FedEx est hors-la-loi en Europe, selon les pilotes belges
L’association belge des pilotes s’en prend au géant américain de la distribution de colis.
- Publié le 27-10-2015 à 14h45
- Mis à jour le 27-10-2015 à 14h46
:focal(465x240:475x230)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/E63K2XJXSNGADFQBMRMI27PSXQ.jpg)
Les géants américains de la distribution de colis opèrent en toute illégalité sur le sol européen. C’est le constat dressé hier par la Belgian Cockpit Association (BeCA), l’association belge des pilotes, qui entend saisir la Commission européenne pour la forcer à intervenir dans ce dossier.
En ligne de mire : FedEx. Pour rappel, en avril dernier, FedEx annonçait son intention de mettre la main, dans le cadre d’une opération amicale, sur son rival européen TNT Express pour 4,4 milliards d’euros. Ce rachat, qui devrait être bouclé au premier semestre de 2016 et qui a déjà fait l’objet d’un premier accord de principe de la Commission européenne, doit permettre au géant américain de donner un coup d’accélérateur à sa stratégie d’expansion sur le Vieux Continent. TNT Express est active chez nous, sur le tarmac liégeois, via la compagnie aérienne TNT Airways mais aussi via Pan Air. Deux compagnies qui totalisent environ 350 pilotes et une trentaine d’appareils. Face à l’ogre FedEx qui compte, lui, 4 200 pilotes, 647 appareils et 4 grandes bases aux Etats-Unis, une à Cologne et une à Hong Kong. Si FedEx va donc reprendre les actifs de TNT Express, il devra cependant revendre, avant la fin de cette année, tant TNT Airways que Pan Air : un opérateur américain n’a en effet pas le droit de posséder une compagnie aérienne européenne.
Des emplois belges menacés
Dans ce contexte, la BeCA s’inquiète pour le devenir des pilotes belges et européens, dont les emplois pourraient être menacés par leurs confrères américains. Car pour la BeCA, FedEx mais aussi l’autre géant américain UPS opèrent aujourd’hui en toute illégalité en Europe. Et ce pour plusieurs raisons. Un : ces deux géants transgressent les accords dits "Open Skies" (NdlR : des accords aérien de libre-échange entre l’Europe et les Etats-Unis) en opérant avec des avions et des équipages américains des vols cargo à l’intérieur même des frontières européennes, ce qui est interdit à l’exception de huit pays. Deux : la BeCA accuse FedEx de ne pas respecter les lois sociales européennes dans la mesure où le géant US détient une base à Cologne mais ne s’acquitte pas des cotisations sociales françaises alors que les pilotes concernés opèrent en réalité principalement depuis l’aéroport Charles-de-Gaulle. Trois : la compagnie TNT Airways, qui sera donc bientôt revendue, pourrait voir ses ambitions de développement bridées une fois qu’elle volera de ses propres ailes par la clause d’un accord entre les pilotes américains et le management de FedEx portant sur l’exploitation de la flotte d’appareils.
Actions en justice ?
Avant une approbation définitive par la Commission européenne du deal FedEx/TNT Express, attendu au début de l’année prochaine, la BeCA entend donc mettre la pression sur l’exécutif européen pour qu’il remette de l’ordre dans ce secteur du cargo, trop inféodé, juge-t-elle, aux intérêts américains. "Il n’y a aujourd’hui aucunes restrictions aux activités des transporteurs US sur le sol européen. La précédente Commission européenne a complètement enterré ce dossier. Nous avons l’espoir que la nouvelle Commission européenne, qui a été mise en place, nettoiera ce que la précédente a laissé dans les placards. Les réglementations sont claires, le problème, c’est qu’il n’y a pas de gendarme. Cela pourrait avoir un impact désastreux sur l’industrie européenne du cargo", expliquait-on lundi du côté de l’association belge des pilotes. Et d’ajouter : "Nous procéderons par étapes. Si rien ne se passe du côté de la Commission européenne et que la fusion est avalisée en l’état, notre position est claire : nous bloquerons toute caisse ou tout colis qui montera à bord d’un avion américain pour un vol intra-européen".
La BeCA se dit prête sur ce dossier à un combat de longue haleine. Qui passera dans un premier temps donc par la communication d’un certain nombre de remarques à la Commission européenne mais aussi par la sensibilisation du monde politique belge. A défaut, la BeCA se dit prête à d’autres actions, sur le terrain judiciaire celles-là.