Le Salon de l’auto 2016 en cinq enjeux
Après la journée de presse hier et professionnelle aujourd’hui, le Salon de Bruxelles court du 14 au 24 janvier. Le Salon soulève des questions, mais reste le plus grand showroom du pays. Et la période est propice aux bonnes affaires. Face au climat d’insécurité, des mesures exceptionnelles ont été prises par l’organisateur, Febiac.
- Publié le 12-01-2016 à 21h29
- Mis à jour le 13-01-2016 à 15h09
Après la journée de presse hier et professionnelle aujourd’hui, le Salon de Bruxelles court du 14 au 24 janvier. Le Salon soulève des questions, mais reste le plus grand showroom du pays. Et la période est propice aux bonnes affaires. Face au climat d’insécurité, des mesures exceptionnelles ont été prises par l’organisateur, Febiac.
Mobilité
Ça ne va pas s’arranger
En soi, le Salon est un remède à l’automobile : tant à l’aller qu’au retour du plateau du Heysel, le fichu ring de Bruxelles est merveilleusement engorgé, de quoi couper toute envie, tout désir d’automobile. Et l’offre de transports publics n’est pas ce qu’il y a de plus formidable non plus. Alors ? Comme Anvers, Bruxelles manque cruellement de parkings de délestage dans lesquels devraient investir les Régions avoisinantes, essentiellement la Région flamande. Au contraire de cela, elle travaille à l’élargissement du ring à certains points névralgiques. Comodalité, pistes spéciales pour les vélos, on n’en est nulle part.
Cela ne devrait pas s’arranger à court ni moyen terme : le parc automobile suit la courbe démographique et s’accroît de 60 à 80 000 véhicules chaque année. On estime cela à 300 km de parkings en plus par an, l’autoroute Bruxelles-Ostende aller-retour ! Par chance, en 2015, le parc automobile belge n’a augmenté que de 50 000 véhicules. Mais tout cela ne tient pas compte de la croissance effrénée du transport routier, national international.
Cheval de bataille de Febiac, la taxation kilométrique pourrait régler une partie des problèmes, en jouant sur le comportement à l’achat et à l’utilisation du véhicule. Tout le monde est prêt mais la Wallonie renâcle, pour des raisons prétendument sociales : les distances étant plus grandes, les gens habiteraient en moyenne plus loin de leur travail. Mais habiter loin de son travail a toujours représenté un coût. Non, décidément, pour s’acheter une voiture aujourd’hui, et qui plus est une belle, il faut avoir du courage.
Environnement
La Flandre roule en tête
A part à pied ou à vélo, la mobilité individuelle, à cheval ou en voiture, pollue. Bien moins que l’industrie ou le chauffage domestique, mais elle pollue tout de même. L’affaire Volkswagen a rappelé combien il était difficile d’amorcer un cercle vertueux. Etre en ligne avec les normes de réduction d’émissions de CO2 peut avoir des conséquences, comme un surcroît d’émissions de NOX. On tente de résoudre d’un côté, on aggrave de l’autre.
Le consommateur croit acheter en toute bonne foi un véhicule moins polluant et est (parfois) prêt à payer un peu plus pour cela, mais les actuels tests normalisés sont loin, trop loin des valeurs d’émissions polluantes à l’utilisation réelle du véhicule. Cela devrait changer en 2017, on verra dans la pratique.
Quelles sont les alternatives aux diesel et essence classiques ? Electrique, hybride rechargeable, pile à combustible sont chers, très chers à l’achat et - plus qu’on l’imagine - à l’usage. Et loin d’être exempts de pollution, mais moins à l’usage. Faute d’infrastructure, on est nulle part en Belgique. L’an dernier, sur plus de 500 000 voitures, 1 358 étaient électriques, dont 125 vendues à des particuliers. Pour stimuler ce marché, le gouvernement flamand avance une prime de maximum 5 000 euros. Qu’une marque comme Nissan double !
L’autre alternative, qui reste un carburant fossile mais bien moins polluant, c’est le gaz naturel comprimé (GNC). Fiat et VW font un cheval de bataille de ce type de véhicule exonéré de toute taxe de mise en circulation et de circulation jusqu’en 2020, en Région… flamande. On ne se réveillerait pas, Monsieur Di Antonio ?
Sécurité
"L’intelligence, c’est sexy"
La sécurité est un leitmotiv pour les constructeurs automobiles et celle des véhicules circulant en Europe ne cesse de s’améliorer. Les chiffres sont sans appel : en 1990, le parc automobile belge était de 3,8 millions de voitures et 137 000 motos, il y eut 1976 tués par accident de la route; en 2013, avec un parc de 5,4 millions d’autos et 417 000 motos, il y eut 723 victimes, dans lequel les motards paient un lourd tribut. 723 de trop, on est bien d’accord, mais les progrès sont spectaculaires et les constructeurs n’y sont pas pour rien.
