Mais que veut donc Delhaize ?

Les résultats trimestriels du distributeur sont meilleurs que prévus mais… "sans surprise".

Charlotte Mikolajczak
Brussels, Belgium, December 03th, 2012. supermarche Delhaize Arbre Ballon a jette © REPORTERS / T. du Bois
Brussels, Belgium, December 03th, 2012. supermarche Delhaize Arbre Ballon a jette © REPORTERS / T. du Bois ©Thierry du Bois

Delhaize Group a présenté, jeudi matin, ses résultats pour le 2e trimestre. Les marchés les ont appréciés, faisant progresser l’action de 4,47 % en début de séance, et de 5,07 % à la clôture, à 50,99 euros. "En faisant abstraction de la Serbie, indique Hans D’Haese, analyste à la banque Degroof, ce sont de bons résultats. Meilleurs que prévu. Mais… sans véritable surprise."

Et d’égrener les points importants :

- une bonne performance du chiffre d’affaires aux Etats-Unis, +3,3 % (ce qui était attendu), même si elle vient plus de l’inflation que d’une croissance des volumes;

- une moins bonne évolution en Belgique, -1,2 % (ce qui était également prédit), qui fait entre autres suite à l’annonce du plan de restructuration le 11 juin dernier ("qui a coûté une perte d’environ 10 millions d’euros en chiffre d’affaires et 3 millions en résultats, précise l’analyste, et qui coûtera encore au 3e trimestre puisque les discussions avec les syndicats redémarrent en septembre");

- et enfin, des pertes (cette fois-ci plus importantes que prévu) en Serbie (150 millions d’euros), plombée entre autres par l’instabilité macroéconomique; pertes qui pourraient se poursuivre, Frans Muller, le patron du groupe reconnaissant dans un communiqué que "la situation économique ne présente pas de perspective d’amélioration à court terme".

Tous marchés confondus (Etats-Unis, Belgique, Europe du Sud-Est et Indonésie), le groupe a affiché au 2e trimestre une perte de 45 millions d’euros contre un bénéfice net de 107 millions un an plus tôt, pour des ventes en hausse de 3,7 % à taux de change identiques à 5,27 milliards d’euros. Le bénéfice d’exploitation sous-jacent a reculé de 7,8 % à taux de change identique. Il est toutefois meilleur que prévu, d’où le sursaut de l’action en Bourse. "Sursaut, oui, poursuit Hans D’Haese, mais pour atteindre le cours de la semaine dernière… Parlons donc plutôt de rattrapage après une poignée de jours d’hésitation."

Une stratégie qui va dans tous les sens

Plus que les résultats, c’est la stratégie du groupe qui interpelle les spécialistes. "Notamment sa politique de prix, juge Marc Engels, Head of Equity Funds de Puilaetco Dewaay, qui impacte les marges et ne permet pas toujours de récupérer des parts de marché. C’est le nœud du problème. Surtout en Belgique, où le groupe a trop souvent changé d’avis ces 4-5 dernières années. Ainsi, comment faire comprendre aux clients que vous participez à la guerre des prix alors que les aménagements de votre dernière génération de supermarchés, implémentés à Wezembeek-Oppem, sont luxueux… C’est quand même compliqué de proposer des prix bas dans un magasin haut de gamme."

Autre axe stratégique : une concentration plus aiguë sur certains pays et certaines enseignes, ventes de magasins à la clé, aux Etats-Unis, Albanie, Montenegro, Bulgarie…

Et maintenant, à qui le tour ? "À la petite chaîne américaine Bottom Dollar, pense Marc Engels. Voire… à la Serbie, si la situation ne s’améliore pas et qu’il faut prendre des décisions radicales. C’est un gros morceau, certes, mais que le groupe a acheté bien cher. C’est d’ailleurs la 3e fois qu’il en réduit la valeur dans ses livres." Pour Hans D’Haese, cet axe stratégique pourrait "d’abord faire trembler ses magasins en Indonésie. Puis, en Belgique et endéans les 5 ans, son enseigne discount Red Market. Car marcher sur les plates-bandes d’un autre compétiteur (Colruyt pour ne pas le citer) ne semble pas lui porter chance." Si ce n’est, rappelle Marc Engels, que c’est Denis Knoops, l’actuel CEO de Delhaize Belgique, qui a lancé Red Market. "Ne serait-ce pas se dédier… ?"

Et quid de Tom&Co, un label du groupe qui commence à grandir en France ? "Mais pour grandir, il faut investir… conclut Hans D’Haese. Peut-être aurait-il intérêt à s’en débarrasser pour se focaliser sur ce qui compte en Belgique, ses Delhaize et surtout ses AD et Proxy, aux mains de franchisés, sans se laisser distraire par le reste".Charlotte Mikolajczak

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