Bois Sauvage : 9 millions pour éviter le procès
Publié le 28-11-2013 à 05h39 - Mis à jour le 29-11-2013 à 13h05
délit d’initiés A lors que la première audience était prévue ce jeudi, il n’y aura pas de procès "Bois Sauvage". Les personnes physiques et morales inculpées notamment pour délit d’initié ont trouvé un accord avec le procureur du Roi, Pascal Tilliet, pour une transaction pénale et administrative. Le montant déboursé pour délit d’initié s’élève à 8,796 millions d’euros, indique l’autorité des marchés dans un communiqué publié hier. Bois Sauvage paie 8,55 millions. La répartition des 246 000 euros que paient les autres prévenus n’est pas connue. Il faut également ajouter un petit montant pour le volet faux en écriture.
Dans son communiqué, Bois Sauvage souligne que "la transaction met fin à toutes les poursuites dirigées contre la société" et qu’elle "a pour effet d’éteindre définitivement l’action publique engagée contre la Compagnie du Bois Sauvage, sans reconnaissance de culpabilité quant aux faits". "C’est le Ministère public qui a pris l’initiative de proposer une transaction. Le conseil d’administration s’est dit que c’était dans l’intérêt de la société de l’accepter. Même si le montant est énorme dans l’absolu, il ne met en rien en danger l’entreprise", nous a précisé François Blondel, président du comité d’audit du holding.
Cinq personnes et trois sociétés dont le holding Bois Sauvage, étaient poursuivies. Parmi les personnes physiques, il y avait quelques ténors de l’économie belge dont Luc Vansteenkiste, ex-président de la FEB ou Luc Willame, ancien patron de Galverbel et administrateur de Bois Sauvage. Il y avait aussi trois ex-dirigeants du holding : Vincent Doumier, Yves Liénart et Laurent Puissant.
Luc Willame nous a expliqué "qu’il n’était pas demandeur d’une transaction", estimant "qu’on n’avait pas tenu compte d’éléments factuels en sa faveur". Mais il a accepté de payer "un petit montant" afin de ne pas subir la médiation d’un long procès. "Ce qui est difficile à vivre."
"Cible d’une balle perdue"
Rappelons les faits. On est fin septembre 2008. La faillite de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers a ébranlé le système bancaire mondial. Fortis, qui n’a pas encore réussi à boucler le financement du rachat d’ABN Amro, est à la déroute. L’action chute en bourse et les clients petits et grands retirent en masse leurs dépôts. Luc Vansteenkiste apprend, en tant qu’administrateur de Fortis banque, que le groupe est en voie de démantèlement. Egalement administrateur de Bois Sauvage, il donne un coup de fil à Vincent Doumier à l’époque administrateur délégué de Bois Sauvage.
Cette conversation aurait déclenché les ventes d’actions Fortis détenues par Bois Sauvage et par certains de ses dirigeants à un cours de 5 euros. Quelques jours plus tard, l’action tombait à moins d’un euro. Bois Sauvage avait vendu 3,6 millions d’actions dont 2,6 millions après le CA de Fortis banque.
Les inculpés ont toujours nié tout délit d’initié. Cela n’avait pas empêché le juge d’instruction bruxellois Michel Claise de placer sous mandat d’arrêt M. Vansteenkiste, ex-patron de la FEB et Vincent Doumier, administrateur-délégué de Bois Sauvage. Leur incarcération, pendant une semaine en 2009, avait fait des remous.
Le cas de Luc Willame était un peu différent. On lui reprochait d’avoir vendu non pas des actions Fortis mais les fameux CASHES émis pour financer le rachat d’ABN Amro. L’ex-patron de Glaverbel nous avait expliqué avoir vendu parce qu’il s’est rendu compte, après avoir parlé notamment avec son gestionnaire, que ces obligations n’avaient pas un statut très clair. "Comme l’a dit mon avocat, je me sens la cible d’une balle perdue", nous avait-t-il dit à l’époque.
Ariane van Caloen