Un business… royal
Les Fournisseurs brevetés de la Cour de Belgique profitent d’une belle carte de visite. Avec le changement de règne, ils doivent réintroduire une demande. Pas de gadgets royaux pour cause de délais insuffisants.
Publié le 19-07-2013 à 05h37 - Mis à jour le 19-07-2013 à 11h59
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Lundi, il ne devrait plus y avoir aucun fournisseur sur la liste du site de l’Association des fournisseurs brevetés de la Cour de Belgique (fbcb.be) et sur le site monarchie.be. Et pour cause, le brevet devient caduc en cas de changement de règne, que le Roi meure ou abdique. Pour quelques jours encore, ils sont 112. Ils étaient 88 en décembre 1994 quand l’Intendant de la Liste civile fit état des fournisseurs auxquels Albert II venait de conférer le titre de "Fournisseur breveté de la Cour de Belgique".
Qui sont-ils ? Aussi bien des chocolatiers et brasseurs que des constructeurs automobiles, traiteur, boucher, coiffeur, torréfacteur, encadreur, bijoutiers, fournisseurs de vaisselle, de matériel de bureau, et on en passe. Qui auront rempli un certain nombre de conditions dont celle d’"avoir effectué à la Liste civile du Roi des fournitures et/ou des prestations de services en qualité et quantité suffisante sur une période d’au moins cinq ans" . Et ils sont invités, une fois brevetés, "à donner un aussi bon service à leur clientèle qu’à l’intérieur des murs du Palais" , précise Jean-Jacques Strijp, secrétaire général de l’Association. Concrètement, à partir de ce lundi, les fournisseurs qui le désirent et d’autres qui voudraient se voir octroyer le brevet, devront en faire la demande par lettre adressée à l’Intendant de la Liste civile. Et c’est le roi Philippe qui aura le dernier mot et conférera le titre "après examen de la demande et sur avis de l’Intendant de la Liste civile" . Quand ? Difficile à dire. "Pour l’heure, l’Intendant de la Liste civile a un travail d’enfer. Il faut le temps que les intéressés écrivent. Nous avons prévenu tous les fournisseurs actuels. Cela sera plus rapide qu’à la mort du roi Baudouin, survenue de façon tout à fait inattendue…" , explique Jean-Jacques Strijp. Il avait fallu près de dix-huit mois après le décès du roi Baudouin pour arrêter la nouvelle liste.
Qui restera fournisseur ? A voir. Actuellement, ils sont donc 112 sur un peu plus de 3 000 fournisseurs à la Cour. En 1990, l’Intendant avait mis de l’ordre et réduit "le nombre de 300 "soi-disant" fournisseurs de la Cour à 92 fournisseurs brevetés" . "Pour l’instant, mon téléphone fond" , sourit Jean-Jacques Strijp. Beaucoup de fournisseurs tentent d’obtenir le sésame. Qui peut s’avérer précieux.
Hors des frontières
Chez Delacre fournisseur de la Cour depuis 1879, on a l’habitude de sortir des "boîtes royales" "en fonction des événements heureux" . Et cela marche. "On en vend plusieurs dizaines de milliers à chaque fois" , indique-t-on. La maison n’en sort pas une pour la présente occasion. Dans les rayons, une boîte est là, célébrant les vingt ans de règne d’Albert II…
Chez Wittamer, pâtissier et glacier, fournisseur breveté depuis 2000, le titre est repris sur la page d’accueil du site Internet, mais aussi sur les emballages et dans les deux boutiques bruxelloises. Un titre qui vaut son pesant d’or au Japon où la maison plus que centenaire dispose de quinze points de vente. "C’est vraiment une reconnaissance là-bas" , pointe Myriam Wittamer. Qu’apprécient également les touristes qui se baladent au Grand Sablon où sont situés les magasins. Jean Galler confirme : "Le titre est une manière d’avoir une reconnaissance de la marque. Au Japon, certainement, mais ailleurs aussi, et notamment aux Etats-Unis. C’est aussi un plus en France. " Le chocolatier, fournisseur breveté depuis 1994, ajoute : "En Belgique, la personne qui est royaliste va y être attentive, celle qui ne l’est pas sera indifférente mais il n’y a pas de réaction négative."
"C’est un brevet d’honorabilité, de bons et loyaux services" , indique pour sa part Gilles Nolet de Brauwere, directeur de Cinoco, actif dans l’importation de vins et spiritueux, fournisseur depuis 2001. Hors de nos frontières, "cela permet d’ouvrir des portes, d’obtenir plus facilement des rendez-vous" . "C’est une manière d’introduire la société auprès de quelqu’un qui ne la connaît pas" , dit-il encore. Il compte bien réintroduire une demande - sa lettre est déjà rédigée.
Luigi Moioli, qui a racheté Bodart Opticiens en décembre, avait déjà entamé la procédure début 2013, car le brevet est également caduc en cas "de changement du responsable nominativement désigné" . Il avoue : "Je le fais car la Famille royale vient chez nous, que nous sommes une maison de tradition et que je vais continuer dans les pas de mes prédécesseurs."
Nouveaux brevets en vue…