Un compte pro est-il obligatoire ? Peut-on déduire son loyer ? Nos cinq conseils pour les indépendants
Se lancer comme travailleur indépendant n’est pas toujours un jeu d’enfants. Il y a beaucoup d’éléments à prendre en compte pour profiter un maximum de ce statut. Lesquels ? On fait le point.
- Publié le 23-08-2023 à 10h57
- Mis à jour le 23-08-2023 à 13h31
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Au cours de la dernière décennie, les Belges ont montré qu’ils sont de plus en plus tentés à l’idée de devenir indépendant. En 2012, ils étaient un peu moins d’un million (988 567 pour être précis). Dix ans plus tard, 1 257 356 Belges ont décidé d’opter pour ce statut particulier. Cela représente une partie non négligeable de la population active en Belgique, qui serait de 72,1 % d’après les derniers chiffres de Statbel.
Nul doute que cette catégorie de travailleurs va encore augmenter dans les prochaines années. Mais faut-il encore savoir comment s’y prendre pour se lancer. Quels sont les points à prendre en compte et comment optimiser son statut pour en obtenir un maximum de bénéfices ? Voici quelques éléments de réponse en cinq points.
Le choix du statut
Pour se lancer en tant qu’indépendant, la première étape est de savoir dans quelles sous-catégories. Le choix est particulièrement important parce qu’il déterminera le montant des cotisations sociales à verser chaque trimestre et aura une influence générale sur les droits sociaux. Pour une très grande majorité des cas, la personne doit choisir l’option de devenir indépendant à titre principal ou complémentaire.
Dans les deux cas, le barème de cotisation à payer est le même, soit 20,5 %. Quelles différences alors ? Cela se joue dans le montant versé en fonction des revenus engrangés. En effet, un indépendant complémentaire exerce son activité, comme le nom l’indique, à titre complémentaire, c’est-à-dire que son travail principal n’est pas soumis à ce statut. Par exemple, un salarié à mi-temps qui construit, en parallèle, une petite activité sur le côté. Dans ce cas, le travailleur ne payera de cotisations sociales que si son revenu annuel dépasse les 1621,72 euros. Il devra donc payer chaque trimestre 85,65 euros via sa caisse d’assurances sociales. Un montant qui monte crescendo en fonction de son revenu, mais qui reste très minime par rapport à l’autre choix.
En effet, un indépendant à titre principal aura plus de revenus et donc plus de cotisations à payer. Le minimum est autour des 875 euros par trimestre et des 5 000 euros pour le maximum. Le montant peut varier en fonction de la caisse d’allocations dans laquelle l’indépendant est enregistré.
Ce type de statut peut également se diviser en deux catégories : personne physique ou société. Dans ce dernier cas, il est intéressant de se lancer dans le cas où le chiffre d’affaires dépasse les 80 000 euros, selon les recommandations d’une majorité de comptables. Pourquoi ? Parce qu’en tant que personne physique, les impôts liés à ce statut peut atteindre un taux jusqu’à 50 %. “Dans une société, vous payez un impôt sur les sociétés, qui atteint maximum 25 % du bénéfice. En outre, vous payez également un impôt sur le revenu des personnes physiques sur les bénéfices que vous versez sur votre compte privé, mais ce taux est nettement inférieur à celui dont l’indépendant(e) en personne physique doit s’acquitter. Une société permet donc de payer moins d’impôts”, indique l’entreprise bruxelloise Accountable.
Réductions possibles la première année
Pour les quatre premiers trimestres, et donc la première année, il est possible de demander une réduction sur ses cotisations sociales, allant parfois jusqu’à 50 % de la somme. Mais attention, ce n’est pas automatique. Cet outil n’est applicable que dans le cas où l’indépendant s’est inscrit dans le statut “à titre principal” et ne concerne que si les revenus ne sont pas particulièrement élevés. En effet, cette réduction sert principalement à l’indépendant à se lancer dans son activité, ce qui impliquerait que celui-ci n’ait pas encore de gros revenus dès le début. En général, et cela varie une nouvelle fois en fonction de la caisse d’allocations dans laquelle l’indépendant est enregistré, cela se situe autour d’un revenu annuel de 8 500 euros. Pour Xerius par exemple, l’indépendant ne devra payer que 447,53 euros par trimestre au lieu de 866,62 si son revenu annuel est inférieur à 8 473,80 euros. Si ce montant est dépassé entre-temps, la réduction ne s’applique plus et le montant des cotisations à payer sera calculé en fonction du revenu annuel.
Le compte professionnel : un indispensable
Dans le cas du statut de société, être titulaire d’un compte bancaire professionnel est obligatoire. Cela n’est pas forcément le cas pour les personnes physiques, même si c’est fortement recommandé. Et ce pour plusieurs raisons. À commencer par le gain de temps.
Le compte professionnel permet en effet de gérer bien plus facilement sa trésorerie puisque tout est centralisé sur un même compte et non mélangé avec des achats privés. De plus, dans le cas d’un contrôle de l’administration fiscale, l’indépendant pourra fournir sans difficulté les informations nécessaires.
Par ailleurs, la plupart des banques fournissent des formules de compte professionnel assez avantageux, avec des taux plus élevés et des frais de gestion moindres. Les outils en ligne fournis par les banques sont également différents d’un compte privé à un compte professionnel. En général, ces plateformes permettent par exemple d’associer des logiciels de comptabilité à son compte, ce qui permet une nouvelle fois un gain de temps non négligeable.
(Presque) tout est déductible
Le montant que l’indépendant doit payer pour ses impôts dépendra en grande partie de ses frais professionnels stipulés lors de sa déclaration fiscale. Et un élément intéressant à savoir est que beaucoup de choses peuvent être déductibles, totalement ou partiellement. Cela varie en fonction du type de frais occasionnés et de son usage professionnel. Une facture de restaurant par exemple peut être déduite à 69 % tandis qu’un cadeau d’affaires ne le sera qu’à 50 %. Par contre, louer les services d’un comptable est totalement déductible.
L’arrivée du télétravail dans notre modèle professionnel a aussi changé la donne pour les indépendants. Si un espace professionnel a été créé à son domicile, tout type d’achats liés de près ou de loin à son activité peut être déduit. Cela va des achats de meubles et de matériels (bureau, chaises, lampes, ordinateur, écouteurs) à des frais plus variables, liés à la maison (eau, café, électricité, internet, produits d’entretien, assurance incendie, etc.). Le pourcentage de ces déductions doit cependant correspondre à l’espace dédié à son activité professionnel par rapport à la surface totale de l’habitat.
Déduire son loyer ? Oui et non
La question arrive régulièrement sur la table pour les indépendants qui travaillent régulièrement depuis chez eux. Et la réponse risque de décevoir puisqu’aucune loi ne mentionne à ce jour la possibilité de déduire son loyer via un forfait mensuel. Ce n’est donc pas vraiment recommandé d’après les professionnels du secteur.
Pour que son loyer soit déduit, il faut que le logement en question ait un bail commercial enregistré. Pour les indépendants en personne physique, ce n’est la plupart du temps pas le cas. Pour ceux enregistrés en tant que société par contre, et donc quand le dirigeant est le propriétaire du logement, un contrat de bail lié à l’entreprise est possible. Mais cela signifierait donc que le loyer serait taxé, ce qui n’est en général pas très avantageux au final.