Aider les accros aux jeux
Jouer doit être un divertissement. Jouer peut toutefois devenir un asservissement.
- Publié le 22-03-2013 à 10h40
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Jouer doit être un divertissement. Jouer peut toutefois devenir un asservissement. Et une telle dépendance peut facilement se transformer en surendettement. Le cycle infernal, dans lequel plusieurs dizaines de milliers de joueurs se retrouvent, sans doute.
Combien sont-ils exactement ? Les joueurs problématiques seraient quelque 176 000, selon une projection d’une étude menée en 2006. Les joueurs pathologiques seraient au nombre de 0,4 % de l’ensemble de la population. Soit plus de 200 000 personnes ayant un gros problème.
Et pas facile à solutionner. "Le joueur c ache le problème, parfois pendant des années, à sa famille, ses amis, son médecin de famille et autres. Ceci s’explique surtout par un sentiment de honte, de peur de ne pas être compris et l’espoir persistant de pouvoir encore résoudre ses problèmes financiers en misant à nouveau sur des jeux de hasard", souligne Laurence Genin, directrice de l’ASBL Le Pélican, qui s’adresse à toute personne dépendante, que ce soit à l’alcool, aux drogues ou aux jeux de hasard et d’argent.
Le Pelican et le CAD Limburg ont travaillé sur un site d’aide à ces joueurs problématique, sous l’égide de la Commission des jeux de hasard.
Le site www.aide-aux-joueurs.be est tout d’abord informatif: que ce soit pour le joueur ou sa famille, qui pourront y puiser des conseils pour faire face à une situation délicate.
Il y a également une partie destinée à aider le joueur. Il doit alors s’inscrire sur le site, mais de manière anonyme. Des micro-défis doivent l’aider à progressivement se détacher de cette dépendance. "Ce n’est pas une thérapie en ligne", précise Laurence Genin. "I l s’agit d’un programme d’accompagnement."
Le site est d’autant plus utile que la multiplication des possibilités de jeux en ligne - qu’ils soient légaux ou non - accentue encore la dépendance.
Seul face à son PC, le joueur ne connaît plus de limites et peut facilement mettre le doigt dans l’engrenage, là où il fera l’une ou l’autre pause dans une salle de jeux, que ce soit pour aller chercher une boisson ou fumer. "Le risque est encore plus grand, en tant que joueur, d’entrer dans une ivresse et d’oublier ainsi la réalité".
La tentation est également très grande pour les jeunes, sollicités via les réseaux sociaux d’aller sur des sites de poker ou de casino. S’inscrire en subtilisant la pièce d’identité d’un parent n’est pas impossible.
Il y a d’ailleurs une croissance importante des demandes d’aide depuis deux ans à l’ASBL Le Pélican pour des jeunes de 15 et 16 ans. Ils sont parfois bien plus jeunes encore.
Une autre dérive évoquée, par Marc Cruypeninck, directeur adjoint de l’ASBL, celle de l’appât du gain. "Le jeu n’est plus perçu comme un divertissement, mais bien comme un moyen de gagner sa vie."
C’est dire s’il y avait urgence à offrir à tous ses joueurs problématiques - et à leur famille - les moyens d’appréhender des situations qui peuvent rapidement virer au drame.
Un projet prévoit d’ailleurs d’intégrer la liste des personnes surdendettées dans la base de données de la Commission, afin de leur empêcher l’accès aux jeux en ligne. Car, comme le rappelle le site, "on finit toujours par perdre".