Panne bancontact: les commerçants demandent réparation

La panne de lundi dernier du réseau Bancontact a laissé des traces chez les commerçants. Ils demandent une indemnisation pour le manque à gagner dû à ce premier gros couac depuis 2004. Ils craignent aussi une nouvelle panne d’ici les soldes.

Raphaël Meulders
Panne bancontact: les commerçants demandent réparation
©Belga

Lundi 23 décembre, 16 heures, c’est le "blackout" national dans les magasins. Le système de paiement électronique est en panne : en deux heures, plus de la moitié des transactions bancaires seront paralysées. Plus de trois jours après la panne, les commerçants ne décolèrent pas. D’autant que la cause de la panne n’est toujours pas connue (voir par ailleurs) . " C’est une catastrophe pour les commerçants. Les pertes sont énormes , explique Christine Mattheeuws, présidente du SNI, le syndicat neutre des indépendants. Le 23 décembre est traditionnellement l’un des jours les plus chargés pour les commerçants, davantage que le 24 où les gens ont déjà la tête plongée dans leur réveillon."

Le syndicat, dont une grande partie des 40 000 membres travaillent dans le commerce, reçoivent actuellement "en masse" les plaintes et les estimations de pertes des différents vendeurs. D’après Christine Mattheeuws, ce chiffre de perte va atteindre " plusieurs millions d’euros" . Un manque à gagner que les commerçants comptent, en partie, facturer à Atos Worldwide, le gérant du système de paiement électronique en Belgique. Une réunion est d’ailleurs prévue dans les prochains jours entre les responsables d’Atos et du SNI, qui estime avoir accumulé "un dossier béton". "Les cas des commerçants sont différents, certains ayant été davantage impactés par cette panne que d’autres. Mais nous allons tout de même porter ce dossier ensemble, pour avoir davantage de poids" , poursuit la présidente.

Que demandent les commerçants ? "Nous exigeons, au grand minimum, un geste commercial de la part d’Atos. Par exemple, que les transactions ne soient pas facturées aux commerçants pendant un certain temps." Mais le SNI veut aller plus loin : il va demander des indemnités pour le manque à gagner des vendeurs. "Il faudra voir en fonction des contrats de nos membres, mais cela me semble tout à fait légitime de demander ces indemnités", poursuit Christine Mattheeuws, qui craint toutefois qu’Atos ne se réfugie derrière le cas "de force majeur" , voire reporte la faute sur un opérateur télécom ou un distributeur d’électricité. Lors de la dernière panne de ce type en 2004, Banksys n’avait ainsi pas indemnisé les commerçants lésés. Mais le gérant du réseau leur avait toutefois concédé un geste commercial.

Les craintes d’une nouvelle panne

Enfin, le SNI va exiger "qu’ Atos garantisse aux commerçants qu’un tel couac ne se reproduise plus dans les prochains jours" . Les soldes approchent et une panne d’une telle ampleur aurait des conséquences "dramatiques" pour les commerçants. " On veut être mis au courant des causes de cette panne et savoir ce qu’Atos compte faire pour éviter que cela ne se reproduise à l’avenir." Cette crainte d’un nouveau "blackout" hante aussi les esprits de Comeos, la fédération du commerce et des services, qui va également rencontrer les dirigeants de Worldline. Le but ? "Réfléchir à ce qui doit être fait pour éviter de tels incidents" . "Les commerçants tournent actuellement à plein régime et doivent donc pouvoir compter sur un réseau de paiement électronique 100 % fiable. Ce n’était pas le cas" , explique la fédération, qui étudie aussi les dégâts de cette panne.

Bref, au-delà des indemnités, les commerçants veulent surtout s’assurer que l’indésiré "Mister Crash" ne viendra plus faire un tour sur leurs terminaux de paiement d’ici les soldes. Raphaël Meulders

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