Caterpillar : négociations au finish entre les syndicats employés et la direction

Isabelle Lemaire

Les prochains jours vont être déterminants pour les syndicats de Caterpillar Gosselies. Lundi, et après des semaines de tension allant crescendo, les représentants des ouvriers ont conclu un préaccord avec la direction au sujet des conditions financières de départ du personnel, de la reprise de la production et des livraisons des machines ainsi que du retour de la sécurité sur le site, après l'incendie volontaire de deux engins de chantier. Ce préaccord très technique, qui leur a été expliqué en détail cette semaine, fera l'objet d'un référendum lundi et mardi matin. Les ouvriers seront invités à voter "oui" ou "non", à bulletin secret.
Difficile d'envisager quelle sera l'issue de ce vote. Si le "oui" l'emporte, le préaccord sera définitivement validé lors de la phase 2 de la procédure Renault de licenciement collectif. Dans le cas contraire, on s'achemine vers un scénario catastrophe. On sait que le week-end dernier, pendant les négociations ouvrières, deux hauts dirigeants du groupe Caterpillar (le directeur financier américain Mark Thompson et Nicolas Polutnik, l'ex-directeur de Gosselies aujourd'hui directeur régional des opérations) sont venus faire un petit bonjour qui n'avait rien d'amical aux syndicats. Selon ces derniers, ils ont plus qu'invité les représentants du personnel à conclure un accord social avant le lundi, sous peine que la maison-mère rompe son contrat d'activités avec Gosselies. Si l'on en croit Thierry Hansen, le directeur de Caterpillar Gosselies, cette menace sera mise à exécution en cas de refus du préaccord par les ouvriers. Dans une interview accordée au "Soir" et à Sudpresse, publiée samedi, il également affirmé qu'un "non" conduira le groupe Caterpillar à refuser de financer l'enveloppe sociale, laissant Caterpillar Belgium seul face à cette lourde et intenable responsabilité.

"On prendra le temps qu'il faut"

Les syndicats des employés (Setca et CNE) sont entrés jeudi dans le vif des négociations du plan social, des négociations qui s'annoncent âpres, pointues et qui devraient se poursuivre au finish, probablement pendant tout le week-end. Elles se sont déroulées vendredi dans les locaux du SPF Emploi à Bruxelles et à Nivelles samedi mais sans l'appoint d'un conciliateur social, comme cela avait été le cas pour les négociations ouvrières. Pas encore, en tout cas, car si les discussions calent, les représentants des employés n'excluent pas d'y avoir recours. Il se pourrait que Mark Thompson et Nicolas Polutnik viennent se rappeler à leur bon souvenir car ils seraient encore présents en Belgique.
La direction voudrait conclure un préaccord rapidement, a priori pour lundi à l'aube au plus tard, histoire d'atterrir dans la même temporalité que le vote des ouvriers pour leur propre plan social, dit-on du côté syndical. Mais le Setca et la CNE ne l'entendent pas de cette oreille. "On est très loin du compte quant à un préaccord et on prendra le temps qu'il faut. On ne veut pas aboutir vite et à tout prix. On pourrait toutefois arriver à un brouillon de préaccord dimanche", confiait jeudi un délégué Setca. "S'il nous faut dix jours, ce sera dix jours", déclare une déléguée CNE, qui fait état ce samedi de "divergences encore à négocier" avec la direction. En prenant leur temps, les syndicats des employés veulent non seulement s'assurer de conclure le meilleur plan possible mais aussi pouvoir le valider juridiquement, via leurs avocats. Ces représentants du personnel envisagent de soumettre petit à petit, lors d'assemblées générales, au vote à main levée de leurs affiliés les points mis sur la table par la direction avant de s'engager à les entériner.

La question de la date des premiers licenciements

En marge des négociations sur les conditions financières de départ des travailleurs, une question importante se pose encore : la date des premiers licenciements. Dans le préaccord ouvrier, il est stipulé qu'entre 200 et 240 machines restent à produire et à livrer et ce pour le 31 mai. On est donc bien au-delà de la date du 1er avril, fixée en théorie par Caterpillar comme celle de la cessation d'activités. Cela voudrait-il dire que les premiers licenciements n'auront lieu qu'à partir du 1er juin ? La direction locale ne veut pas se prononcer. "Il reste encore trop d'inconnues que pour fixer une date. La fenêtre pour opérer les premiers licenciements, qui se feront par vagues, est comprise entre le 1er avril et le 31 juillet. Des départs sont donc possibles dès le 1er avril mais à plusieurs conditions : il faut que la phase 1 de la procédure Renault soit clôturée, que les accords sociaux conclus avec les syndicats soient signés et que les cellules pour l'emploi soient ouvertes", nous explique-t-on.

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