La guerre des taux aura lieu

Avec une pension légale moyenne de l’ordre de 940 euros pour un salarié, l’assurance groupe est sans conteste le pilier sur lequel les futurs retraités compteront pour arrondir leur fin de mois.

P.D.-D.

Avec une pension légale moyenne de l’ordre de 940 euros pour un salarié, l’assurance groupe est sans conteste le pilier sur lequel les futurs retraités compteront pour arrondir leur fin de mois.

Las, à l’instar de la situation frappant les comptes d’épargne, les taux offerts sur les contrats d’assurance groupe ont plutôt tendance à piquer du nez.

Voilà quelques jours, AG Insurance a jeté un joli pavé dans la mare en annonçant la diminution du taux minimum garanti de 3,25 à 2,25 % sur tous les nouveaux versements à partir du 1er janvier 2013, là où d’autres concurrents s’étaient contentés, si l’on ose dire, de limiter cette baisse aux nouveaux contrats, conclus depuis l’été.

La raison de cette baisse des rendements a été martelée tant et plus par les assureurs : ils ne peuvent plus offrir ce qu’ils ne peuvent plus décrocher sur les marchés.

"Offrir aujourd’hui un taux de 3,25 % est tout à fait infaisable", explique Philippe Colle, administrateur-délégué d’Assuralia, la fédération du secteur des assurances.

Ainsi, le taux belge à 10 ans, référence en la matière, tourne autour des 2,30 %. "On n’investit pas uniquement dans les OLOs belges mais aussi dans des pays stables comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou la Suède". Où les taux sont relativement bas en raison, justement, de l’excellent profil de ces pays.

Le taux moyen du panier des obligations des "bons" Etats est actuellement de 2 %, souligne pour sa part Patrick De Baets, membre du comité de direction du groupe P&V. "La réalité économique et financière est là". Difficile, dès lors, de faire des miracles.

Maintenir des taux élevés nécessiterait dès lors à se tourner vers des pays plus risqués. "Ce n’est pas ce que le client veut", estime Philippe Colle.

Et ce n’est pas du côté des actions que les compagnies vont se rattraper. Leurs investissements dans ce type d’actif - bien volatile depuis le début de la crise- est inférieur à 5 %, là où cette proportion pouvait parfois grimper jusqu’à 15/20 % lorsque ces Bourses naviguaient résolument dans le vert.

Qu’en sera-t-il concrètement pour tous les contrats d’assurance groupe ?

Tous les contrats ne sont pas à mettre dans le même panier. L’adaptation éventuelle du rendement minimum garanti dépendra, pour faire simple, de son ancienneté.

Les contrats les plus anciens sont en principe immunisés contre cette baisse car les taux sont contractuellement garantis pour les primes futures. Pas de quoi s’inquiéter, sauf si le contrat prévoit de pouvoir adapter le taux minimum garanti.

Les contrats les plus récents par contre risquent de passer sous les fourchés caudines de la baisse des taux. Il s’agit généralement de contrats commercialisés à partir du milieu des années 2000. Là, l’engagement de l’assureur porte sur les primes versées.

Dans l’état actuel des choses, seul AG Insurance touche au rendement de certains contrats existants.

Quoi qu’il en soit, il n’y a pas lieu de s’inquiéter.

"Il n’y a aucun problème avec les réserves constituées", souligne Gerrit Feyaerts, porte-parole d’AG Insurance. "Le taux de rendement de nos actifs est supérieur au taux exigé", lui fait écho Patrick De Baets.

En d’autres termes, le client obtiendra bien ce qui lui était dû sur base des versements passés, quels que soit le type de contrat et la compagnie d’assurance.

Là où la donne change, c’est dans la rémunération des nouveaux contrats (P&V, Mercator, Axa, Allianz) ou des nouveaux versements (certains types de contrats chez AG Insurance).

Avec toutefois une (grosse) nuance : "Ce n’est pas parce que le taux minimum garanti diminue que l’on ne pourra pas arriver à un taux de 3,25 % en intégrant une participation bénéficiaire", explique Gerrit Feyaerts.

"Il faut faire une grande distinction entre le taux garanti et le taux réalisé", rappelle pour sa part Philippe Colle.

La participation bénéficiaire n’en est pas moins aléatoire et dépend des bénéfices de la compagnie, influencés par le contexte économique et financier.

Au final, rien ne change pour le titulaire d’un tel contrat : la loi oblige en effet l’employeur - et non la compagnie d’assurance - à offrir les taux minimum légaux de 3,25 et 3,75 % (LLB du 12 octobre). D’où la demande du patronat, mais aussi du secteur des assurances, de revoir ces taux légaux à la baisse.

Cette demande est jusqu’à présent restée lettre morte, chez le ministre des Pensions Vincent Van Quickenborne. Le nouveau ministre Alexander De Croo accordera-t-il une oreille plus attentive à leur demande ? Ce n’est pas sûr.

Le dossier est loin d’être clos. Si les taux des marchés continuent à rester bas, de nouvelles baisses de taux garantis ne sont pas à exclure.

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