"Il n'existe pas de solution universelle de management"
Libre Eco week-end | L’humain est essentiel pour le fondateur du cabinet de conseil BSPK, initiateur des Rencontres stratégiques.
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- Publié le 17-09-2023 à 18h45
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"La grandeur d'un métier est peut-être avant tout d'unir des hommes. Il n'est qu'un luxe véritable et c'est celui des relations humaines", tel est le leitmotiv du fondateur du cabinet de conseil luxembourgeois BSPK, Henri Prévost, qui reprend là une citation de Saint-Exupéry. Une maxime qu'il applique dans l'approche de son cabinet, qui a pour vocation d'"améliorer l'intelligence organisationnelle et émotionnelle" du management des entreprises mais aussi dans les Rencontres stratégiques qu'il organise depuis 2019.
Économiste de formation, Henri Prévost a fait une grande partie de sa carrière à l'étranger dans le secteur automobile. En 2011, il s'oriente vers le service à l'industrie et ensuite la promotion immobilière. Via un client, il entre en contact avec un cabinet de conseil luxembourgeois qui s'intéresse à son profil diversifié et l'engage. "On travaillait avec des chefs d'entreprise qui portaient un rêve", évoque celui qui aura l'occasion de fonder son propre cabinet, BSPK, en 2018. Une antenne a récemment été ouverte en Suisse et à Monaco. "Nous croyons à l'agilité des petits États ; leur résilience et leur capacité à l'innovation sont des sources de pérennité pour le tissu économique qui est composé de 95 % de PME", souligne Henri Prévost.
BSPK propose une méthode de diagnostic managérial et stratégique développée par un professeur d'université, Nicolas Commune, docteur en sociologie et en anthropologie de la santé, et basée exclusivement sur l'humain. Ce professeur fait aussi partie de l'équipe de seize experts seniors aux profils très variés de BSPK et valide les évaluations des diagnostics réalisés.
Des organes vitaux
Le diagnostic est basé sur un entretien mené avec chaque collaborateur de l'entreprise ainsi que sur une série de tests sur le profil, les talents et motivations de chacun. "Cela permet de constituer le mode d'emploi d'une organisation et son ADN. L'entreprise est une personne morale mais une personne avant tout. Il importe de reconnaître et considérer le capital humain d'une entreprise à tous les échelons. On essaye de comprendre ses symptômes, ses forces, ses faiblesses… Un peu comme un médecin."
Dans son approche, BSPK rencontre d’abord les chefs d’entreprise qui sont le cerveau ou le cœur de l’organisation et puis descend dans la hiérarchie. L’idée est de comprendre la réalité de l’entreprise de par les gens qui en sont les organes vitaux.
"Sur cette base, on écrit un mode d'emploi de l'organisation, on fixe un point à l'horizon et on définit dans le temps et l'espace comment l'entreprise va y arriver. Un accompagnement est fait pour que le mode d'emploi prenne place dans les habitudes", poursuit Henri Prévost qui souligne encore : "Il n'existe pas de solution universelle de management, chaque entreprise est unique et complexe."
Ce diagnostic est une étape préalable indispensable à tout coaching, recrutement ou assessment. "Il faut connaître la vision de l'entreprise, ses valeurs, les équipes… Quand on engage un être humain il n'est pas question de plug and play (traduction : brancher et utiliser)."
BSPK organise également une journée où tous les collaborateurs sont rassemblés. "Le but est notamment de restituer ce qui nous a été confié. Il n'y a rien de pire pour des collaborateurs que d'être interrogés et puis de ne pas avoir accès aux résultats. Souvent, les organisations mènent des enquêtes auprès de leurs collaborateurs mais les résultats restent au niveau de la direction." Une grande partie des données sont anonymes. "Lors de cette journée , nous reprenons certaines phrases relevantes mais sans dire qui a dit quoi. Mais si quinze personnes ont signalé la même chose, c'est qu'il y a un souci."
Inspirer les managers
Toujours dans ce désir de rassembler les hommes et pour nourrir ces accompagnements, "favoriser la confrontation des idées et renouveler la pensée des chefs d'entreprise", Henri Prévost a également lancé en 2019 des Rencontres stratégiques. Le principe : des conférences et échanges avec une ou plusieurs personnalités d'horizons différents. Parmi ces intervenants : Jacques Ségéla, Pierre de Gaulle, le colonel Peer de Jong, l'économiste israélien Oded Galor, le professeur Van Dyck… Ils ont en commun d'avoir écrit un livre qui peut inspirer les managers. "Si des responsables d'une organisation ont un problème de leadership ou d'intégration de la technologie par rapport à l'humain, par exemple, nous pouvons leur proposer de visionner la conférence et lire l'ouvrage de tel ou tel orateur. Cela fait partie de notre accompagnement et constitue une haute valeur ajoutée. Nous ne voulons pas utiliser des formules de coaching ultra usées."
Le premier orateur fut le général Pierre de Villiers. "Trois jours avant l'événement, j'apprenais que j'avais un cancer… Pierre de Villiers m'a encouragé à ne pas subir la maladie", raconte Henri Prévost qui a décidé de partager son expérience en organisant sa deuxième conférence sur le thème de l'impact de la santé du manager sur l'économie de l'entreprise. "C'était trois mois avant le confinement… J'essaie toujours d'avoir un coup d'avance. En septembre 2021, par exemple, nous avons reçu Hubert Védrine qui a parlé de géopolitique, d'énergie… La guerre en Ukraine débutait quelques mois plus tard… Il ne faut pas juste être opportuniste. Il faut anticiper. Manager, c'est anticiper." Les Rencontres stratégiques en sont à leur 37e édition qui a eu lieu cette semaine au Luxembourg avec comme orateur Pierre Hazan, conseiller senior auprès du Centre pour le dialogue humanitaire, en Suisse, et auteur de Négocier avec le diable.
Prochaine rencontre : les 12 et 13 octobre à Monaco sur la thématique : "Métiers d'exception et industrie du luxe : quelles perspectives ?", avec Mauro Colagreco (chef 3 Étoiles), Fabrice Gatti (ancien de Red Bull F1 et Renault F1) et Bruno Lavagna (expert international du luxe).