Dans le rouge, Electrabel a puisé 735 millions d’euros dans ses réserves pour effacer les pertes de 2017
Publié le 29-05-2018 à 08h57 - Mis à jour le 29-05-2018 à 09h56
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Electrabel, le premier producteur d’énergie du pays, a publié ses résultats annuels. L’énergéticien a terminé son exercice comptable 2017 dans le rouge, en perte de 290 millions d’euros. Il s’agit de son troisième exercice déficitaire d’affilée, après une perte de 1,16 milliard en 2016, et de 1,36 milliard en 2015.
Comme en 2016, Electrabel a affiché une lourde perte d’exploitation (-857 millions d’euros) l’année dernière. L’entreprise explique ces mauvaises performances à la fois par des éléments récurrents et non récurrents.
Côté non récurrent, Electrabel a dû augmenter les provisions nucléaires versées à Synatom, sa filiale chargée de financer le démantèlement des centrales nucléaires et la gestion des déchets nucléaires. L’année passée, Electrabel a dû verser 524 millions d’euros supplémentaires à Synatom, afin de prendre en compte la diminution des taux d’intérêt sur les marchés. En effet, cette baisse des taux implique que le capital à verser à Synatom aujourd’hui doit être plus important pour générer le montant qui sera nécessaire, à terme, pour financer le démantèlement. Toujours côté non récurrent, Electrabel a également dû provisionner 178 millions d’euros afin de financer le plan de départ volontaire et anticipé d’une partie de son personnel.
Par ailleurs, le numéro 1 belge de l’énergie est également dans le rouge quand on regarde son résultat d’exploitation récurrent (-45 millions d’euros). Ceci s’explique notamment par une moindre disponibilité de son parc nucléaire (80 %, contre 83 % en 2016), en raison des arrêts de Doel 3 et Tihange 1.
Heureusement pour Electrabel, un résultat financier positif (+ 472 millions d’euros) est venu partiellement contrebalancer la perte d’exploitation. Ce résultat financier positif s’explique par la plus-value financière réalisée par Electrabel sur la cession de ses actifs français à sa maison mère Engie.
Si cette cession d’une valeur de 1,6 milliard d’euros a suscité des craintes quant à l’existence d’un plan caché visant à vider Electrabel de sa substance, elle a permis d’inscrire une plus-value de 1,1 milliard d’euros dans les comptes de la filiale belge d’Engie.
Une perte qui se change en bénéfice
Si Electrabel a affiché une perte comptable de 290 millions d’euros en 2017, elle a inscrit un montant positif de 445 millions d’euros dans la colonne "bénéfice de l’exercice à affecter" . Comment expliquer qu’une perte devienne un bénéfice ? En réalité, Electrabel a puisé 735 millions d’euros dans ses réserves immunisées constituées grâce à la mise en réserve d'une partie de ses bénéfices réalisés au cours d’exercices précédents. La loi permet, en effet, à une entreprise de mettre en réserve une partie de ses bénéfices et de différer leur taxation à condition que cet argent soit réinvesti. Ces réserves immunisées ne peuvent donc pas servir à payer un dividende à moins qu’elles soient libérées par la suite, opération qu’a réalisée Electrabel pour l’exercice 2017.
Chose surprenante, Electrabel n’avait pas puisé si massivement dans ses réserves immunisées au cours des deux exercices précédents alors qu’il affichait des pertes comptables nettement plus importantes qu’en 2017.
Pourquoi alors puiser 735 millions d’euros en 2017 ? Serait-ce pour payer un dividende à Engie lors du prochain exercice grâce à ce capital rendu disponible ?
"Nous avons décidé de cesser de reporter cette taxation et donc nous avons libéré ces réserves immunisées , explique Anne-Sophie Hugé, porte-parole d’Engie Electrabel. L’affectation de ces réserves sera décidée par les instances en charge mais aucune conclusion ne peut être tirée à ce stade par rapport à cette affectation."
D’un point de plus stratégique, Electrabel a réitéré son objectif d’investir massivement dans les énergies renouvelables d’ici 2020. L’entreprise a installé 51 MW de capacités éoliennes en 2017, portant son parc à 308 MW à fin 2017. L’objectif est d’atteindre un parc éolien d’une puissance de 550 MW d’ici 2020, un peu plus de la moitié d’un réacteur nucléaire.