Alitalia sur la piste de l'ex-Sabena ?
Alitalia connaîtra-t-elle le triste sort de l'ex-Sabena, déclarée en faillite le 7 novembre 2001 après les tergiversations des uns et des autres ? Mercredi, après l'échec des négociations entre Air France-KLM, qui a fait une offre de reprise ferme, et les syndicats, aucune hypothèse n'était exclue. La menace est d'autant plus réelle que la compagnie italienne n'a quasiment plus de bouée financière de sauvetage. L'édito audio de Vincent Slits
- Publié le 03-04-2008 à 00h00
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Alitalia connaîtra-t-elle le triste sort de l'ex-Sabena, déclarée en faillite le 7 novembre 2001 après les tergiversations des uns et des autres ? Mercredi, après l'échec des négociations entre Air France-KLM, qui a fait une offre de reprise ferme, et les syndicats, aucune hypothèse n'était exclue. La menace est d'autant plus réelle que la compagnie italienne n'a quasiment plus de bouée financière de sauvetage. "Ce qui est arrivé à l'ex-Sabena plane au-dessus d'Alitalia. La faillite n'interviendra pas dans l'immédiat, car les dirigeants ont retrouvé un peu de liquidités ces derniers jours. Ils ont vendu les 2 pc qu'Alitalia détient dans Air France-KLM. Il y a aussi l'été qui est là et qui apportera un peu de ressources. Mais la compagnie n'a plus d'actifs, et sa flotte est ancienne. Par conséquent, sa valeur est marginale. Donc, sans retournement de dernière minute, c'est la faillite dans quelques mois ou la reprise pour une bouchée de pain avec à la clé une lourde restructuration", nous a commenté André Clodong, expert du transport aérien. Or, dit-il, l'offre d'Air France-KLM est sérieuse. En effet, dans le cadre de son offre de rachat, Air France-KLM prévoit de se désengager de l'activité cargo et d'une partie de la maintenance d'Alitalia. Son plan prévoit ainsi le départ d'environ 2 100 travailleurs dont 1 600 salariés d'Alitalia et 500 de la société Az Servizi, spécialisée dans la maintenance des appareils de la compagnie. Mais jusqu'à mercredi, les syndicats exigeaient que le groupe franco-hollandais maintienne toutes les activités.
D'après Jean-Cyril Spinetta, président d'Air France-KLM, la demande des organisations syndicales "paraît incompatible avec l'objectif d'un retour rapide à la rentabilité", car "sur le fond, cette nouvelle proposition conduirait à maintenir dans le périmètre d'Alitalia des activités induisant de lourdes pertes".
Air France reste l'option n° 1
Il faut dire que l'attitude de divers acteurs italiens du dossier n'a pas facilité la tâche aux dirigeants d'Air France-KLM. Sans oublier l'atmosphère des élections italiennes de la mi-avril. Tout d'abord, les syndicats ont fait preuve d'une surenchère, les uns et les autres ne voulant pas apparaître comme ceux ayant sacrifié les camarades en acceptant l'offre du groupe franco-hollandais. Par ailleurs, Silvio Berlusconi, leader de la droite et candidat aux élections des 13 et 14 avril, n'a pas cessé de vilipender l'offre d'Air France-KLM, se disant partisan d'une reprise de la compagnie par des investisseurs italiens. Or, analyse André Clodong, "il ne peut plus mettre d'argent du gouvernement dans la compagnie. Et l'attitude des syndicats semble être plus idéologique qu'une vision susceptible de garantir un avenir à la compagnie". Devant le crash qui semble s'annoncer, les syndicats italiens d'Alitalia ont annoncé jeudi qu'ils étaient ouverts à une reprise des discussions avec Air France-KLM. Lors d'une conférence de presse, huit des neuf syndicats ont indiqué que leurs propositions qui avaient poussé le P.-D.G. Jean-Cyril Spinetta à rompre les négociations n'étaient pas définitives et ne constituaient pas un ultimatum. Le conseil d'administration d'Alitalia a nommé jeudi un nouveau président en la personne d'Aristide Police pour remplacer Maurizio Prato et assuré qu'Air France-KLM restait son partenaire potentiel favori. Prato a démissionné mercredi après l'échec des négociations.
Le gouvernement italien (il détient 49,9 pc d'Alitalia) a aussi indiqué hier qu'il allait tenter de renouer le dialogue entre le groupe franco-hollandais et les syndicats d'Alitalia.