Le grand méchant monopole de Google
Bruno Guillard reproche à Google d'empêcher la concurrence de se développer. Il est à la tête d'une entreprise qui concevait à l'origine des moteurs de recherche spécialisés.
Publié le 17-03-2014 à 15h30 - Mis à jour le 27-03-2014 à 18h10
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Bruno Guillard est le fondateur d’1plusV, une société française active dans les moteurs de recherche spécialisés. En 2010, il a déposé une plainte à la Commission européenne contre Google à qui il reproche de mettre en avant ses propres services dans les résultats de son moteur de recherche.
Aujourd’hui, il s’oppose fermement au projet d’accord négocié entre Google et le Commissaire à la concurrence, Joaquín Almunia. Selon Bruno Guillard, les engagements de Google ne permettront pas à d’autres acteurs de la recherche sur Internet de se développer.
De son côté, Joaquín Almunia a répété ce week-end qu’il pensait que l’accord négocié avec Google "pouvait résoudre les problèmes d’abus de position dominante" . Une décision finale dans ce dossier est attendue pour l’automne.
Que reprochez-vous exactement à Google ?
En 2007, notre moteur de recherche spécialisé dans le droit a été blacklisté par Google. Du jour au lendemain, nous avons perdu 80 % de notre audience. Nous sommes entrés en contact avec eux et nous avons vite compris que le simple fait d’exister leur posait problème. D’une façon générale, nous reprochons à Google de systématiquement mettre en avant ses propres services dans les résultats de son moteur de recherche.
N’est ce pas logique pour une société commerciale de mettre en avant ses services ?
Google vend des résultats naturels aux internautes alors qu’ils ne le sont pas. La page de résultats devient de plus en plus un "showroom" de ses propres services. Il faut informer les clients que les résultats des recherches ne sont pas pertinents.
Google a pris un certain nombre d’engagements envers la Commission européenne. Pourquoi n’êtes-vous pas satisfait ?
Google s’est simplement engagé à afficher les résultats de trois concurrents dans la catégorie des moteurs de recherche payants comme les hôtels, les avions, les restaurants, le shopping. Or, ce type de services payants ne concerne que 5 % des recherches sur Internet. Google pourra poursuivre ses pratiques d’exclusion sur la plupart des autres thématiques où il propose des moteurs gratuits : Google News, Vidéos, Images, Maps… Imaginez que la presse belge mette sur pied un concurrent de Google News. Avec cet accord, Google pourra éviter de l’afficher dans sa page des résultats.
Si l’on vous suit, cet accord ne sert à rien ?
Habituellement, les nouveaux services de Google sont gratuits dans un premier temps. Avec cet accord, Google pourra tuer la concurrence avant de monétiser ou non ses outils. Ce n’est pas un fantasme, c’est ce qui s’est passé avec la cartographie. Au départ, ViaMichelin et Mappy étaient les leaders de la cartographie en France. Du jour au lendemain, Google Maps est apparu en tête de toutes les recherches et est devenu leader du marché.
Que réclamez-vous ?
Nous aimerions que l’accord entre Google et la Commission européenne soit étendu à l’ensemble des thématiques du Web, ce qui permettrait à des concurrents de se développer. En 2010, nous avons dû abandonner ce secteur mais si l’accord était étendu, cela ouvrirait des possibilités énormes.
Vous dénoncez également le manque d’indépendance de Joaquín Almunia.
Nous sommes les instigateurs de la plainte contre Google mais nous n’avons jamais vu Almunia, c’est hallucinant. Pendant ce temps, il a rencontré Google à de multiples reprises.