Régulation de la production laitière: c'est l'impasse
Les ministres européens de l'Agriculture, réunis mardi à Bruxelles, ne se sont pas mis d'accord sur la mise en oeuvre de cette mesure de soutien aux producteurs.
Publié le 17-05-2016 à 21h40 - Mis à jour le 17-05-2016 à 21h41
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Les ministres européens de l'Agriculture, réunis mardi à Bruxelles, ne se sont pas mis d'accord sur la mise en oeuvre de cette mesure de soutien aux producteurs.
Il n'y a pas eu de miracle au Conseil agricole européen qui s'est tenu mardi à Bruxelles. Les Etats membres opposés à une régulation de la production de lait (Danemark, Pays-Bas, Royaume-Uni, Irlande et, dans une moindre mesure, l'Allemagne) n'ont pas modifié d'un pouce leur position. Et comme la Commission européenne n'a permis que cette mesure se fasse sur base volontaire, aucun pays ne l'a encore appliquée, chacun craignant de se faire avoir si les voisins ne s'y mettent pas. Une régulation temporaire des volumes semble pourtant la seule solution pour faire remonter les prix dramatiquement bas du lait en Europe. C'est la position soutenue par la Belgique et la plupart des Etats membres, qui voudraient un caractère contraignant à cette mesure ainsi que des compensations financières payées par l'Union européenne aux producteurs qui y souscriraient.
A l'ordre du jour de cette réunion des 28 ministres de l'Agriculture, figuraient deux points concernant directement la crise qui frappe le secteur : la situation des marchés et la mise en oeuvre des mesures de soutien aux agriculteurs, décidées en mars. Les chiffres du secteur laitier, présentés au Conseil, montrent une nette surproduction au sein de l'Union européenne. En moyenne, en janvier et en février, la production a augmenté de 5,6% comparé à la même période en 2015. La Belgique et plusieurs autres pays font figure de mauvais élèves puisque l'augmentation de leur production s'élève à plus de 10%. Si les exportations de poudre de lait connaissent une hausse de 13%, les prix, eux, stagnent. Et les perspectives sont mauvaises.
Concernant les mesures d'aide, Phil Hogan, le commissaire à l'Agriculture, s'est étonné d'une chose. L'Europe a débloqué en septembre une enveloppe de 420 millions d'euros pour le secteur mais seulement 46% de cette somme a été utilisée par les Etats membres. Pire : treize pays (dont la Belgique ne fait pas partie) n'ont pas encore dépensé un centime. Pourquoi, alors, demander de nouvelles mesures de soutien, s'interroge Phil Hogan. Des nouvelles mesures d'aide, il y en aura pourtant bientôt. Elles seront proposées aux 28 ministres lors du prochain Conseil Agriculture en juin et leur contenu dévoilé à cette même occasion.
A la sortie du Conseil, Willy Borsus, le ministre fédéral de l'Agriculture (MR), ne cachait pas son dépit. "C'est très difficile. La situation est partiellement bloquée. La Commission tentera, en juin, d'aller un pas plus loin dans la coordination de la régulation. Mais, si des pays "poids lourds" n'y adhèrent pas, on ne pourra pas mettre la mesure en oeuvre. Ce serait la catastrophe totale car je constate que les mesures européennes d'aide au secteur, appliquées depuis juin, n'inversent pas la tendance à la baisse des marchés", a-t-il déclaré.
Pour René Collin, le ministre wallon de l'Agriculture (CDH), "L'Europe agricole ira dans le mur si elle s'obstine à refuser d'instaurer des modalités concrètes de régulation. Le Conseil agricole de juin ne pourra être un nouveau rendez-vous manqué ! Des décisions s'imposent pour répondre à la crise agricole."