L’iPhone 5S au banc d’essai

Sous ses airs siamois avec le 5, le 5S innove plus qu’on ne l’avait pensé. Tour de piste.

Alexis Carantonis
L’iPhone 5S au banc d’essai
©REPORTERS

Lui, c'est le vaisseau amiral de la marque à la pomme. Le téléphone avec lequel Apple rentre le ventre, gonfle les pecs et clame au monde où il situe sa limite technologique, fin 2013. Sauf qu’à le regarder comme ça, vite fait, l’iPhone 5S a des airs de copier-coller facile du 5. Ce n’est pas le cas. Pour au moins quatre raisons.

L’aspect

C’est vrai, le boîtier du 5S est exactement le même que celui du 5. Avec sa coque arrière divisée en trois parties dont deux distinctes en matériaux, son exact même poids sur la balance (112 grammes, soit l’iPhone le plus léger), sa même finesse. Mais ici aussi, on touche aux coloris : si le modèle blanc/argent est maintenu sans modifications, le modèle noir est remanié avec le coloris space grey (gris sidéral) du plus bel effet (et le plus vendu des trois), et dont la surface grisée nous semble bien moins sujette aux rayures.

Enfin, une nouvelle teinte s’invite : le doré, nouvel Eldorado des constructeurs de téléphones. Bien que bling-bling (mais moins qu’on ne l’eût cru, voir notre photo), ce Kim Kardashian Phone (comme l’auraient rebaptisé en interne les employés d’Apple), qu’on estime produit à un nombre plus limité d’exemplaires, réalise un petit carton ! Parce que c’est celui qui permet la démarcation la plus claire entre 5 et 5S ? Les Apple Maniacs aiment afficher qu’ils possèdent LE dernier objet de leur marque fétiche…

Enfin, deux nouveautés visibles s’invitent sur l’iPhone 5S : le bouton central, où le pictogramme carré a disparu, est désormais cerclé d’une fine bague métallique de la teinte du téléphone (silver, space grey, gold). Tandis que, sur l’arrière, on trouve désormais un double flash LED plus longiligne.

Le Touch ID

C de 5C pour Cheap, S de 5S pour Sécurité, au lieu de Speed ? C’est en tout cas l’un des gros axes sur lesquels Apple joue, avec l’introduction d’un lecteur d’empreintes digitales. Une première dans un bien de consommation aussi grand public que l’iPhone, après une tentative assez minorée dans les PC portables orientés Consumer (les PC business, eux, en sont friands). Concrètement, le lecteur biométrique est invisible, puisqu’il se loge dans le bouton central du terminal. Quatre empreintes différentes peuvent être configurées, sachant qu’une configuration prend, montre en main, 47 secondes.

Première chose à savoir, avant de juger de l’utilité de la chose : c’est parfaitement fonctionnel. Lorsque vous cliquez sur le bouton latéral pour réveiller l’iPhone 5S et faire apparaître l’écran de déverrouillage, poser le doigt suffit réellement, et sans que le procédé n’ait planté une seule fois en une semaine d’utilisation, à déverrouiller l’appareil. C’est simple et ça marche, donc.

Mais est-ce pertinent ? Tout dépend. Pour le monde de l’entreprise, c’est un appel du pied qui ne sera pas anodin. Pour les particuliers dont l’entreprise exige un code de déverrouillage à entrer pour profiter de sa boîte mail pro sur l’iPhone, aussi.

Taper quatre chiffres, ce n’est pas long, mais s’il y a bien une chose que la technologie nous a appris, c’est à repousser les limites… de la fainéantise. En revanche, pour celui qui se moque de sécuriser son iPhone, mais nous pensons sincèrement qu’ils sont de moins en moins nombreux, le Touch ID est parfaitement inutile. Précision de taille : vous pouvez payer une application via votre empreinte digitale, si vous activez cette option. De quoi acheter encore plus vite…

Le processeur A7

Saut technologique niveau processeur : Apple passe de sa puce A6 à une puce A7. La promesse marketing ? Le sempiternel plus rapide, plus puissant. Désolé pour ceux qui n’aiment pas qu’on jargonne, mais on va devoir parler un peu plus technique pour bien saisir l’apport, actuel et futur, de cette importante mise à jour. Certes, le processeur Apple se contente toujours de deux cœurs (la concurrence a fait sien le quad, voire l’octo-cœurs), à une cadence d’horloge de 1,3 Ghz. Mais elle est diaboliquement plus puissante, et architecturée de manière optimale.

