Les pilotes entrent en piste contre Galant
Pour les pilotes, Ethiopian, "un concurrent déloyal", va créer sept emplois et non 400 à Zaventem.
Publié le 16-10-2015 à 18h21 - Mis à jour le 17-10-2015 à 16h14
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Irréalistes." Voilà comment l’association des pilotes de lignes belges (BeCA pour Belgian Cockpit Association) qualifie le nombre d’emplois que l’aéroport de Bruxelles-National entend créer grâce aux nouvelles activités d’Ethiopian Airlines. Pour rappel, depuis trois mois, la ministre Jacqueline Galant renouvelle systématiquement les droits de trafic du transporteur éthiopien. Ce qui permet à ce dernier de relier Bruxelles à différentes villes d’Asie en transportant du fret pour le compte de DHL.
Or, cette décision est condamnée par l’aéroport de Liège qui estime que l’activité d’Ethiopian fait de l’ombre à son principal client, la compagnie belge TNT Airways. D’après Bierset, de nombreux emplois sont ainsi menacés à Liège si Ethiopian continue ses activités de fret à Zaventem.
Mais, selon les pilotes, Jacqueline Galant a un autre point de vue. Ils reprochent à la ministre de se baser sur une étude réalisée par l’Université d’Anvers qui estime qu’il n’y a pas de concurrence entre l’activité d’Ethiopian et celle de TNT. L’étude parle même de la création de 400 emplois à Zaventem. "Cette étude fait partie des différents éléments pris en compte", nuance-t-on auprès du cabinet Galant.
Or, cette étude est largement remise en cause par les pilotes. "Nous mettons de sérieux doutes quant à la validité de la méthodologie appliquée par le professeur Van de Voorde et son équipe pour analyser l’impact sur l’emploi", expliquent les pilotes dans une lettre envoyée à la ministre Galant.
D’après la BeCA, les chercheurs anversois présentent des hypothèses de départ "ne reflétant pas la réalité". "On y suppose que tout le fret […] doit être traité kilo par kilo, alors que tous les professionnels du secteur savent que 95 % des marchandises entrantes sont manipulées par environ 3 à 5 personnes pour 100 tonnes".
"TNT Airways paie des impôts en Belgique"
Les pilotes, qui demandent à la ministre de ne plus attribuer de droits de trafic à Ethiopian, estiment que l’impact sur l’emploi des nouvelles activités du transporteur africain à Zaventem se limite à "un transfert entre régions de sept équivalents temps plein". A côté de cela, de nombreux emplois seront perdus à Liège, selon les pilotes qui craignent qu’à terme, Ethiopian "condamne" l’activité long-courrier de TNT Airways à Bierset. Pour eux, Ethiopian - "qui n’est pas soumise aux mêmes normes européennes que TNT Airways" - est en outre un concurrent "déloyal" au transporteur belge. "Son personnel navigant est souvent payé via des sociétés d’intérim sous cieux fiscaux cléments. Une autorité fédérale doit mettre ces éléments en perspective avec les emplois liés à une compagnie aérienne belge, TNT Airways, payant des impôts et des contributions sociales à l’Etat fédéral", conclut la lettre.