La SNCB veut pouvoir s’attaquer aux tarifs en 2016
Jo Cornu met la pression quant à la conclusion du nouveau contrat de gestion de la SNCB. Entretien.
- Publié le 28-08-2015 à 20h39
- Mis à jour le 30-08-2015 à 14h06
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Jo Cornu fait sa rentrée les bras chargés de bonnes nouvelles. Les résultats de la SNCB s’améliorent (lire ci-dessous). Mais son CEO n’entend pas faire retomber la pression et met l’accent sur l’urgence de s’accorder sur un nouveau contrat de gestion entre le rail et l’Etat.
Cela faisait longtemps que la SNCB n’avait pas enregistré un résultat positif ?
Je ne me rappelle pas qu’il y en ait déjà eu. Nous avons pris, en 2014, un certain nombre de mesures pour arriver à l’équilibre financier. Ces mesures ont commencé à porter leurs fruits en 2014, c’est encore plus le cas en 2015. Même avec la réduction de dotation prévue par le gouvernement, nous arrivons au premier semestre à un résultat opérationnel positif. Mais ce n’est pas pour cela que nous devons nous reposer sur nos lauriers, car les réductions de dotation vont se poursuivre jusqu’en 2019. Nous allons être amenés à prendre beaucoup d’autres mesures. Dans ce contexte, le nouveau contrat de gestion est essentiel.
Est-ce que cette tendance a un effet significatif sur la dette de la SNCB ?
C’est trop tôt pour le dire. La dette financière s’est stabilisée et la dette économique a diminué de 100 millions. Mais ceci est surtout dû à un certain nombre de cessions d’actifs. Il y a la vente d’une participation dans une société de transport maritime et la création de la société Thalys. Nous avons démontré qu’il était possible d’arriver à un résultat dans le cadre du contrat de gestion actuel. Maintenant il va falloir y arriver dans un contexte où en 2019 les dotations seront réduites de 20 % par rapport à 2014.
C’est possible selon vous ?
Oui mais avec une modification significative du contrat de gestion. Sans cela, on n’y arrivera pas.
Vous pensez notamment à une extension de la liberté tarifaire de la SNCB ?
Oui mais pas seulement. Il y a la nécessité d’avoir un accompagnateur à bord, la compensation de la charge administrative que l’Etat nous impose. Le contrat de gestion rend la vie de la SNCB très difficile. On a d’ailleurs constaté que depuis quelques années, la dette augmente de 200 millions par an. Concernant les tarifs, la situation est claire. Sur les dix dernières années, nous avons connu une inflation cumulée de 22 % mais la SNCB n’a vu ses revenus par voyageur-kilomètre augmenter que de 6 %. Il nous manque 15 à 16 % dans nos revenus car nous n’avons pas suivi l’inflation. C’est le contrat de gestion qui nous met dans cette situation.
La ministre Jacqueline Galant a annoncé un Plan de modernisation qu’elle vous a chargé de concrétiser. C’est un nouveau levier ?
Je vais être clair. Le travail qu’on a fait en 2014 et qui nous donne des résultats se situe dans la droite ligne de ce que la ministre a demandé. Nous n’avons pas attendu l’arrivée du nouveau gouvernement pour agir.
Vous devez tout de même présenter des mesures concrètes pour le mois d’octobre.
On travaille sur des choses très concrètes mais le plan va dépendre de ce nouveau contrat de gestion. On ne peut pas jouer au football sans règles.
Dans quel timing souhaitez-vous aboutir ?
J’essaye d’aller le plus vite possible. Dans un délai très bref nous allons présenter nos idées au cabinet de la ministre.
Le voyageur doit-il s’attendre à des changements d’ici la fin de l’année ?
Pas vraiment. On continue les efforts sur la ponctualité. Lors de mon arrivée, la ponctualité était au plus bas, on a remonté la pente. Et ce n’est pas à cause du nouveau plan de transport. Nous étions sur cette pente d’amélioration avant son entrée en vigueur. Nous arrivons à des niveaux que nous avions en 2007, c’est à l’avantage du voyageur.
