Plus de 500.000 immatriculations en 2015 (Infographies)

Les ventes de voitures ont été très bonnes en Belgique. Vont-elles poursuivre sur leur lancée au Salon de l’auto qui s’ouvre jeudi? Entretien avec Thierry van Kan, président de Febiac.

Entretien Dominique Simonet

Les ventes de voitures ont été très bonnes en Belgique. Vont-elles poursuivre sur leur lancée au Salon de l’auto qui s’ouvre jeudi ? Il l’a dit, il l’a fait. L’an dernier à même époque, lors de l’ouverture du Salon de l’auto de Bruxelles, Thierry van Kan, président de Febiac, prédisait que les immatriculations d’automobiles dépasseraient les 500 000 unités en 2015. Les chiffres publiés par l’association des constructeurs et le SPF Mobilité et Transport indiquent 501 066 immatriculations l’an dernier contre 483 000 en 2014, soit une augmentation de 3,75 %. De justesse donc, mais, pour la première fois depuis 2012, le plafond du demi-million est à nouveau enfoncé.

"Le vieux nez du vieux renard, sourit le président de Febiac, mais je sais aussi où je dois aller regarder. Cinq éléments plaidaient en ce sens : une certaine reprise économique, des prix du pétrole bas, des intérêts sur financement extrêmement bas, une stabilité dans la taxation, sans événement influençant positivement ou négativement le comportement d’achat comme ce fut le cas avec l’ATN (avantage toute nature). Et, surtout, on était quatre ans après 2011, année de tous les records, où l’on avait atteint plus de 570 000 immatriculations. Quatre ans plus tard, 2015 était une période de renouvellement des flottes."

Pourtant, 2015 a démarré cahin-caha, avec des chiffres légèrement négatifs jusqu’en mai, avant un net redressement en juin et un emballement du marché de plus de 20 % en novembre et décembre. "Je m’attendais à voir venir une reprise de la confiance et de l’économie plus tôt, explique Thierry van Kan. Dans le marché, les stocks de véhicules neufs avaient diminué fortement, cela signifie qu’après commande, on immatricule plus tard, à trois mois. C’est donc au second semestre que les ventes ont redémarré."

Dans la moyenne

Au regard des années 2000, la moyenne des immatriculations en Belgique est de 502 000 voitures, à laquelle on a recollé en 2015. "500 000, c’est la normale. Nous sommes sur un marché de remplacement et, quand il y a des pics ou des creux, c’est que quelque chose s’est passé qui doit être résorbé. 500 000 immatriculations, je crois que cela restera comme ça. Cela n’empêche pas que le parc automobile belge continue à augmenter."

Une autre bonne surprise des chiffres de 2015 est la reprise des deux roues motorisés (incluant les tri- et quadricycles légers) : près de 50 % d’immatriculations en plus en décembre, l’année s’est clôturée sur une hausse de 4 %, retrouvant les chiffres de 2010.

Mais selon Thierry van Kan, la vraie bonne nouvelle vient des véhicules utilitaires légers, camionnettes, etc. "C’est notre canari des mines, celui qui prédit s’il va y avoir un coup de grisou ou pas. 14 % d’augmentation l’an dernier, cela veut dire qu’il y a une reprise économique."

Salon de l’automobile de Bruxelles, du 14 au 24 janvier 2015 à Brussels Expo, au Heysel. autosalon.be

Plus de 500.000 immatriculations en 2015 (Infographies)
©DR
Plus de 500.000 immatriculations en 2015 (Infographies)
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"C’est le marché des voitures de société qui tire les émissions de CO2 vers le bas"

La voiture dite "de société" n’a pas bonne presse. Perçue comme un revenu dérivé, elle est accusée d’accroître exagérément le parc automobile et d’aggraver tant les embarras de circulation que la pollution. Les chiffres analysés par Febiac incitent à penser que c’est faux.

