Trois entreprises sur 10 proposent des avances sur salaire, mais est-ce suffisant ? "Tout le monde n'est pas doué pour l’argent"
Certaines entreprises font preuve de souplesse pour aider leurs employés à joindre les deux bouts. Il existe plusieurs façons de les accompagner.
Publié le 25-05-2023 à 06h38
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La crise du coronavirus, la crise énergétique et l’inflation élevée ont eu des répercussions sur notre bien-être. Mental, mais surtout financier. Les employeurs belges en sont également conscients. La majorité des entreprises belges ont confié dans une enquête de l’entreprise de services RH Acerta et de la Vrije Universiteit Brussel que les trois dernières années avaient eu un impact majeur sur le bien-être de leurs collaborateurs.

Pour quantifier le problème, Acerta et la VUB viennent de publier une nouvelle enquête menée auprès de 400 entreprises de notre pays. L'étude s'intéresse aux mesures prises, ou non, par les employeurs pour gérer les difficultés financières de leurs collaborateurs. "Les travailleurs en difficulté financière voient leur moral en pâtir. Les entreprises peuvent apporter leur aide de diverses manières, même sans aide financière", selon les enquêteurs.
Il ressort que près de trois entreprises belges sur dix (28%) accordent à leurs travailleurs une avance sur salaire s’ils peinent à joindre les deux bouts à la fin du mois. Elles sont également trois sur dix à encourager leurs travailleurs à se rendre plus souvent au bureau afin de réduire leur facture d’énergie à la maison. Ajoutez à cela qu'une entreprise sur sept propose un accompagnement de carrière visant à évaluer si les collaborateurs peuvent se permettre de compléter leur emploi actuel par une autre activité afin d’obtenir un revenu supplémentaire.
A l'inverse, 38% des entreprises ne prennent aucune mesure pour apporter un soutien financier à leurs travailleurs.

Interrogé dans le cadre de l'enquête, le Prof. Dr. Bert Schreurs, professeur à la Vrije Universiteit Brussel, explique : "Le bien-être financier et le bien-être mental vont de pair. Il est naturel qu’une personne ayant des soucis financiers en pâtisse également sur le plan moral. Cette situation a également un effet négatif sur les prestations professionnelles, car l’argent, et le manque d’argent, deviennent l’unique priorité. Les soucis financiers sont à l’origine de problèmes cognitifs et minent la motivation. Les personnes en situation d’insécurité financière sont moins concentrées et commettent davantage d’erreurs. Leur motivation au travail n’est pas intrinsèque, mais extrinsèque : ils travaillent uniquement parce qu’il y a de l’argent à la clef. Ce n’est certainement pas la motivation qu’un employeur souhaite voir chez ses travailleurs."
Un soutien autre que purement financier
L’enquête montre, en outre, que les entreprises qui veulent aider leurs employés apportent d'abord une aide purement financière. Les chercheurs d’Acerta et de la VUB affirment néanmoins qu’il existe d’autres moyens, qui ont d’ailleurs un impact plus important à long terme.
Anne-Sophie Bialas, experte chez Acerta Consult, explique : "Les employeurs sont limités quant à l’aide qu’ils peuvent apporter sur le plan financier, en particulier compte tenu de la forte augmentation des frais salariaux au cours de cette dernière année. Le soutien financier ne doit toutefois pas se cantonner uniquement à l’argent. Il existe d’autres possibilités, comme de mettre en place un point de contact en matière de bien-être financier. Ce type de point de contact est bien moins courant que ceux consacrés au bien-être mental. En outre, les entreprises peuvent également contribuer à l’éducation financière de leur personnel par le biais de la formation. Tout le monde n’est pas doué pour l’argent. L’amélioration des connaissances sur le plan numérique peut également se révéler utile, car tout le monde n’est pas en mesure de trouver en ligne les subsides, primes ou prêts auxquels il pourrait avoir droit. L’accompagnement financier peut consister à offrir de l’aide pour choisir le bon fournisseur d’énergie, demander une prime à la rénovation, etc. Ce soutien renforce également l’engagement mutuel. Les travailleurs peuvent difficilement oublier que leur entreprise les a aidés à sortir la tête de l’eau."