Apple a l’avantage de concevoir lui-même ses SoC et, du coup, fait du sur mesure. Résultat ? La puce A7 est gravée plus finement que jamais (28 nm, contre 32 sur la puce A6) et instaure un double changement d’architecture. Le premier, c’est le passage d’une écriture de 32 à 64 bits. Soyons francs : pour l’instant, ce n’est pas perceptible. Mais c’est un pari sur l’avenir, qui rendra nos futures apps plus performantes, et capables de traiter plus d’infos, plus vite. Le second, c’est l’adoption de l’architecture ARMv8 (précédemment, ARMv7). Qui autorise un doublement de la taille des registres processeur et des vitesses de chiffrement.

La partie graphique n’est pas en reste : on passe d’un PowerVR SGX543MP3 (tri-core) à un PowerVR G6430 (quad-core), fourni par Imagination Technology. Un vrai monstre mobile qui permet à l’iPhone 5S d’être deux fois meilleur que la concurrence dans les benchmarks (mesures comparatives de puissance). Cela ne veut pas dire que l’iPhone 5S vaut deux fois plus le coup, puisque les applis sont pensées pour fonctionner sur tous les appareils. Juste que l’iPhone 5S les fera tourner doigts dans le nez, et que sur le plan de la puissance pure, il les dévore.

Mais une Porsche limitée à 120 km/h n’est pas plus efficiente qu’un grand Scénic… Retenez donc que, oui, l’iPhone 5S est très puissant, oui il est vraiment plus rapide. Mais le 5 et même le 4S n’avaient rien d’une chèvre…

L’appareil photo

Si l’on mesurait l’efficacité d’un appareil photo au seul nombre de Mégapixels de son capteur, alors, oui, la caméra dorsale de l’iPhone 5S serait identique à celle du 5, stagnante à 8 Mégapixels. La réalité photographique est, fort heureusement, tout autre. On peut jouer sur le nombre de pixels à l’écran, mais aussi sur la taille de ceux-ci. C’est ce qu’Apple a fait sur le 5S, avec de 1,4 à 1,5 micron pour chaque pixel affiché. Ajoutez à cela une optique ouvrant à ƒ/2,2, qui permet donc de laisser entrer plus de lumière, et vous obtenez, a priori, de meilleures images.

Verdict après une semaine ? Les clichés du 5S sont un microchouia meilleurs que ceux du 5. Mais, franchement, rien de majeur. Le capteur du 5, déjà d’excellente facture, contente déjà 90 % des utilisateurs, le 5S ne fait que s’inscrire dans cette lignée. On est sans doute au maximum de ce qu’on peut extraire d’un capteur 8 Mégapixels. La prochaine étape, c’est la course au Mp, comme sur les Android haut de gamme (12, 14, 15 ou 21 Mp), ou le dernier Nokia Lumia 1020 (41 Mp, et une qualité de zoom phénoménale). Ou le changement du jeu de lentilles.

Notons enfin que le double flash-LED permet de prendre des clichés (un peu) meilleurs en soirée, que le mode vidéo Slow Motion fait son arrivée (120 images/seconde, pour une photo finish par exemple…) et que la caméra frontale (Facetime) ajoute un peu plus de décence à l’ensemble, malgré ses 1,2 Mégapixels stagnants.

Pour qui ?

On s’attendait à le démonter, mais l’iPhone 5S nous a plutôt agréablement surpris. A commencer par la fonction Touch ID, facile à configurer, sûre, et simplissime à utiliser. Honnêtement, pour ceux qui ont la coutume d’utiliser un code de déverrouillage, cette fonction change la vie ! Pour le reste, le design, connu et exemplaire, est rehaussé de petites touches haut de gamme (nouvelles teintes, cerclage chromé sur le bouton home).

Si l’appareil est plus puissant que jamais, ce n’est pas encore vraiment sensible au quotidien, mais cela assure au moins une belle longévité technique à ce mobile. L’autonomie n’est pas réellement meilleure qu’auparavant (la charge nocturne reste indispensable), l’appareil photo progresse par touchettes, atteignant sans doute le plafond en 8 Mégapixels. Cela reste un téléphone de nantis, à la finition irréprochable, au hype indéniable et à la technique qui suit. Mais nous maintenons : il y a au moins aussi bien ailleurs, souvent pour moins cher. Mais sans pomme croquée…

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