"Êtes-vous prêts à bosser dans le porno?" Pourquoi la proposition polémique d’Actiris ne tient pas la route
Actiris questionne ses chercheurs d’emploi dans le milieu culturel s’ils accepteraient un emploi dans le porno. Le sujet fait débat mais, dans les faits, la polémique n’a pas vraiment lieu d’être.
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- Publié le 01-06-2023 à 22h33
- Mis à jour le 01-06-2023 à 22h34
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Ce jeudi matin, le PTB révélait qu’Actiris, l’agence bruxelloise pour l’emploi, demandait aux chercheurs d’emploi dans le milieu artistique s’ils étaient prêts à accepter un job dans l’industrie du porno. Chômeurs et porno, voilà deux mots-clés sur lesquels chacun a son petit mot à dire. Ainsi, le PTB jugeait la demande scandaleuse tandis que, pour la socialiste Delphine Chabbert, “c’est le rôle d’un service public d’être inclusif et accessible à toutes et tous, aussi aux travailleurs du sexe”. Enfin, le ministre de tutelle, Bernard Clerfayt (Défi) annonçait qu’il interpellera ses homologues wallons et flamands afin de modifier ce questionnaire commun pour reformuler cette question. Et au milieu de tout ça, ni les chômeurs, ni le secteur du porno, n’ont pu vraiment s’exprimer.
Un secteur ultra-libéralisé
La Dernière Heure a alors pris langue avec Utsopi, un collectif de travailleuses et travailleurs du sexe. “En Belgique, le porno n’est pas développé du tout, c’est vraiment minime, confie Daan Bauwens, le directeur du collectif. Il y a des petits groupes LGBTQIA + qui font leurs films indépendamment. Concernant des boîtes de production mainstream, j’en ai deux en tête.” En réalité, Daan Bauwens ne connaît aucun acteur ou actrice porno qui travaille sous contrat, toutes et tous sont indépendants. Ce qui coupe donc l’herbe sous le pied d’Actiris, chargée de relier un employeur et un demandeur d’emploi via un contrat de travail.
Pas d’encadrement légal
Pour Françoise De Smedt (PTB) qui estime que “le métier d’acteur porno n’est pas un métier comme un autre et que le service public doit prôner des emplois décents”, c’est aussi au niveau des conditions de travail dans le porno que la question pose problème. Elle en veut pour référence le cas français où de nombreuses actrices ont déploré des cas de viols sur les tournages. “La criminalisation a rendu les conditions affreuses pour les travailleuses du sexe en France. Ça n’a fait qu’empirer leur vie, constate Daan Bauwens. Si un État nie l’existence d’un secteur, ça crée logiquement des problèmes.” Or, pour le porno, rien n’encadre les conditions de tournage sur le plateau, le nouveau Code pénal est évidemment d’application mais, dans la rue ou sur un plateau de tournage pornographique, le texte ne fait aucune différence.
Utsopi travaille justement sur un encadrement comme le demandent les acteurs mais, au regard de la libéralisation de ceux-ci, un encadrement légal s’annonce plus complexe. Le directeur d’Utsopi ne manque de rappeler que les métiers d’acteurs et d’acteurs pornos restent cependant “complètement différents”.