Certes (voir ci-dessus), la part des véhicules de société (indépendants, leasing ou en nom propre) va en augmentant par rapport aux véhicules particuliers, dans les immatriculations de voitures neuves. Mais le parc évolue autrement. L’an dernier, il s’est accru de 50 000 voitures, dont 15 000 environ pour les véhicules de société contre 35 000 pour les voitures particulières. Cela s’explique par le fait que les particuliers - et non les entreprises - sont très actifs sur le marché de l’occasion, plus dynamique que celui du neuf : 673 327 immatriculations de voitures d’occasion ont eu lieu en 2015 (+3,1 %), contre 501 066 immatriculations de voitures neuves (+3,8 %).

L’augmentation des voitures sur les routes est donc due pour une part prépondérante aux particuliers. Elle correspond à la croissance démographique belge et à des besoins de mobilité non satisfaits par d’autres modes de transport.

"C’est le marché des voitures de société qui tire les émissions de CO2 vers le bas", analyse Thierry van Kan, graphique à l’appui (voir ci-dessus). En effet, traditionnellement, ces véhicules sont renouvelés tous les 4 ans et bénéficient à chaque fois des technologies environnementales adaptées aux nouvelles normes européennes.

Effet antivieillissement

Si, comme l’OCDE et d’autres voix le réclament, on sabordait ce marché ? "Le parc automobile vieillit : il est passé de 7,5 ans en moyenne à 8,8 ans en 15 ans. Crise économique et longévité accrue en sont les causes. En supprimant les voitures de société, le marché de l’occasion exploserait. On aurait sensiblement le même parc sur les routes, mais âgé de 10 ans ! Et on aurait 10 g/km de CO2 dans la vue sans rien régler au point de vue mobilité." En effet, les émissions de dioxyde de carbone passeraient de 117 g actuellement à une moyenne oscillant entre 125 et 130 g. Dans la foulée, les marques haut de gamme sont favorisées, et les profits des constructeurs.

Mobilité : "Il faudrait un masterplan au niveau fédéral, car la régionalisation ne marche pas"

Scandale Volkswagen et COP21 posent des questions cruciales pour l’avenir de la planète, de la mobilité et de l’industrie automobile. Concernant les moteurs thermiques traditionnels, le glissement du diesel vers l’essence, entamé depuis 2012, se poursuit mais tout doux (voir infographie). Et de manière peu logique : Bruxelles est encore largement dominée par le diesel, la Flandre aussi. Curieusement, le vrai tournant est opéré en Wallonie, là où les immatriculations de véhicules à essence passent de 39 % à un peu plus de 43 %. Or c’est en Wallonie que les distances sont les plus grandes, donc propices au diesel. Mais la motorisation essence est moins chère.

L’on voit aussi que, question motorisations alternatives, la Belgique n’est nulle part : 0,3 % de voitures électriques en 2015, c’est une nichette de niche. Pourtant, selon Thierry van Kan, "COP21 et Dieselgate, c’est une preuve que la voiture zéro émission est une réalité de survie pour les constructeurs. Cela devrait rapidement pousser le marché, entre maintenant et 10 ans." Pour le président de l’association des constructeurs, la technique électrique est évidente, reste le problème du stockage. Et un fameux autre : "Celle qui marche à l’électricité produite par le charbon est la voiture la plus polluante au monde."

Angoisse de la panne

Se disant "carrément ému" par le mouvement de la COP21 - "enfin le politique prend des mesures à la hauteur des multinationales !" -, Thierry van Kan estime que la production d’électricité par l’hydrogène, grâce à la pile à combustible, est la solution d’avenir. Mais, là comme ailleurs, la Belgique pèche par un manque cruel d’infrastructures. Face à l’angoisse de la panne de jus, le réseau de bornes de recharge électrique est dérisoire. Encore faut-il nuancer : "A Bruxelles, 35 % des gens ont un logement ou un bureau avec garage, ces gens-là n’ont pas besoin de borne. Et si 35 % des gens achetaient électrique, on serait loin du 1 % actuel. Mais, psychologiquement, la borne, comme le prolongateur d’autonomie, ça aide. Le problème, c’est que l’on n’a pas de masterplan concernant la mobilité en Belgique. On fait du plic ploc à court terme. Et il faudrait un masterplan au niveau fédéral, car la régionalisation ne marche pas."


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