Eclairage : Mais que fait la BCE ?
La BCE va racheter des ABS aux banques européennes pour donner un ballon d’oxygène à l’économie européenne en manque de souffle. Qu’est-ce que cela signifie ? Pourquoi la BCE procède-t-elle à ce programme de rachat ? Est-ce la bonne solution ?
- Publié le 03-10-2014 à 10h27
- Mis à jour le 03-10-2014 à 11h00
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Un article d'Isabelle de Laminne, responsable du blog MoneyStore.
On apprend que la BCE va racheter à partir de ce mois d’octobre des ABS aux banques européennes pour donner un ballon d’oxygène à l’économie européenne en manque de souffle (voir ici).
Qu’est-ce que cela signifie ? Pour rappel, les ABS, pour Asset Backed Securities, sont des titres adossés à des prêts bancaires. Il s’agit de valeurs mobilières qui sont adossées à des actifs. On parle aussi de titrisation d’actifs sous-jacents. Par exemple, on prend un portefeuille de crédits hypothécaires que l’on adosse à un véhicule financier qui pourra faire l’objet de transactions. En l’occurrence, ici, la transaction consiste à ce que la BCE rachète ces titres représentant des créances que les banques ont sur leurs clients. La BCE a décidé de lancer ce programme de rachat sur une période de deux ans.
Pourquoi la BCE procède-t-elle à ce programme de rachat ? Cela fait maintenant plusieurs années que, pour sauver les économies atones de la zone euro, la BCE injecte des liquidités dans le marché sous forme de divers instruments dont les LTRO. Cependant, le résultat escompté n’est pas atteint.
Malgré cette politique qualifiée d’accommodante, les économies affichent toujours un très faible taux de croissance moyen pour la zone euro, l’euro s’affaiblit face au dollar et, surtout, nous avons atteint un taux d’inflation que l’on peut qualifier d’alarmant. La BCE visait à atteindre un taux d’inflation de 2% et on est loin du compte. La raison de l’échec de cette politique accommodante se situe essentiellement dans le fait que les liquidités qui ont été injectées dans l’économie y sont restées « figer » : la vitesse de circulation de la monnaie n’est pas suffisante, la monnaie n’est pas réinjectée dans l’économie et les programmes lancés par la BCE n’ont donc pas l’effet escompté. En rachetant des ABS, la BCE espère ainsi donner aux banques les moyens de relancer leurs crédits vers l’économie réelle.
Est-ce la bonne solution ? Oui et non. Les banques ont été contraintes de diminuer leur octroi de crédits en raison des nombreuses régulations auxquelles elles ont été soumises. Rappelons à cet égard que les normes de Bâle III leur imposent des ratios de liquidité et de fonds propres pour leurs octrois de crédits. Comme le soulignait l’hebdomadaire britannique The Economist dans son édition du 27 septembre, « C’est une bonne chose que les grandes banques aient été forcées à être plus sures. Le malheur c’est que beaucoup d’entre elles ont été contraintes de changer leur manière de travailler pour s’y conformer ».
En raison de cette masse de règlements, les banques sont moins enclines à octroyer du crédit. Le rachat par la BCE d’une partie de leur portefeuille crédits va, certes, alléger leur bilan mais la BCE s’y voit contrainte car la situation dans laquelle nous nous trouvons résulte d’une situation économique et financière qui est l’héritage de la crise de 2008 mais c’est aussi la conséquence de règlements qui ont asphyxié le système.