Les femmes s'imposent
Même si des inégalités demeurent, les femmes sont de plus en plus nombreuses à exercer des métiers considérés longtemps comme exclusivement masculins. Cinq témoignages le confirment. Edito de La Libre EntrepriseUSA: pari sur la reprise
Publié le 14-08-2003 à 00h00
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ANALYSE
Ce n'est pas un «scoop»: les femmes sont de plus en plus nombreuses à travailler. Certes, elles ne sont encore que 51,1 pc à occuper un emploi (sur lesquelles 37,7 pc travaillent à temps partiel), contre 68,1 pc pour les hommes, et elles ne gagnent encore que 89 pc du salaire des hommes, mais que de chemin parcouru ces dernières décennies.
Aujourd'hui, elles commencent même à se faire une petite place dans ce qu'on pourrait baptiser de manière un peu caricaturale les «métiers d'hommes». A cet égard, les chiffres fournis en mars 2002 par l'Institut national de statistique (INS) sont on ne peut plus clairs.
Entre 1961 et 2001, la proportion de femmes notaires est passée de 1,1 à 34,9 pc, celle de femmes architectes et urbanistes est passée de 1 à 25,9 pc, celle de femmes greffiers, huissiers de justice et experts juridiques est passée de 2,1 à 52,5 pc, celle de femmes avocats et conseillers juridiques est passée de 8 à 42,2 pc et celle de femmes médecins, médecins spécialistes et chirurgiens est passée de 6,3 à 32,2 pc.
Ces chiffres ne sont pas tellement étonnants lorsqu'on considère une étude menée récemment par l'ULB selon laquelle les filles réussissent mieux leurs études que les garçons. Et ce quelle que soit l'orientation choisie, tant à l'école secondaire qu'à l'université, et quelles que soient les origines socio-culturelles de l'étudiant. D'après les chiffres fournis par l'université bruxelloise, le taux de réussite des filles est en moyenne 1,2 fois supérieur à celui des garçons.
Ce qui n'empêche pas que selon une autre étude de l'ULB, la proportion de femmes professeurs d'université en Communauté française reste extrêmement faible. Seuls 8 pc des professeurs ordinaires sont des femmes, tandis que si on prend en considération l'ensemble du personnel académique, cette proportion n'est que de 14 pc. L'université reste donc un bastion masculin même si là aussi, on s'attend à un mouvement de rattrapage dans les années à venir.
Il n'y a d'ailleurs pas que dans les métiers intellectuels que ce mouvement s'opère. Dans d'autres «métiers d'hommes» aussi, les femmes s'imposent petit à petit. Selon l'INS, entre 1961 et 2001, la proportion de femmes parmi les agents de police est ainsi passée de 0,1 à 12,1 pc, tandis que parmi les facteurs, elle est passée de 0,2 à 23,3 pc et parmi les chauffeurs d'autobus, de 0,7 à 11 pc. Autre exemple: chez les gardiens, la proportion de femmes est passée de 1 à 9 pc en seulement dix ans, entre 1990 et 2000.
Cela dit, il reste évidemment des métiers quasiment exclusivement masculins. C'est le cas notamment des matelots, des éboueurs, des dockers, des bûcherons, des électriciens, des ouvriers du bâtiment, des plombiers ou, dans une moindre mesure, des ébénistes, des boulangers, des ingénieurs et des informaticiens.
Dans ces deux derniers cas, cette faible présence féminine s'explique essentiellement par le peu d'attrait des filles pour les études scientifiques (à l'exception des sciences humaines et de la médecine), et particulièrement pour les études en informatique, dont elles sont quasiment absentes.À noter qu'il y a aussi des «métiers de femmes» où la proportion masculine a augmenté dernières années. C'est le cas de nettoyeur (de 8 pc d'hommes en 1990 à 51 pc en 2000), de diététicien (de 3,3 à 9,6 pc), de steward (de 20,7 à 37 pc), ou d'infirmier (de 8,1 à 9,9 pc). Quant aux «bastions féminins» qui demeurent, ce sont des métiers tels que femme de ménage (99 pc de femmes), maîtresse d'école maternelle (98 pc), secrétaire (96 pc) ou mannequin (95 pc).
L'égalité professionnelle entre hommes et femmes est donc en bonne voie, surtout depuis les années 90. Cela dit, il reste encore du chemin à accomplir. Comme le soulignait il y a quelques mois Greet Van Cool, alors commissaire du gouvernement à la sécurité sociale, «aujourd'hui encore, les femmes occupent beaucoup trop peu de fonctions dirigeantes dans les entreprises, en politique et dans le monde scientifique».
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Selon une étude publiée en novembre dernier par Top Management, 94 pc des entreprises situées en Belgique sont dirigées par un homme. Maigre consolation pour les femmes: ce chiffre était encore de 97 pc il y a dix ans.
© La Libre Belgique 2003