La Bourse de Moscou clôture en forte baisse, plombée par l'Ukraine
L'onde de choc provoquée par l'aggravation de la crise en Ukraine s'est propagée lundi sur les marchés mondiaux, les principales Bourses européennes terminant en nette baisse et Wall Street débutant sa journée dans le rouge.
Publié le 03-03-2014 à 13h35 - Mis à jour le 04-03-2014 à 23h27
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La Bourse de Moscou a terminé la séance de ce lundi en forte baisse, les investisseurs paniquant face aux conséquences de l'intervention russe en Ukraine pour l'économie russe déjà chancelante. Les deux indices de la place financière moscovite, le Micex et le RTS, ont clôturé respectivement en baisse de 10,79% et de 12,01%.
Plusieurs valeurs phares se sont effondrées, à l'image de la banque semi-publique russe Sberbank (-14,91%) ou du géant gazier Gazprom (-13,89%). Le rouble a pour sa part atteint des niveaux historiques de faiblesse face à l'euro et au dollar.
Vers 15H45, la devise européenne valait 50,22 roubles. Elle avait atteint dans la journée 51,20 roubles. Le dollar, qui a dépassé dans la matinée le seuil des 37 roubles, valait pour sa part 36,45 roubles.
De son côté, Wall Street reculait nettement ce lundi matin. Le Dow Jones lâchait 1,05% et le Nasdaq 1,16%.Vers 16H15, le Dow Jones Industrial Average reculait de 171,72 points, à 16.149,99 points et le Nasdaq, à dominante technologique, de 50,14 points à 4.257,98 points. L'indice Standard & Poor's 500, abandonnait 0,94% (-17,39 points) à 1.842,06 points.
La Bourse de New York avait terminé le mois de février sur une note hésitante vendredi, mais l'indice S&P 500, très suivi par les investisseurs, s'était hissé à un nouveau sommet historique, à 1.859,45 points. Le Dow Jones Industrial Average s'était apprécié de 0,30%, à 16.321,71 points, mais le Nasdaq avait cédé 0,25%, à 4.308,12 points.
La Bourse de Paris était en forte baisse à la clôture (-2,66%), mais limitait un peu ses pertes dans la foulée de la baisse modérée de Wall Street. L'indice CAC 40 a finalement reculé de 117,21 points à 4.290,87 points, effaçant ainsi tous ses gains des 10 derniers jours.
L'onde de choc provoquée par l'aggravation de la crise en Ukraine s'est propagée lundi sur les marchés mondiaux, les principales Bourses européennes terminant en nette baisse et Wall Street débutant sa journée dans le rouge.
La Bourse de Francfort payait le plus lourd tribut en chutant de 3,44%. Celle de Paris a cédé 2,66%, Londres 1,49%.
"Ce n'est pas encore la panique, mais le mouvement est quand même très marqué", a commenté un analyste de IG, Alexandre Baradez.
L'onde de choc s'est propagée jusqu'à Wall Street, où le Dow Jones cédait 1,25% peu avant 17H00 GMT et le Nasdaq 1,27%.
Ces reculs étaient toutefois modérés par rapport à la chute de la Bourse de Moscou qui a cédé plus de 10%.
Les tensions n'épargnent pas le Bel-20
La Bourse de Bruxelles a démarré le mois de mars sur une fausse note. L'indice BEL 20 a perdu lundi 2,12%, clôturant à 3.031,22 points. Parmi ses vingt valeurs, deux à peine ont terminé dans le vert. Les mauvaises performances sont attribuées aux tensions politiques et militaires en Ukraine. La tendance est similaire sur les autres marchés boursiers.
Pour le BEL 20, le coup le plus dur a été subi par ThromboGenics qui a cédé 6,52%, pour clôturer à 20,00 euros. KBC a également souffert. Le titre financier a perdu 4,96 euros. A la clôture, l'action valait 43,70 euros. Le groupe avait vendu sa participation dans la banque russe Absolut fin 2012 à un groupe d'investisseurs locaux. Tant la Bourse russe que le rouble ont subi l'implication de Moscou dans le conflit en Ukraine.