Beaucoup a déjà été fait en matière de conception des véhicules, les crash-tests le démontrent. Les premiers systèmes d’assistance au freinage et à la tenue de route ont fait leurs preuves et sont maintenant généralisés. Aujourd’hui, l’assistance à la conduite va bien plus loin, comme si c’était le véhicule qui prenait la main sur le conducteur. Ce dernier, toutes les études le disent, est le maillon faible : 90 à 95 % des causes d’accident ! Et comme, connecté, il a son attention de plus en plus détournée par les coups de fil, la lecture des SMS ou du courrier électronique…
Toutes les marques sont en pointe, mais Volvo a construit sa réputation sur la sécurité. La S90 présentée lundi à Detroit a la fonction assistance à la conduite, qui garde le véhicule dans sa bande de circulation et suit avec le régulateur de vitesse adaptatif jusqu’à 130 km/h. Entre 65 et 140 km/h, une trajectoire inhabituelle est détectée et le véhicule est remis sur le droit chemin. L’automatisation a ses limites, notamment les piétons, cyclistes, etc., mais elle progresse. "L’intelligence, c’est sexy", selon le nouveau slogan d’Opel. Bien vu !
Marques
Constructeurs placent produit
Le Salon de Bruxelles n’est absolument pas une vitrine technologique, comme peut l’être Genève, mais un formidable showroom. Pourtant, cela peut représenter un investissement majeur pour les marques et leurs importateurs, filiales ou privés : le coût de la présence au Heysel durant 13 jours avec un stand moyen tourne autour de 700 000 euros. Cela fait réfléchir à deux fois. Des marques comme Volvo et Opel se posent la question de leur présence à Bruxelles. La grande crainte de Febiac, fédération des constructeurs, c’est l’absence d’une ou deux marques. L’effet domino. Et après, Ford ? Et après, qui d’autre ?
Matthias Sileghem, patron de Mazda en Belgique, relativise : à Bruxelles, "le nombre de visiteurs par rapport à la population locale est le plus élevé de tous les salons européens". L’on pourrait croire que l’impact d’Internet, où le consommateur s’informe en priorité, réduirait la fréquentation du Salon. Tel n’est pas le cas jusqu’à présent, et plus de 500 000 visiteurs sont attendus dans les palais du Heysel entre le 14 et le 24 janvier.
"A l’endroit où l’on est situé, on a 500 000 personnes qui vont passer devant le stand", dit encore Matthias Sileghem. "C’est du placement produit à grande échelle !" La belle marque japonaise, en pleine croissance, a pour objectif de faire 3 000 offres individuelles sur le salon. A des clients potentiels qui iront concrétiser - ou pas - chez un concessionnaire. La plupart des marques font de 20 à 30 % de leur chiffre d’affaires annuel sur la période du Salon de Bruxelles, ce qui est une bonne raison d’y rester.
Public
Cela vaut-il encore le coup ?
Pour le client qui peut tout voir sur l’Internet, la présence au Salon de l’automobile est-elle encore utile ? Si les collectionneurs de catalogues sont en voie de disparition, et c’est toujours ça de gagné pour l’environnement, ils ont été remplacés par un public familial qui va en excursion au Heysel où se multiplient les animations. La voiture conserve son aspect émotionnel. Positif ou négatif, tout le monde a un avis sur l’automobile, sur le secteur ou sur telle ou telle marque. Si l’on ne craint pas les embouteillages et que l’on n’est pas agoraphobe, le Salon de Bruxelles reste le plus grand showroom automobile, qui plus est, de très bonne tenue cette année.
Que l’on y aille ou pas, la période du Salon, qui s’étend le plus souvent de décembre à février, voire plus si affinités, reste propice à l’acquisition d’un nouveau véhicule. Les conditions Salon peuvent être considérables; on est vite autour des 25 % au total. Qui, pour certaines marques et sur certains modèles, peuvent aller jusqu’à 40 %, ou bien moins pour les marques haut de gamme qui préfèrent donner des avantages en nature, comme les équipements de série. Equipements, remise spéciale Salon, prime dite de recyclage pour la reprise d’un ancien véhicule, tout doit être décortiqué par le client.
Durant la même période, la concurrence joue aussi entre organismes financiers, alors que les taux d’intérêt sont bas comme ils l’ont rarement été : beaucoup tournent autour de 1,50 %. Alors autant en profiter en faisant activement jouer cette concurrence.