Des femmes trop humbles

Pour réussir dans le monde du travail, développer son "capital carrière" est essentiel. Les compétences spécifiques que chacun construit durant toute sa carrière sont même la clé du succès.

Solange Berger
20140131 - BRUSSELS, BELGIUM: Belgacom CEO Dominique Leroy pictured during a press conference of the Belgacom CEO, Friday 31 January 2014, at the Belgacom headquarters in Brussels, to present a good news for mobiles clients, individuals and business. BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK
20140131 - BRUSSELS, BELGIUM: Belgacom CEO Dominique Leroy pictured during a press conference of the Belgacom CEO, Friday 31 January 2014, at the Belgacom headquarters in Brussels, to present a good news for mobiles clients, individuals and business. BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK ©BELGA

Pour réussir dans le monde du travail, développer son "capital carrière" est essentiel. Les compétences spécifiques que chacun construit durant toute sa carrière sont même la clé du succès. C’est ce que pensent 89% des 4 100 travailleurs issus de 32 pays (dont la Belgique) sondés par le consultant international Accenture. Et, plus précisément, 89 % des femmes et 88 % des hommes. Les résultats belges sont en dessous de la moyenne (74 % des femmes et 84 % des hommes).

"Ce qui est frappant dans l’étude, c’est que seuls 66 % des hommes et 44 % des femmes belges pensent que la capacité à s’adapter deviendra plus importante que le diplôme dans les années à venir. A comparer avec les 91 % (tant pour les hommes que pour les femmes) de la moyenne internationale", note Ann Bayart, managing director Talent&Organisation pour Accenture. "Or, c’est justement la capacité d’adaptation au changement qui fait la réussite d’une carrière. J’ai 20 ans d’expérience chez Accenture et j’ai dû, tous les jours, m’adapter aux nouveaux défis. Cette importance encore accordée au diplôme en Belgique m’étonne vraiment. Et encore plus dans un pays comme le nôtre avec une économie ouverte. C’est préoccupant. Je me demande dans quelle mesure on réalise les défis de la digitalisation. Avec les nouvelles technologies, des fonctions disparaissent et d’autres émergent. Il faut s’adapter tout le temps."

Confiance

L’étude révèle par ailleurs une certaine confiance dans l’avenir. Ainsi, en Belgique, 78 % des hommes et 56 % des femmes se sentent assez qualifiés pour réussir dans le futur. "On constate un certain positivisme dans les résultats. C’est important dans une économie volatile. Les travailleurs - les Belges et les autres aussi - sont également assez confiants dans l’avenir de la place des femmes dans les entreprises, poursuit Ann Bayart. Quelque 70 % des répondants (65 % pour la Belgique) pensent que le nombre de femmes dans les comités de direction et au poste de CEO augmentera d’ici 2020. Près de la moitié estime que l’entreprise prépare plus les femmes au rôle de ‘senior manager’ qu’elle ne le faisait auparavant."

De bonnes négociatrices

L’enquête d’Accenture s’est aussi penchée sur les salaires. On y apprend notamment que 52 % des hommes et 68 % des femmes n’ont jamais négocié ou demandé une augmentation de salaire. "C’est bien au-dessus de la moyenne internationale qui est à 43 %", note Ann Bayart. "Les Pays-Bas, avec lesquels on nous compare souvent, sont à 42 % (tant pour les hommes que pour les femmes)." Un des pays où l’on négocie le plus est le Brésil (seuls 20 % des hommes et 28 % des femmes n’ont jamais demandé d’augmentation). Les Belges figurent parmi les moins bons négociateurs, avec les Argentins et les Philippins. Une explication ? "On dit que les Belges sont humbles, et les femmes encore plus. Mais est-ce la raison ?", se demande Ann Bayart. "Ce qui est intéressant, c’est de voir le résultat de la négociation. En Belgique, quelque 58 % des hommes qui ont demandé une augmentation l’ont obtenue; et 17 % ont même reçu plus qu’ils n’espéraient. Quant aux femmes qui ont demandé une augmentation, 88 % l’ont eue; et 25 % d’entre elles d’un montant plus important qu’attendu. Cela signifie que nous sommes tout de même de bonnes négociatrices. Et cela doit motiver tous ceux qui n’ont pas encore osé demander une augmentation !" Solange Berger

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