Didier Malherbe (UCB): "Les entreprises wallonnes doivent se tourner vers le Forem"
- Publié le 23-11-2017 à 06h17
- Mis à jour le 23-11-2017 à 08h30
:focal(465x240:475x230)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/N4IUNZ6FOVHARPOHSQPNGOBXB4.jpg)
Didier Malherbe, administrateur délégué d'UCB Belgium, est arrivé à la tête du comité de gestion du Forem en 2016. Plein d’a priori à l’égard de l’organisme public, l’homme a changé d’avis. Et il le fait savoir.
Pourquoi avoir accepté ce poste ?
J’avais déjà été approché il y a six ans et j’étais un peu hésitant. Je suis dans le secteur privé et cela me semblait un défi un peu compliqué. La deuxième fois qu’on me l’a proposé je me suis dit qu’il fallait parfois sortir de son balcon et descendre dans l’arène. J’appartiens à un monde assez critique par rapport aux institutions en général, au gouvernement wallon et au Forem en particulier. C’est un comité de gestion et le mot cogestion (NdlR : le Forem est cogéré par le secteur patronal et par les syndicats) ne me plaît pas beaucoup.
Vous arriviez avec des a priori. Qu’est-ce que vous tirez comme premier bilan à la tête du comité de gestion ?
Un président, c’est celui qui passe la parole entre les deux mondes. C’est donc un concept un peu archaïque. Mais après cette première perception assez pessimiste, je me suis retrouvé avec des gens positifs. J’ai découvert une certaine entente entre les deux bancs. La première chose que j’ai faite en arrivant, c’est d’aller sur le terrain. Et j’y ai vu des gens de très bonnes volontés, qui veulent servir l’institution. Tout cela m’a motivé. Ensuite j’ai sondé les entreprises et plus de 50 % ne sont pas au courant de ce que fait le Forem pour elles. Très souvent lorsqu’une entreprise prend contact avec lui, elle en revient avec un bon feedback. Les entreprises wallonnes doivent se tourner vers le Forem.
Vous pensez que les critiques du monde de l’entreprise à l’égard du Forem son quand même partiellement justifiées ?
Je trouve qu’on pourrait parfois aller plus vite. Mais nous sommes dans un système de cogestion, dans le consensus donc. Je me suis investi dans trois domaines : la digitalisation de l’entreprise, la valorisation du personnel sur le terrain et le fait de tourner le Forem vers les entreprises.
Comment les syndicats ont réagi ?
Cela a pris du temps mais la campagne tournée vers l’entreprise que nous venons de lancer a été validée par les syndicats.
Le nouveau ministre wallon de l’Emploi, Pierre-Yves Jeholet (MR) a tenu des propos assez durs à l’égard du Forem. Ils vous ont choqué ?
Lorsque j’ai été désigné comme président du comité de gestion, j’ai été convoqué assez rapidement au Parlement wallon. A ce moment-là, il était dans l’opposition. Et j’y ai pris une volée de bois vert. C’était assez surprenant mais c’était les règles du jeu. Dans un premier temps comme ministre, il a continué à être critique à l’égard du Forem. Mais c’était avant de comprendre ce que faisait le Forem. Lui et la commissaire du gouvernement, Mme Laruelle, se sont rendu compte que tout n’était pas à jeter. Il vaut donc mieux être dans une démarche constructive plutôt que dans une opposition destructrice comme c’était le cas avant. Le regard est en train de changer.
Le nouveau ministre va-t-il apporter quelque chose de plus ?
Je pense que le nouveau ministre et son équipe tentent d’apporter des choses qui permettront au Forem d’achever sa mue. Ils ont demandé de changer un certain nombre d’indicateurs. On est face à un ministre qui veut plus de chiffres et moins de grandes phrases.
Marie-Kristine Vanbockestal a été critiquée par le ministre. Est-elle la bonne personne pour gérer le Forem ?
Dans mes relations avec le personnel du Forem, du terrain jusqu’en haut de l’échelle, je n’ai jamais eu de tabou. On se parle franchement et je n’ai aucun problème avec elle.
On a tendance à dire qu’il y a plus de demandeurs d’emploi que d’emplois disponibles. Vous partagez cette analyse ?
Ce sont les entreprises qui créent de l’emploi. Je siège à l’Union wallonne des entreprises (UWE) où l’on a l’habitude de se plaindre des acteurs politiques et des acteurs publics mais nous devons aussi voir de notre côté comment faire grandir la Wallonie. L’UWE dit que nous avons près de 70 000 entreprises en Wallonie et elles sont considérées pour la plupart comme étant trop modestes et trop petites. Si en moyenne, on avait une personne de plus dans chaque entreprise, cela ferait 70 000 emplois en plus. Ce serait 35 % de chômage en moins. Il faut aussi se remettre en question du côté des entreprises. Lorsque je voyage, je vois trop peu d’entreprises wallonnes qui exportent.
Pourquoi sont-elles aussi modestes ?
Il y a une modestie absolue du Wallon qui a des difficultés à se vendre. Et puis, nous restons relativement faibles au niveau de l’emploi des langues. Notre enseignement et nos universités sont de qualité. Il y a des outils, il faut les utiliser.
Est-ce qu’un certain pan du milieu de l’entreprise en Wallonie ne devient pas trop dépendant des aides publiques ?
J’ai l’impression que le business plan de certaines start-up risque de s’arrêter à la fin des subsides, alors que ces derniers doivent juste être un élément déclencheur.