Lunch Garden se diversifie pour gagner de nouveaux marchés inattendus
La CEO de Lunch Garden, Annick van Overstraeten, dévoile les ambitions du spécialiste de self-service dans les hôpitaux, ainsi que les projets de restaurants temporaires lors de grands salons du Heyzel et le bilan du test de livraison à domicile. D’autre part, l’ancienne directrice de Quick en Belgique regrette-t-elle la vente de la chaîne de restauration rapide à Burger King ? Que pense-t-elle des réformes du gouvernement fédéral ? Annick Van Overstraeten est l’Invitée du samedi de LaLibre.be.
Publié le 17-09-2016 à 11h50 - Mis à jour le 17-09-2016 à 21h59
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La CEO de Lunch Garden, Annick van Overstraeten, dévoile les ambitions du spécialiste de self-service dans les hôpitaux, ainsi que les projets de restaurants temporaires lors de grands salons du Heyzel et le bilan du test de livraison à domicile. D’autre part, l’ancienne directrice de Quick en Belgique regrette-t-elle la vente de la chaîne de restauration rapide à Burger King ? Que pense-t-elle des réformes du gouvernement fédéral ? Annick Van Overstraeten est l’Invitée du samedi de LaLibre.be.
Fin 2018, Lunch Garden sera actif dans un hôpital. Quelle est votre ambition dans le secteur hospitalier ?
Je pense qu’il y a beaucoup de potentiel pour ouvrir des restaurants Lunch Garden dans les hôpitaux du côté des visiteurs. Il n’est pas question pour nous de nous intéresser aux repas des patients en chambre ou du personnel, là n’est ni notre métier ni notre volonté. La notoriété de notre marque en Belgique est de 91%, ce qui est énorme. D’ailleurs, les hôpitaux réagissent de manière positive à notre démarche d’entrer dans ce milieu. On va annoncer le premier contrat ce lundi, mais nous avons déjà des contacts pour d’autres hôpitaux. Le processus peut facilement prendre deux ans avant d’aboutir à une signature, mais nous pourrions facilement nous installer dans 6 à 8 hôpitaux à travers le pays.
En d’autres termes, vous marchez sur les plates-bandes de sociétés de catering d’entreprises, telle que Sodexho…
Si vous voulez, mais cela ne représente qu’une toute petite partie de leur offre. Mais attention, nous ne voulons aucunement développer de grandes cantines, on reste pleinement dans une logique de restauration commerciale où notre marque représente une valeur ajoutée. Là où on peut proposer cette offre, je veux pouvoir le faire.
Les campus universitaires vous intéressent aussi ou ce n’est pas votre public cible ?
Je pense qu’on a bien d’autres opportunités avant celle-ci, car il y a encore de la place pour de nouveaux restaurants en Belgique. On a des projets en cours, même si tout est un peu au ralenti en ce moment dans notre pays. Nous avons 74 restaurants actuellement et nous pourrions – hors hôpitaux - en ouvrir 10 à 15 supplémentaires dans les 5 ans à venir.
Quels sont les autres développements ?
Dans des festivals de cet été, nous avons lancé nos food-trucks proposant nos plats traditionnels (vol-au-vent, boulettes-sauce tomates et carbonades-frites). Vu le véritable succès de cette offre, nous allons poursuivre ce projet l’année prochaine. D’autre part, nous mettons sur pied des restaurants Lunch Garden temporaires le temps d’une grande foire. Nous commençons logiquement avec le Salon de l’Alimentation et sommes déjà en discussions pour d’autres salons. Ils seront tenus par notre personnel.

Vous avez testé la livraison à domicile de vos 6 principaux menus à Drogenbos. Quel bilan tirez-vous de cette expérience?
