"Beaucoup de taximen veulent travailler pour Uber"
Uber ferme son application phare, mais n’abandonne pas la Belgique pour autant. Entretien.
- Publié le 13-10-2015 à 18h36
- Mis à jour le 14-10-2015 à 14h04
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Longtemps réfractaire à l’idée de plier devant la justice, le service de covoiturage payant (ou de taxis illégaux selon les versions) Uber a décidé, cette fois, de ne pas faire de vague. Conformément à ce que le tribunal de commerce de Bruxelles lui a ordonné, la société américaine va "suspendre" dès ce mercredi soir sa principale application, Uberpop, dans la capitale belge. Mais le géant californien n’entend pas abandonner la Belgique pour autant. La société, soutenue par Google, veut ainsi faire migrer ses utilisateurs de son application Uberpop vers Uber X, qui propose un service avec des chauffeurs professionnels. Cette dernière application, lancée en septembre, serait jusqu’ici tolérée dans la capitale belge. "Il y a un marché à Bruxelles pour Uber X qui reste 20 % moins cher que les taxis", explique Filip Nuytemans, le patron d’Uber en Belgique.
Vous allez suspendre votre application phare à Bruxelles, c’est une grosse défaite pour Uber…
Ce n’est pas seulement une défaite pour nous, mais surtout pour nos 50 000 utilisateurs et pour Bruxelles. Mais le plus grand drame concerne le millier de chauffeurs qui vont perdre leurs revenus. On va les soutenir. Notre bureau restera ouvert en permanence pendant sept jours, car on désire les informer au mieux. Beaucoup d’entre eux veulent obtenir une licence professionnelle pour rejoindre Uber X. On a déjà plusieurs dizaines de chauffeurs professionnels à Bruxelles et chaque semaine, ce chiffre augmente, même si obtenir la licence prend plusieurs semaines.
Est-ce que ce service d’Uber X est vraiment légal ?
Totalement et on est très transparent là-dessus. On travaille avec des chauffeurs qui ont la licence pour le transport rémunéré, avec une certification médicale, un contrôle technique, un numéro de TVA,… Ils ont un contrat de plus de trois heures sur différents trajets, ce qui est conforme à la loi. Le ministre de la Mobilité Pascal Smet a donné son accord à ce principe.
Uber X est 30 % plus cher qu’Uberpop. Comment allez-vous attirer les anciens utilisateurs d’Uberpop ?
En France, quand on a suspendu Uberpop, il y a eu une énorme demande pour Uber X. On a réussi à descendre nos prix en équilibrant mieux l’offre et la demande. Du coup, nos chauffeurs ont moins de temps morts et font plus de trajets par heure. C’est un win-win : nos chauffeurs gagnent plus d’argent et nous avons diminué nos prix. En Belgique, on va aller le plus vite possible. Mais c’est clair qu’il faudra encore du temps avant qu’Uber X grandisse. Pour nous, c’est important d’avoir des chauffeurs bien rémunérés car on doit se constituer un réseau. Au plus celui-ci sera important, au plus les prix vont baisser pour le consommateur.
Vous avez lancé une procédure d’appel contre la décision d’interdiction d’Uberpop à Bruxelles. Etes-vous optimiste ?
Pour nous, Uberpop n’a clairement rien à voir avec un service de taxis. Mais le but n’est pas d’avoir une bataille juridique qui dure des mois, voire des années. Le plus important est de changer la législation taxi à Bruxelles qui date de 1995. Il faut la moderniser et permettre à de nouveaux acteurs d’introduire une concurrence et de l’innovation. Cela fait 16 mois que ce projet est sur la table du gouvernement bruxellois et rien n’a avancé, sans doute à cause de la pression des taxis.
Le secteur des taxis a-t-il porté plainte contre Uber X ?
Il n’y a eu aucune plainte. J’ai l’impression que les taxis sont démobilisés. En fait, beaucoup de chauffeurs de taxi nous contactent pour travailler chez nous. On voudrait que la nouvelle législation puisse permettre à un taximan de se connecter à des plateformes comme Uber X, tout en laissant le monopole sur le maraudage aux sociétés de taxis.
Vous avez lancé un service de livraison de repas à Paris. Allez-vous faire la même chose à Bruxelles ?
Nous n’avons pas encore de plans spécifiques à Bruxelles dans ce sens-là. Si on fait quelque chose en Belgique, ce sera une expansion géographique d’Uber X à Anvers, Charleroi ou Liège.