Pologne: terre bénie pour les investisseurs
A croire que la Pologne se joue de la crise, qui mine l’Europe entière! "Nous n’avons pas connu de période de récession depuis 1992", rappelle Ilona Antoniszyn-Klik, secrétaire d’Etat à l’Economie.
- Publié le 20-10-2012 à 09h52
en Pologne A croire que la Pologne se joue de la crise, qui mine l’Europe entière! "Nous n’avons pas connu de période de récession depuis 1992", rappelle Ilona Antoniszyn-Klik, secrétaire d’Etat à l’Economie. Même en 2009, lorsque l’Europe entière ployait sous le poids de la récession, la Pologne réussissait à enregistrer une croissance de 1,6 % de son Produit intérieur brut (PIB). Ce taux de croissance a encore été de 4,3 % en 2011 et devrait tourner autour de 2 % en 2012 et 2013. De quoi en faire rêver plus d’un.
Les raisons de cette bonne santé économique sont multiples. Il y a tout d’abord une population de quelque 38 millions d’habitants qui consomment. Il y a aussi une belle réserve de main-d’œuvre qualifiée, peu coûteuse - de l’ordre de 4 à 5 fois moins chère qu’en Europe occidentale - et peu revendicative, ce qui est peut-être un comble au pays du syndicat Solidarité.
Dans les zonings industriels de la zone de développement économique de Silésie - 50 000 emplois créés en 16 ans - , nul n’a souvenir d’une grève. Cela peut aider... "Parfois, des candidats investisseurs demandent des statistiques sur le nombre de jours", explique Lukasz Cieply, de la zone économique spéciale de Katowice.
Il y a surtout la manne céleste de l’Union européenne, qui a déversé des dizaines de milliards d’euros au cours des dernières années. "L’adhésion à l’Union européenne est une bénédiction", résume Piotr Uszok, le maire de la ville de Katowice. Et pour cause: la Pologne doit recevoir quelque 67 milliards d’euros entre 2007 et 2013 via les fonds structurels destinés à venir en aide aux régions les plus pauvres et à soutenir le développement économique. A ces 67 milliards d’euros, viennent s’ajouter 20 milliards d’euros supplémentaires dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC).
La seule région de Swietokrzyskie, l’une des plus pauvres du pays, a par exemple bénéficié d’une enveloppe globale de plus d’un milliard d’euros de fonds européens, soit l’équivalent de deux budgets annuels de la région. "Cette aide a été cruciale pour la région", souligne Kazimierz Kotowski, vice-président du gouvernement de la région. "C’est l’une des régions qui se développent de façon la plus dynamique. Chacune des 122 communes de la région bénéficie d’un financement européen. Tous les fonds européens dont nous bénéficions sont dépensés juqu’au dernier zloty."
Les fonds européens ont bien entendu permis de lancer de gros travaux d’infrastructure, transformant plusieurs régions de Pologne en vastes chantiers. De quoi rendre plus accessibles des régions comme la Swietokrzyskie et le sud-ouest de la Pologne, et donc de les rendre plus attractives pour les candidats investisseurs. Reste que Varsovie n’a pas encore de ring, obligeant les camions se rendant du sud au nord de la Pologne à traverser la ville.
Le réseau ferroviaire, par contre, reste dans un état lamentable, de l’avis général, à tel point qu’une journée est nécessaire pour parcourir les 500 kilomètres séparant Katowice de Gdansk.
Les fonds européens permettent aussi de soutenir quantité de projets. "Le développement n’aurait pas été aussi dynamique sans le financement européen", explique le maire de Katowice. La modernisation du réseau de tramways dans le grand Katowice coûtera 170 millions d’euros, dont 100 millions puisés dans les fonds européens. De nombreux projets - Centre international de congrès,... - sont financés à hauteur de 50 % par des fonds européens.
Des fonds européens qui peuvent aussi servir à soutenir des investissements. Ainsi, l’usine Opel, installée depuis 1996 dans le zoning de Gliwice, a obtenu une subvention de 61 millions de zlotys de fonds européens sur un investissement total de 250 millions de zlotys pour soutenir l’innovation dans la chaîne de production de l’Astra nouvelle génération.
Reste que la Pologne se veut plus que jamais terre bénie pour les investisseurs étrangers. Les arguments sont nombreux. Il y a bien entendu le coût de la main-d’œuvre, qui n’est toutefois plus un critère absolu. "Pour les investisseurs dont le critère principal de choix est le coût de la main-d’œuvre, la Bulgarie et la Roumanie ont un net avantage sur nous", souligne-t-on chez "Invest in Poland".
Le salaire minimum est de l’ordre de 400 euros par mois. Il peut chuter jusqu’à 300 euros dans les régions les plus pauvres. La Pologne a surtout l’avantage en termes de qualité de la main-d’œuvre, de productivité et d’infrastructure.
Et puis, il y a les aides aux investissements. En Silésie, les avantages fiscaux accordés sont de l’ordre de 40 % du montant de l’investissement. C’est même jusqu’à 70 % en Swietokrzyskie, "l’une des cinq régions les plus pauvres de Pologne", comme le rappelle Andrzej Mochon, le dynamique président de la foire de Kielce. En d’autres termes, l’investisseur étranger ne paiera pas le moindre zloty d’impôts jusqu’à ce qu’il ait cumulé 40 à 70 % de bénéfices par rapport à son investissement initial.
De quoi en tout cas permettre d’attirer de nombreux investisseurs. La société Man s’est, par exemple, récemment installée à Starachowice, dans la zone de développement économique de Swietokrzyskie. Quelque 1 800 personnes y travaillent. "Tous les autobus de ville de Man sont fabriqués ici", se réjouissent les responsables de la zone économique.
A Katowice, trois centres offshore pour des sociétés de services ont attiré de très nombreuses entreprises et permis la création de 9 000 emplois au cours des dernières années. De quoi faire chuter le taux de chômage à 4,8 %, contre 10 % en moyenne pour la métropole de Katowice, soit deux fois moins qu’avant l’adhésion à l’Union européenne, en mai 2004.
Et si les projets d’investissements ont quelque peu ralenti avec la crise, l’intérêt des candidats investisseurs reste vif pour la Pologne qui leur ouvre grand les bras.