On voit clairement que c’est un autre métier dans lequel on se lance, avec des difficultés particulières, telles que la définition de la zone de livraison par exemple. Les enseignements de ce test nous poussent à généraliser ce service à l’ensemble du pays. Nous analysons actuellement cela avec nos fournisseurs et partenaires afin d’y parvenir. Car clairement, il y a une réelle demande de la part de nos clients, dont certains veulent commander des plats pour 2 à 4 jours de repas. Nous ne voulons pas devenir un nouveau Take Eat Easy, nous gardons notre identité et spécificité Lunch Garden.
Dès votre arrivée en 2010, vous avez modernisé de manière visible l’ensemble des restaurants. Ces relookings ont-ils aussi été visibles dans les taux de fréquentation des restaurants ?
Absolument, le nombre de visites a augmenté de 12 à 15% selon les restaurants après les relookings de 2010-2015. Cette modernisation du parc n’était à mes yeux qu’une remise à niveau après 20 années sans investissement. Maintenant, on est déjà entré dans la deuxième génération de décors, avec l’arrivée d’un coffee-shop, d’un salade-bar qui a évolué et d’un nouveau look. Dans les quelques restaurants où cela a déjà été fait, on enregistre une nouvelle progression de 15 à 27%. C’est très encourageant vu la situation économique.
Et le climat anxiogène pèse sur la fréquentation ?
Oui, surtout dans la Région bruxelloise. Dans le reste du pays, l’impact était nettement moins fort. Pour être précis, l’ensemble du réseau a beaucoup plus souffert des attentats de Paris que de ceux de Bruxelles.
En 2014, le climat social de votre entreprise était très lourd. Le climat s’est-il apaisé depuis ?
Il faut rappeler que nous avions fait un plan social très lourd en 2014. Malgré les hauts et les bas, nous avons bien travaillé avec les syndicats. Ce plan, qui a permis à tout le monde de garder son emploi, a été très positif pour la société et pour l’emploi. À mes yeux, le climat s’est apaisé et les relations se sont normalisées.

Vous avez été à la tête de Quick Belux pendant 6 ans. Aujourd’hui, la chaîne de restauration rapide est avalée par Burger King. Cet ancien fleuron belge qui passe entre les mains américaines, cela vous fait de la peine ?
Quick, c’est très clairement une belle marque. Je trouve très intelligent de faire cohabiter les deux marques (Quick et Burger King) en Belgique, au moins pendant plusieurs années. Cela assure un bel avenir aux franchisés et aux restaurants du groupe. À terme, devenir un réseau Burger King me semble une excellente solution.
La marque Quick n’est pas suffisamment forte pour se maintenir seule ?
Burger King serait arrivé de toute façon sur le marché belge. La société Quick Belgique me semble trop petit pour faire face seule à la concurrence de Mac Donald’s qui bénéficie de son organisation internationale. Avant, Quick Belux bénéficiait de l’apport de la maison-mère française pour ses développements produits, son marketing, sa publicité… Cela fait une grande différence dans un marché fort concurrentiel. Les budgets pour 100 restaurants n’ont rien à voir avec les budgets pour 1.000 restaurants. C’est donc une bonne opération.
Une nouvelle concurrence pour vous ?
Chaque fois qu’on ne mange pas chez moi, on mange à la concurrence. Votre cuisine est ma concurrente aussi… Mais, Panos, Quick, Mac Donald’s, Pizza Hut et nous vivons très bien ensemble ! Nous sommes des concurrents complémentaires, car tout le monde ne va pas manger un burger tous les jours, ni un vol-au-vent…
Que pensez-vous de la coalition suédoise au fédéral ?
Je trouve sincèrement que le gouvernement fédéral fait du bon boulot pour améliorer le climat économique en Belgique. La réduction des charges sociales est une bonne chose, mais il devrait aller encore un peu plus loin pour redynamiser nos entreprises. Réformer notre pays est un processus long et pas facile, d’autant qu’il faut au mieux intégrer les partenaires sociaux dans les grandes décisions pour trouver un bon équilibre. Ce gouvernement avance, c’est bien !
Entretien: Dorian de Meeûs