Apple, cet étrange fruit du désir

Ils sont environ 25 millions de «Macholics», de «Mac addicts» ou de «Maccies», des fétichistes appartenant à la tribu des utilisateurs de Macintosh. Ils sont suivis par une nouvelle génération montante de fanatiques, les accros au baladeur iPod, déjà vendu à 42 millions d'unités.

STÉPHANIE FONTENOY

CORRESPONDANTE À NEW YORK

Ils sont environ 25 millions de «Macholics», de «Mac addicts» ou de «Maccies», des fétichistes appartenant à la tribu des utilisateurs de Macintosh. Ils sont suivis par une nouvelle génération montante de fanatiques, les accros au baladeur iPod, déjà vendu à 42 millions d'unités.

Tous ont goûté au fruit défendu de la société Apple et vénèrent son «iCon», Steve Jobs, charismatique cofondateur et PDG de la compagnie.

Ces loyalistes ont leurs propres rites et traditions, comme la lecture quotidienne de «blogs» dédiés à la marque ou l'envoi d'une carte d'anniversaire à Steve Jobs sur happybirthdayapple.com. Pour les 30 ans de la Pomme ce samedi 1eravril, les messages (2 dollars l'unité) seront compilés dans un livre. Les mordus d'Apple se présentent non pas comme de simples clients, mais comme une communauté, «la plus large subculture du monde de l'informatique», écrit Leander Kahney, auteur de l'ouvrage «The Cult of Mac» et rédacteur du magazine californien «Wired News».

Comment expliquer le phénomène Apple, qui transforme tout ce qu'il crée en objet du désir? «Il y a certainement un facteur marketing à sa popularité. Mais ses clients pensent sincèrement que les produits Apple sont les meilleurs, qu'ils sont plus sûrs, plus imperméables aux virus, qu'ils se «plantent» moins. Bien sûr, cela peut se débattre», déclare Leander Kahney.

Plus puissante que jamais

Pour les partisans de la marque à la pomme, sa supériorité vient de son caractère précurseur, innovant et créatif. Les premiers ordinateurs personnels, l'interface graphique, l'usage de la souris, la publication assistée par ordinateur (PAO), les écrans plats, sont tous des fruits d'Apple, qui a encore apporté design et couleurs à ses machines.

La compagnie a popularisé l'utilisation du port USB et a généré l'explosion du Wifi, l'Internet sans fil. Elle révolutionne maintenant l'univers du divertissement numérique, avec son «juxe-box» iPod et son service d'achat de musique en ligne, l'iTunes Music Store.

La compagnie de Steve Jobs aborde la trentaine au mieux de sa forme. «Apple est sans doute la société informatique la plus innovante, probablement la plus stylisée et la plus influente. Elle est plus puissante et plus signifiante culturellement que jamais», commente le magazine «Wired News» dans son dossier spécial à l'occasion des 30 ans d'Apple.

J'iPod donc je suis

Aux Etats-Unis, la tribu Apple prolifère principalement en Californie et à New York. Ses victimes consentantes ne sortent pas sans le baladeur iPod dans l'oreille quand ils ne sont pas rivés à l'ordinateur portable iBook, à la maison, mais aussi dans les cafés, et dans les parcs et les campus, la plupart du temps servis par la technologie Wifi.

La dernière mode, celle du «Podcasting» (contraction de iPod et de «broadcasting») qui permet le téléchargement de fichiers audio et vidéo sur un iPod, est récupérée par les universités à des fins d'éducation. Les étudiants peuvent ainsi réécouter les cours, entendre l'enregistrement de conférences, ou s'immerger dans une classe de langue grâce à leur iPod personnel ou celui qu'ils auront emprunté à la bibliothèque.

Voilà qui ne devrait pas manquer de renforcer la théorie avancée par Markus Giesler de l'Université d'York à Toronto, au Canada. Dans son étude «I pod, therefore I am» («J'utilise un iPod, donc je suis»), le chercheur présente le iPod comme une extension de la mémoire humaine, qui encode des sons, des images, de mêmes que des notes, de noms et des adresses. «Le iPod n'est plus seulement un instrument ou un gadget, c'est une partie de soi. Si je perds son contenu, je perds mon identité», écrit Markus Giesler.

© La Libre Belgique 2006

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