Brexit : "Paris et Francfort ne remplaceront jamais la City, ce sont des provinciaux"
Selon Georges Ugeux, Paris et Francfort ne peuvent pas réellement concurrencer la place financière londonienne. Entretien.
- Publié le 29-06-2016 à 11h17
- Mis à jour le 29-06-2016 à 16h21
Georges Ugeux, ancien vice-président de la Bourse de New York, nous livre son opinion sur l’impact du Brexit pour la City de Londres.
Les craintes au sujet du statut de la City sont-elles justifiées ?
C’est une erreur de croire que Paris ou Francfort pourraient remplacer la City, le seul véritable centre financier mondial. C’est à Londres qu’est localisé le Forex, le marché mondial des devises. Chaque jour, des dizaines de trillions de dollars sont traités depuis la City sur ce marché. C’est également dans la capitale britannique que le Libor, le taux de référence interbancaire, est fixé.
La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne ne changera donc rien ?
L’Europe pourrait être tentée de prendre des mesures de rétorsion envers la City. La Commission européenne avait déjà attaqué la place de Londres car c’est là qu’est effectuée la majorité des achats et ventes d’euros. A l’époque, la Cour de justice de l’Union européenne avait jugé qu’on ne pouvait reprocher au Royaume-Uni d’accueillir ces transactions en tant que membre de l’UE. Cet argument ne tient plus et pourrait favoriser une attaque réglementaire de Paris et de Francfort contre Londres. Cette offensive remettrait même en question le Brexit. J’ajoute que même si la City devait perdre des plumes, ce serait au profit de New York.
Pourquoi cela ?
Les Français et les Allemands sont myopes s’ils croient devenir un centre financier mondial. Francfort et Paris n’attirent que des transactions en euros, ce sont des provinciaux. Depuis des années, elles tentent sans succès de tailler des croupières à la City. Si Londres accueille la majorité des transactions vers l’Asie, ce n’est pas en raison de son appartenance à L’UE. La langue anglaise est un atout, mais ce n’est pas tout. Les contraintes réglementaires sont beaucoup plus souples à Londres qu’à Paris, Francfort ou New York. Des Japonais font à Londres ce qu’ils ne peuvent pas faire à Tokyo. Toutes les grandes banques d’affaires américaines sont implantées dans la City. Le Nasdaq, tout comme la banque chinoise ICBC, sont présents sur place. Il est illusoire de penser que Paris ou Francfort pourraient remplacer tout ce que propose la City.