"Les véhicules électriques vont s’imposer, tout comme les smartphones !"
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Publié le 09-03-2019 à 14h40 - Mis à jour le 09-03-2019 à 18h18
Le marché des voitures électriques serait proche d’un point d’inflexion.
Benoît Michel est ingénieur en électromécanique, consultant en nouvelles technologies. Il a rédigé un livre (1) qui répond aux questions du public sur la voiture électrique. Ce documentaire se lit comme un cours bien fait, solide, structuré, documenté et assorti d’un guide d’achat pratique réalisé en collaboration avec le Moniteur Automobile, une revue bien connue en Belgique. Benoît Michel est convaincu de l’adoption massive de la mobilité électrique dans les mois et les années à venir.
Êtes-vous un apôtre de la voiture électrique ?
Non, je me suis longtemps occupé d’informatique, comme consultant, et comme enseignant, mais je suis revenu à ma spécialité, parce qu’il y a une tendance et une demande dans le secteur de la mobilité électrique.
À 68 ans, vous n’avez pas toujours eu une voiture de ce type ?
J’en suis à… ma 34e voiture. J’ai eu de tout, de la Mazda MX6 au Chrysler Voyager… Je roule maintenant dans une BMW I3 d’occasion, première série, très agréable.
L’industrie traditionnelle va-t-elle devoir se convertir à l’électrique, sous peine de mourir ?
Bien sûr, et c’est en cours, en raison des normes environnementales de plus en plus restrictives. Mais il y aura des faillites, des regroupements, des fermetures de sous-traitants fournissant aux constructeurs des pièces qui ne servent à rien dans les véhicules électriques, comme les boîtes de vitesses. Le mouvement est en cours : aux États-Unis, General Motors a déjà fermé des usines. Et Fiat Chrysler, qui s’est recentrée aux États-Unis sur les gros 4X4, parle d’une Jeep électrique. Mais pour quand ? Dans 5 ans, il sera trop tard. Même le géant Toyota patauge, investissant dans la recherche sur l’hydrogène, grâce aux subsides du gouvernement.
Mais Toyota propose déjà une large gamme de véhicules hybrides !
Certes, néanmoins si vous regardez les statistiques d’utilisation des voitures particulières, la plupart des hybrides actuelles n’utilisent en ville que la motorisation électrique… Alors, pourquoi ne pas utiliser une voiture électrique ?
Le constructeur américain Tesla a amorcé le marché, les gros constructeurs européens suivent sans enthousiasme. Mais ils connaissent bien les mécanismes de production de masse.
Clairement, mais Tesla a une force qu’ils n’ont pas : l’intégration verticale, avec les batteries, les moteurs et… l’informatique. Il y a un seul cerveau pour animer une voiture Tesla et ses composants, ce qui permet notamment des mises à jours intégrales comme celle qui va être déployée ces jours-ci sur les modèles existants de Tesla : 20 CV de plus, 20 km d’autonomie supplémentaire et 6 km/h de plus en pointe. Dans une voiture classique où les constructeurs ont assemblé des pièces fabriquées par de multiples sous-traitants, il faut parfois changer l’heure de la voiture, puis refaire l’opération sur le GPS…

Mais des constructeurs comme BMW sont tout à fait capables de produire quand même de très bonnes voitures électriques pour concurrencer Tesla et les constructeurs chinois ?
Oui. Cependant vous n’imaginez pas les tensions internes dans une entreprise comme BMW. Si elle sort une voiture électrique exceptionnelle, elle se tire une balle dans le pied. Sa spécialité qui rapporte beaucoup d’argent, c’est la grosse berline de luxe avec un gros diesel très puissant. Si elle sort l’une, ce sera au détriment de l’autre. Imaginez les tensions au sein du conseil d’administration qui doit rendre des comptes aux actionnaires. C’est tout un modèle industriel qui est à revoir.
Et à cet égard, vous parlez d’une urgence… en évoquant l’évolution des parts de marché de la voiture électrique, dopée aujourd’hui par les "pionniers".
Oui, l’adoption des nouvelles technologies suit une courbe en "S", et nous sommes proches d’un point d’inflexion avant une accélération importante.
Le public est-il hésitant face à l’offre actuelle de véhicules neufs ?
Oui, mais il y a une prise de conscience, et quand les gens essaient une voiture électrique, ils sont vite convaincus. C’est ce flot d’hésitants reportant leur prochain achat qui va provoquer l’accélération. Peut-être cette année.
(1) "La voiture électrique, c’est maintenant". Belgique et France, imprimé, en français, version européenne : 24,90 euros. Disponible en téléchargement : 19,90 € (www.editions-nowfuture.com). Existe aussi en français pour le marché canadien, et en anglais.