Brussels Airport franchit la barre record des 24 millions de passagers: "On suit attentivement ce qui se passe chez Ryanair"
Publié le 22-12-2017 à 06h16 - Mis à jour le 22-12-2017 à 12h10
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Le chiffre a été franchi ce vendredi matin. L’aéroport de Bruxelles a accueilli son 24 000 000e passager de l’année. Un nouveau record pour Brussels Airport qui devrait terminer 2017 avec un total de 24,5 millions de voyageurs, soit près de 3 millions de plus que l’année dernière. "Mais la vraie année de référence pour cette comparaison est 2015, vu l’impact des attentats de mars 2016", relativise Arnaud Feist, le patron de l’aéroport. "On a attiré un million de passagers supplémentaires par rapport à 2015. C’est un beau record qui démontre le rebond de nos activités après les dramatiques attentats."
Les touristes et hommes d’affaires asiatiques et américains, qui avaient fui Bruxelles après les attentats, sont donc de retour ?
Oui, les taux de remplissage des vols pour Tokyo sont, par exemple, impressionnants et Delta a rétabli sa ligne vers Atlanta aux Etats-Unis. En fait, on constate une croissance du volume sur les destinations existantes, mais également sur les nouvelles destinations qui ont été lancées en 2017 et qui marchent très bien, comme Mumbai (Inde) ou Shanghai (Chine). Le tourisme, qui avait beaucoup souffert, reprend très bien.
L’aéroport a-t-il assez de capacité pour répondre à cette nouvelle demande ?
On arrive à la limite en heures de pointe. D’ici 2020, on doit d’ailleurs trouver une solution pour augmenter la capacité durant ces heures fatidiques. L’idée, c’est de passer de 74 à 84 mouvements (décollages et atterrissages) par heure. A partir de 2025, il faudra des mesures plus structurelles, comme celles d’allonger la piste ou le taxiway. Notre objectif est de garder une croissance du nombre de passagers de 3 à 4 % par an.
L’aéroport a été fort critiqué lors de sa gestion de la fermeture, la semaine dernière, pour des intempéries.
C’était une situation difficile à gérer, avec de conditions climatiques très particulières. La communication était compliquée et aurait pu être améliorée. Mais il faut prendre une certaine perspective aussi : sur les trois jours, on a annulé 400 vols, tandis que Schiphol (Amsterdam) en a annulé 1 250. Beaucoup d’aéroports européens ont eu de gros problèmes. Toutes les compagnies aériennes n’ont pas pris les dispositions pour reloger leurs passagers lésés : nous sommes donc intervenus pour mettre des lits de camp à disposition dans l’aéroport. C’est aussi une fable de croire que nous préférions que nos vols soient déviés sur des aéroports étrangers plutôt que sur Charleroi et Liège !
En parlant de Liège, que pensez-vous de cette décision de Ryanair de vouloir s’y installer ?
Ryanair est assez opportuniste et cherche toujours l’aéroport où ils doivent payer peu, voire rien du tout. Mais je ne pense pas que cela va nuire au trafic de Ryanair à Bruxelles. J’ai rencontré Michael O’Leary, le patron de Ryanair, il y a quelques semaines, et il m’a confirmé que sa compagnie était très intéressée par le marché bruxellois. En plus, il n’a plus reçu d’amendes pour nuisances sonores de la Région bruxelloise depuis près de six mois. Ses avions font peu de bruit et ses pilotes s’arrangent pour prendre un virage un peu sec pour éviter de survoler Bruxelles. Parfois, les conditions financières demandées par Ryanair sont difficiles à accepter pour nous. On a des charges qui sont régulées et on ne peut pas donner des cadeaux comme cela se fait dans le Sud du pays.
Le conflit social au sein de Ryanair risque-t-il d’avoir un impact important sur Zaventem ?
On suit attentivement ce qui se passe chez Ryanair, mais l’impact ici est limité. Ce serait une bonne chose si la compagnie irlandaise pouvait trouver un accord avec ses pilotes et ses équipages. Ryanair est devenue tellement grande qu’elle ne peut plus éviter le fait d’avoir des syndicats.
La nouvelle compagnie belge, Air Belgium, avait annoncé venir à Bruxelles. Elle aurait finalement opté pour Charleroi. Une déception ?
On a eu de très nombreuses négociations avec Air Belgium depuis six ou sept mois, et, effectivement, ils voulaient venir ici. Notre offre était très intéressante : on les aidait commercialement et de manière opérationnelle en leur mettant à disposition des bureaux gratuitement et des conditions intéressantes pour le parking. Et c’était totalement légal. Si Air Belgium décide d’aller à Charleroi, c’est son choix et son droit. Je crois surtout que ce qui a joué est le fait que la Région wallonne a conditionné sa participation au capital d’Air Belgium par l’utilisation d’un aéroport wallon. Ils seront toujours les bienvenus ici.
Charleroi qui vous "pique" une compagnie belge, c’est un nouvel épisode de la guerre des aéroports belges ?
Non, on n’a pas vocation à faire la guerre à Charleroi. C’est vrai qu’il y a trois ans, on a porté plainte auprès de la Commission européenne contre eux pour certaines pratiques illégales. On restera vigilants à ce que la concurrence soit toujours loyale entre nous : Charleroi doit respecter les législations européennes en la matière. Sur le marché du low cost, on a une concurrence avec l’aéroport wallon. Mais les choses vont se stabiliser car Charleroi ne va pas pouvoir croître indéfiniment. Ils commencent à atteindre les limites de leur modèle.
"Je suis intimidé par quelques activistes"
Nuisances sonores. Elles sont revenues. Malgré les PV dressés par la région bruxelloise pour nuisances sonores, les compagnies Air Cargo Global, Saudia et Singapore (ces deux dernières avaient simplement diminué leurs activités à Bruxelles) ont quitté Schiphol (Amsterdam) pour revenir à Zaventem. En cause ? L’aéroport néerlandais est à saturation et a décidé de privilégier les vols passagers. "On revoit une croissance dans le fret qui est lié à cette saturation temporaire à Schiphol, confirme M. Feist. Mais la situation reste précaire à Bruxelles car il y a une incertitude dommageable pour les compagnies aériennes. Elles reçoivent le PV, mais ne savent pas combien ni quand elles doivent payer. L’amende est de 600 à 60 000 euros par infraction et le pire est que les nouvelles normes bruxelloises pénalisent aussi les vols de jour. On ne parle plus du sommeil des Bruxellois…" M. Feist est prêt à avoir une discussion sur le type d’avions autorisés à voler la nuit. "Mais nous avons peu de retour du gouvernement bruxellois."Les relations sont toujours aussi tendues avec "certains riverains". "Je suis intimidé par quelques activistes qui menacent de m’attaquer en justice au pénal pour des raisons farfelues. C’est la théorie du grand complot ! Heureusement, on a des contacts avec des riverains moins extrémistes, via notre forum 2040 et on peut avancer pour limiter l’impact des avions sur les habitants."