D'autres poids lourds du BEL 20 tels que Belgacom (perte de 2,77% à 21,25 euros), Solvay (perte de 2,71% à 109,35 euros), AB InBev (perte de 2,45% à 74,09 euros), Ackermans & van Haaren (perte de 2,37% à 82,93 euros) et Telenet (perte de 2,20% à 45,23 euros ) ont perdu lundi plus de deux pour cent.
D'Ieteren a en revanche réalisé une bonne opération, avec une hausse de 0,76%, à 32,95 euros. Umicore a également résisté, enregistrant une hausse de 0,74%, à 35,89 euros.
Les marchés s'inquiètent des conséquences de la crise en Ukraine pour l'économie russe
Dès dimanche, les bureaux de change ont appliqué des taux en forte baisse pour le rouble, "ce qui est caractéristique d'une demande à des niveaux de situation proche de la panique" parmi la population, a relevé le quotidien Vedomosti.
Les marchés russes et notamment le rouble, déjà fragilisés comme dans d'autres pays émergents par la politique monétaire des Etats-Unis, avaient été aussi tirés ces dernières semaines vers le bas par la crise ukrainienne, les investisseurs s'inquiétant surtout des conséquences d'une faillite de l'ex-république soviétique sur la Russie. Les banques publiques russes notamment subiraient alors de lourdes pertes.
Mais la situation a pris une nouvelle dimension pendant le week-end avec la menace d'une intervention militaire russe et la menace de sanctions qui risquent d'affecter les relations commerciales.
Les marchés chutaient d'ailleurs lundi dans toute l'Europe, où de nombreuses entreprises - notamment dans l'agroalimentaire ou le secteur automobile - ont investi massivement en Russie ces dernières années, appâtées par des taux de croissance meilleurs que dans leurs propres pays.
Craintes de sanctions
"Le marché se demande dans quelle mesure les Occidentaux vont imposer des sanctions économiques à la Russie", a estimé Chris Weston, analyste d'IG. "La Russie dépend en grande partie des capitaux et des investissements occidentaux", a-t-il souligné. "Le G8 et quelques autres sont prêts à aller jusqu'au bout pour isoler la Russie en raison de cette invasion. Ils sont prêts à mettre en place des sanctions, ils sont prêts à isoler la Russie économiquement", a averti le secrétaire d'Etat américain John Kerry.
Si ces sanctions se matérialisaient, "cela aurait un effet très négatif sur les activités quotidiennes des banques et des entreprises russes et leurs capacité à obtenir des financements extérieurs", ont souligné les analystes d'UBS.
La Russie a fait de l'amélioration du climat des affaires une priorité ces dernières années et la chute des investissements l'an dernier ont constitué le facteur le plus flagrant du ralentissement de la croissance, passée de 3,4% en 2012 à 1,3% en 2013.
"Contrairement à la guerre de cinq jours en Ossétie du Sud, nous sommes inquiets du fait que les tensions en Ukraine risquent de durer bien plus longtemps et d'avoir des répercussions négatives de longue durée sur l'environnement économique en Russie", ont estimé les analystes d'Alfa Bank, faisant allusion à la brève guerre qui a opposé la Russie à la Géorgie en 2008.
Les investisseurs en semblaient convaincus lundi: les deux indices de la place financière moscovite, le Micex et le RTS, dégringolaient. Le géant gazier russe Gazprom, qui tire une grande partie de ses bénéfices de ses exportations vers l'Europe, perdait 12,46% de sa valeur boursière. Le premier producteur de gaz naturel au monde est aussi le principal fournisseur de l'Ukraine, à qui il avait accordé une baisse de prix de 30%, sur laquelle il peut revenir dès la fin mars.
Autres valeurs affectées, la banque semi-publique Sberbank chutait de 14,74% et le deuxième groupe pétrolier russe Loukoïl de 7,76%.
La Banque centrale russe a annoncé une hausse inattendue de son taux directeur à 7%, contre 5,5% auparavant, en raison de l'apparition de "risques pour l'inflation et la stabilité financière" alors que les marchés paniquent face à l'escalade en Ukraine.