Le tax shift positif pour les petits salaires
Deloitte compare les salaires et le coût salarial dans 19 pays européens en 2014. L’analyse s’essaye à des prédictions sur l’impact qu’aura le "tax shift" fédéral. Si la situation s’améliore pour les bas salaires, la Belgique reste à la traîne pour les moyens et hauts revenus.
Publié le 06-12-2015 à 20h49 - Mis à jour le 07-12-2015 à 12h34
Le cabinet Deloitte a publié la cinquième édition de son étude sur les salaires. Elle compare la situation en Belgique à celle de dix-huit autres pays européens. Pour ce faire, le cabinet de consultance s’est penché sur sept scénarios dont les variables sont le niveau de salaire (de 21 958 euros à 125 000 euros brut par an) et la situation familiale (célibataire sans enfant ou marié avec deux enfants). Si l’analyse se base sur des données arrêtées en 2014, Deloitte s’est essayé à quelques prédictions intégrant les changements induits par le "tax shift" fédéral. Petit point sur les résultats marquants.
Les petits salaires déjà bien lotis
Commençons par le salaire des Belges. Deloitte a comparé la différence entre le salaire brut et le salaire net dans les 19 pays, en fonction de différents scénarios. Alors, la Belgique est-elle le pays qui taxe le plus ? En réalité, la réponse varie fortement en fonction des scénarios retenus. A même niveau de salaire, le fait d’être célibataire sans enfant peut vous faire perdre plus de 4 000 euros par an.
S’il a un relativement petit salaire (27 000 euros brut par an), un conjoint qui ne travaille pas et deux enfants à charge, le Belge est relativement bien loti. Dans cette situation, il touche le cinquième meilleur salaire net parmi les 19 pays étudiés. Mais tout change radicalement si la personne est célibataire et sans enfant. Dans cette situation, elle ne perçoit que le 17e salaire net sur 19.
Prenons maintenant l’exemple d’une personne avec un salaire brut plus confortable de 50 000 euros par an. Dans ce cas, la comparaison internationale est moins favorable, peu importe la situation familiale. A ce niveau de revenus, le salaire net d’un célibataire est le plus faible des 19 pays étudiés. Dans le cas d’un ménage avec deux enfants à charge et un conjoint qui ne travaille pas, la Belgique remonte à la 12e position.
Précisons encore une fois que ces données se basent sur la situation de 2014. Mais l’étude de Deloitte a tenté de savoir quel impact aura le "tax shift" fédéral sur les salaires. Et d’après ces estimations, le Belge isolé avec salaire annuel de 25 000 euros brut verra son revenu net progresser de 9 % en 2019. Si cette estimation se vérifie, la Belgique passerait de la 16e à la 9e place pour ce niveau de revenus. Mais à partir d’un salaire brut de 50 000 euros par an, l’impact du "tax shift" sera"nettement plus limité" .
La Belgique plus "compétitive"
Au niveau du coût salarial, l’environnement restait assez pénalisant en 2014, quel que soit le niveau de revenus. Pour un employé touchant 27 000 euros par an, la Belgique figure dans le "Top 4" du coût salarial le plus élevé derrière la France, la Slovaquie et la République tchèque. Avec un salaire de 50 000 euros, la Belgique occupe la 5e place du coût salarial le plus élevé.
Comme pour les salaires, Deloitte a estimé l’impact que pourrait avoir la diminution des cotisations patronales à 25 %. En intégrant ce changement, la Belgique pourrait devenir plus compétitive au niveau des bas salaires. "En 2019, la Belgique devrait reculer de la 4e à la 13e place du classement des pays les plus chers dans l’hypothèse d’un salaire annuel de 25 000 euros , explique le bureau de consultance . Le coût pour l’employeur belge pourrait dès lors être comparable au niveau des Pays-Bas et du Luxembourg."
Mais cette évolution ne vaut que pour les bas salaires. "La Belgique ne parvient pas à abaisser le coût des salaires moyens et supérieurs jusqu’à un niveau comparable à ce que pratiquent des voisins comme les Pays-Bas, l’Allemagne et le Luxembourg" , conclut l’étude.