L’impossible statut ouvrier-employé ?

Cela fait 19 ans que cela dure. Depuis qu’en 1993 la Cour constitutionnelle (alors Cour d’arbitrage) a condamné l’inégalité des statuts entre les employés et les ouvriers qui existe encore en Belgique. Depuis, les partenaires sociaux se penchent sur la problématique, mais sans succès. " Ce problème n’a pas été négocié dans l’accord gouvernemental ", note Philippe Melis, porte-parole de la société d’intérim Tempo-Team. " Un rapprochement léger a été fait avec la nouvelle loi sur les délais de préavis en vigueur depuis le 1er janvier 2012. Mais c’est insuffisant" . Et il faut bien trouver un accord. L’Union européenne exige une harmonisation des statuts. Le délai ultime : le 8 juillet 2013.

Solange Berger

Cela fait 19 ans que cela dure. Depuis qu’en 1993 la Cour constitutionnelle (alors Cour d’arbitrage) a condamné l’inégalité des statuts entre les employés et les ouvriers qui existe encore en Belgique. Depuis, les partenaires sociaux se penchent sur la problématique, mais sans succès. " Ce problème n’a pas été négocié dans l’accord gouvernemental ", note Philippe Melis, porte-parole de la société d’intérim Tempo-Team. " Un rapprochement léger a été fait avec la nouvelle loi sur les délais de préavis en vigueur depuis le 1er janvier 2012. Mais c’est insuffisant" . Et il faut bien trouver un accord. L’Union européenne exige une harmonisation des statuts. Le délai ultime : le 8 juillet 2013.

A un peu moins d’un an de cette date butoir, Tempo-Team a voulu prendre le pouls de différents acteurs économiques en sondant 201 managers en ressources humaines et 527 travailleurs. Avec un constat général : les divergences d’intérêts sont importantes. Plus de travailleurs que d’employeurs (65 % et 57 %) trouvent que l’harmonisation des statuts est une mesure juste. Les ouvriers sont plus demandeurs que les employés (77 % et 61 %). Les employeurs sont aussi peu disposés (41 %) à assumer des coûts supplémentaires. Les PME ont encore plus de craintes que les grandes entreprises. Mais tous sont d’accord sur la faible faisabilité de la mise en œuvre de la mesure.

"L’enquête montre que les salariés veulent un statut maximal et les employeurs un statut minimal", constate Philippe Melis. "Les travailleurs - surtout les ouvriers - veulent ainsi prendre les meilleurs éléments de chaque statut. Les entreprises veulent minimiser les coûts". Des exemples : les conditions de licenciement, les délais de préavis, le jour de carence, "Ce système qui fait que le premier jour de maladie n’est pas payé existe chez les ouvriers, même s’il a été aboli dans de nombreux secteurs. Il devrait être supprimé dans le cadre du statut unifié". Quelque 65 % des ouvriers sont pour cette suppression, pour 56 % des employés, 46 % des employeurs et 40 % des PME. Près d’une PME sur deux (47 %) estime même que la suppression de ce jour de carence va faire grimper l’absentéisme chez les ouvriers.

" On ne sait vraiment pas vers quoi on va, car chacun veut garder ses avantages ", constate Philippe Melis. " Il faut faire attention aux conséquences des mesures qui sont prises : hausse du coût du travail, réduction de la compétitivité, sécurité sociale plus coûteuse, On constate que toutes les solutions sont conditionnées par un aspect financier. Il faut aller au-delà, en réfléchissant à l’activation des travailleurs, à la mobilité, et profiter de cette réforme pour moderniser le marché du travail. Cette harmonisation ne doit pas provoquer un recul" .

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