Oui, il existe des femmes qui s’intéressent à la cybersécurité: "Quand on deale, ça peut faire la différence"
Oui, il existe des femmes qui s’intéressent à la cybersécurité. Caroline Van Cleemput en a même fait la base de sa carrière professionnelle.
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Publié le 03-02-2019 à 15h31 - Mis à jour le 03-02-2019 à 15h33
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Oui, il existe des femmes qui s’intéressent à la cybersécurité. Caroline Van Cleemput en a même fait la base de sa carrière professionnelle. Rencontre. Alors que beaucoup passent du temps à peaufiner leur CV et multiplient les rendez-vous pour tenter de décrocher un job, diplômes en poche, certains traversent cette épreuve avec une aisance insolente. C’est un peu le cas de l’Anversoise Caroline Van Cleemput qui a aligné un bac en marketing et un bac en gestion d’entreprise… pour se retrouver un peu par hasard dans le monde de l’informatique et de la sécurité. "En 1998, après mes études, j’ai été contactée par mon premier employeur, Azlan, fournisseur de solutions IT. Je me suis présentée à l’interview, ma première après mes études, et ils m’ont engagée tout de suite !"
Caroline sait ce qu’elle veut. Elle va rapidement changer de job pour entrer chez un autre distributeur de solutions informatiques, et un autre en devenant une spécialiste de la vente de softwares, avec une affinité particulière pour les outils de sécurité. Elle va entrer dans le vif de ce sujet en 2005, en débutant comme responsable de la distribution chez Trend Micro, un grand nom de la cybersécurité. En 2011, elle monte encore d’un cran en passant chez Check Point Software, le géant israélien de la sécurité numérique. Comme auparavant, elle enchaîne le poste de "channel manager Belux", puis de "sales manager" pour grimper encore d’un niveau et de venir la patronne de la filiale Belux de Check Point.
Un parcours sans fautes un peu atypique quand on sait le peu de femmes actives dans le domaine hypertechnique de la cybersécurité. Mais c’est avant tout dans la vente que Caroline Van Cleemput se distingue, et maintenant dans la gestion d’une entreprise en plein boom. "C’est vrai, ici, je m’occupe… de tout ! C’est un secteur où ça bouge beaucoup. Il faut se remettre à jour en permanence, suivre des formations, chaque semaine ! En un an et demi, on est passés d’une équipe de 5 personnes à un peu plus de 30 personnes. Mais je gère : je suis dans ce secteur depuis 20 ans maintenant."
Caroline ne souhaite pas, visiblement, s’attarder sur le sujet de la mixité dans le secteur. "C’est vrai qu’on doit chaque fois faire ses preuves et peut-être qu’une femme doit en faire un peu plus. Et quand elle a fait ses preuves, elle a droit au respect. Mais c’est aussi le cas des jeunes qui entrent dans ce secteur. Je crois qu’au niveau de la gestion des équipes et des relations humaines, les femmes font preuve de plus d’empathie. Et, quand on deale, ça fait aussi la différence. Mais sur le fond, à compétences comparables, il est normal de juger les gens sans tenir compte du genre." Inutile d’ajouter que Caroline qui engage régulièrement, est à même de coacher des femmes qui voudraient se lancer dans un secteur au potentiel énorme. À bon entendeuse…
En effet, le marché de la cybersécurité a changé au fil du temps : "Alors qu’auparavant, on devait convaincre les clients, ils sont aujourd’hui totalement convaincus de l’importance de la sécurité informatique. On ne doit plus maintenant leur expliquer quoi faire, leur faire comprendre que le risque est global et qu’il faut tout protéger, réseaux, ordinateurs, mobiles, cloud ; Internet des objets… C’est ce qui explique la croissance du marché. Et c’est ce qui explique aussi la structure de notre entreprise Belux : des consultants - les "presales" - et les vendeurs : les "sales"".
Trouver les profils, les engager, c’est aussi un job pour Caroline qui assure travailler énormément. Et la vie de famille ? "Il faut, c’est indispensable, trouver un bon équilibre travail/famille et vie privée, le "me time". Je fais beaucoup de sport, du yoga, et je suis aussi déléguée du club de foot d’un de mes fils. Je ne joue pas au foot, mais je suis une bonne goal keeper ! Mon objectif premier, c’est d’être une very good mom. "
On l’aura compris, lorsqu’on demande à Caroline Van Cleemput si huit heures suffisent à gérer sa boîte, elle sourit… Parce que, au-delà de l’activité, des ventes, des mises à jour incessantes - dans ce secteur, un mois, c’est énorme -, il y a aussi la gestion de l’image. "On a un budget "charity", et on participe à une série d’événements, comme "Think Pink", aux actions de la Croix-Rouge, les dons de sang, et personnellement, je suis bénévole auprès de l’association "Moeders voor Moeders" (Mamans pour les mamans)". Tout ça en huit heures par jour ?
Une rapide évolution
En une dizaine d’années, le groupe israélien Check Point Software a fait pas mal de chemin. "Les outils du début, c’étaient les "firewalls". Mais entre-temps, on a assisté à une accélération des menaces et à une multiplication des outils numériques acceptés dans les entreprises. Désormais, nous devons faire comprendre à nos clients que le danger est partout et tout le temps."
En conséquence, le business s’est étendu et Check Point est devenu un géant qui affiche un chiffre d’affaires de près de 2 milliards de dollars avec une marge à faire pâlir Apple.