Steve Jobs: «Ce n'est pas de la chance»

Steve Jobs est considéré comme un visionnaire. Il a révolutionné l'informatique personnelle dans les années 70 et 80, et il a refait le même coup dans la musique vingt ans plus tard. L'iPod, le baladeur numérique lancé par Apple en 2001, s'est déjà vendu à 21 millions d'exemplaires, tandis que l'iTunes Music Store a démontré qu'il est possible de vendre légalement des chansons sur Internet.

MATHIEU VAN OVERSTRAETEN
Steve Jobs: «Ce n'est pas de la chance»
©AP

À PARIS

Steve Jobs est considéré comme un visionnaire. Il a révolutionné l'informatique personnelle dans les années 70 et 80, et il a refait le même coup dans la musique vingt ans plus tard. L'iPod, le baladeur numérique lancé par Apple en 2001, s'est déjà vendu à 21 millions d'exemplaires, tandis que l'iTunes Music Store a démontré qu'il est possible de vendre légalement des chansons sur Internet. Les déclarations du patron d'Apple ont donc un certain poids. Et celles qu'il a faites mardi à Paris à l'occasion de l'ouverture du salon Apple Expo - le plus grand événement du genre en Europe - risquent de ne pas faire plaisir à tout le monde.

Sa première cible: les maisons de disques. «Certaines voudraient nous voir augmenter notre prix de 99 centimes par chanson sur iTunes Music Store, mais il n'en est pas question», dit Steve Jobs. «Premièrement, parce que les maisons de disques gagnent déjà plus d'argent sur une chanson vendue sur Internet que sur un CD. Deuxièmement, parce que ce serait un très mauvais signal envoyé aux consommateurs, à qui on suggérerait en quelque sorte de retourner vers le piratage. Tout le monde sortirait perdant d'une telle augmentation».

Ni GSM ni télévision

Steve Jobs ne croit pas non plus dans la concurrence du téléchargement de chansons sur son téléphone mobile, malgré le lancement tout frais d'un GSM Motorola équipé du logiciel iTunes. «Je n'en perçois pas la logique économique», dit-il. «Une chanson sur Internet coûte moins d'un euro et on peut la mettre sur son GSM en le connectant à son ordinateur. Par contre, une chanson téléchargée via son GSM coûte deux à trois euros et on ne peut généralement pas la copier sur son PC».

Le patron d'Apple n'a pas manqué non plus de s'attaquer à Microsoft, depuis toujours sa cible favorite. Windows Media Centre, le programme de la société de Bill Gates qui veut faire fusionner informatique et télévision, est pour lui voué à l'échec. «Ce sont deux produits trop différents, et le modèle du PC ne peut pas s'appliquer à l'électronique grand public car il est trop compliqué», dit-il. «C'est cela qui fait la force d'Apple: nous sommes capables de rendre les technologies les plus sophistiquées très faciles à utiliser».

Steve Jobs est pourtant bien obligé de reconnaître que la concurrence s'intensifie sur le marché des baladeurs numériques et de la musique en ligne: «Il y a effectivement des grands groupes comme Sony qui voudraient nous tuer. Mais ils auraient tort de croire que c'est uniquement avec de la chance que nous sommes parvenus à une part de marché de plus de 75pc dans les ventes de baladeurs aux Etats-Unis».

Dans les allées d'Apple Expo, on discutait pourtant autant de l'iPod que des nouveaux «Walkman» de Sony, et en particulier du W 800i, qui fait à la fois office de GSM, de baladeur, d'appareil photo et de radio FM. De quoi faire de l'ombre à l'iPod, d'autant plus que Creative conteste aussi la suprématie de l'iPod avec ses petits baladeurs colorés, inspirés de l'iPod mini. Flairant le danger, Steve Jobs a annoncé il y a quelques jours l'iPod Nano, un appareil microscopique qui permet à Apple de se démarquer à nouveau. «Notre objectif était de lancer un appareil «impossiblement» petit», dit-il. Pour Apple, le succès de l'iPod est d'autant plus important qu'il dope les ventes de Mac, même si la part de marché d'Apple dans les ordinateurs n'est que de 3pc en Europe. C'est ce que Steve Jobs appelle «l'effet de halo».

Apple pourrait aussi réagir à la concurrence en lançant un iPod GSM ou un iPod vidéo. Mais ça, Steve Jobs refuse de le confirmer. «Il y a déjà tellement de sociétés qui copient Apple, je ne vais pas en plus leur fournir une carte routière pour qu'ils puissent nous suivre».

© La Libre Belgique 2005

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