
Les CPAS wallons encouragent les partis qui soutiennent cette proposition d’exclusion du chômage après deux ans à se rappeler une autre mesure du même genre qui n’a peut-être pas eu les effets escomptés. “Jetons un regard dans le rétroviseur et prenons l’exemple vécu des fins de droits aux allocations d’insertion, en 2015. Effet attendu de la mesure, un tiers des exclus avait (re) trouvé du travail. Mais un autre tiers avait aussi frappé à la porte des CPAS, et le dernier tiers est purement sorti du spectre des radars sociaux, échappant à tous mécanismes structurés d’assistance. Par parenthèse, il s’agissait principalement des cohabitants, d’où notre revendication forte d’une individualisation des droits. Partant du principe qu’il serait regrettable de répéter une mesure en espérant un résultat différent, le risque d’exclusion définitive d’une partie de la population est grand”, conclut le président de la Fédération des CPAS de Wallonie.