Comptez-vous pouvoir jouer plus sur les tarifs dès 2016 ?
J’espère bien ! Cela nous ramène au contrat de gestion. Celui-ci conduit à un déséquilibre financier. Il y a des obligations au niveau des coûts et tellement de limitations sur les revenus que ça en devient automatique.
Vous annoncez une réduction des équivalents temps plein à la SNCB. Jusqu’où faut-il aller ?
Il faut distinguer deux types de personnel. Celui qui est impliqué dans le fonctionnement des trains et qui dépend directement de l’offre, et le personnel qui n’est pas dans cette catégorie comme le personnel informatique et administratif. Les réductions ont été faites dans cette dernière catégorie.
Faut-il encore le réduire ?
Il faut réduire le personnel qui n’est pas directement lié au client. Mais nous devons aussi tenir compte de l’évolution de la technologie. C’est le cas dans le débat sur le personnel au guichet. Le numérique prend de plus en plus d’importance et les autres pays sont nettement plus avancés que le nôtre dans ce domaine.
Des choix difficiles doivent être opérés dans les investissements. Y voyez-vous plus clair ?
Non. La ministre a annoncé une sorte de cellule qui va se pencher sur les priorités. Elle n’a pas encore été constituée et elle ne s’est pas encore réunie. Les décisions seront prises d’ici la fin de l’année.
Le gouvernement n’a pas encore désigné de représentants régionaux au CA de la SNCB. On évoque l’arrivée de Johnny Thijs, qui sait, comme CEO. Cela vous inquiète ?
Je ne crois pas à ces spéculations. Cela m’étonnerait beaucoup qu’il ait cette ambition. Il a quitté son emploi à la Poste suite à une dispute sur son salaire, et le salaire ici est nettement moins attractif. Entre-temps, il a pris un tel nombre de postes d’administrateur qui sont certainement très lucratifs; cela m’étonnerait qu’il fasse ce sacrifice. Mais le problème de représentation des Régions existe. Des décisions doivent être prises au niveau fédéral. Il y a certaines règles au niveau de la représentation des femmes qui rendent les choses plus complexes mais je n’ai aucune influence là-dessus.
La SNCB revient dans le vert au premier semestre
Résultats. La SNCB a enregistré un résultat opérationnel de 15,9 millions d’euros au premier semestre de l’année, contre une perte de 4,3 millions d’euros un an plus tôt. Cette performance a été rendue possible par les efforts réalisés dès l’an dernier afin de maintenir les coûts sous contrôle, explique l’opérateur ferroviaire vendredi dans un communiqué. La productivité et la ponctualité ont également été améliorées, ajoute la SNCB. Jo Cornu, le CEO, se réjouit de voir la ponctualité (calculée sans neutralisation) passer à 90,6 % pour les six premiers mois de l’année. Ce taux était encore de 89,3 au cours de la même période en 2014.
Côté financier, les nouvelles sont donc positives. Les charges externes sont passées de 618 millions d’euros au cours du premier semestre 2014 à 600 millions d’euros pour les six premiers mois de cette année. Le nombre d’équivalents temps plein est passé de 20 521 à 19 849 entre les deux périodes. Le nombre de voyageurs transportés est lui demeuré stable (+0,4 % à 116,6 millions). Toujours sur le premier semestre 2015, les revenus issus du trafic intérieur ont baissé de 0,7 % à 321 millions d’euros.
La dette économique de l’opérateur s’élevait à 2,755 milliards d’euros au 30 juin, contre 2,856 milliards d’euros un an plus tôt. Cette chute est le résultat de l’amélioration du résultat opérationnel, mais également d’autres éléments non récurrents, comme la cession d’actifs, la vente de participations dans EBT et la transformation de Thalys en société ferroviaire à part entière. La dette financière est quant à elle restée stable à 2,426 milliards d’euros au 30 juin 2015.