Un emploi sur deux menacé par le futur métro Toots Thielemans
La future station de métro Toots Thielemans n’est pas encore née mais le projet suscite déjà les craintes des riverains mais aussi et surtout des commerçants. En cause, la durée des travaux qui auraient un impact conséquent sur le tissu économique du quartier. Nour Eddine Layachi, le président de l’Association des commerçants du quartier évoque un risque de près de 50% de fermetures ou de faillites…
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- Publié le 13-06-2019 à 17h25
- Mis à jour le 18-06-2019 à 18h18
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La future station de métro Toots Thielemans n’est pas encore née mais suscite déjà les craintes des commerçants. En cause, la durée des travaux qui auraient un impact conséquent sur le tissu économique du quartier. Nour Eddine Layachi, le président de l’Association des commerçants du quartier (Stalem), évoque un risque de près de 50% de fermetures ou de faillite. Il dénonce une gestion archaïque du dossier mais il insiste : ce ne sont pas les travaux en soi qui posent problème mais leur durée.
“Les travaux doivent débuter en 2020 et devraient durer jusqu'en 2024 mais, soyons réalistes, un chantier aussi vaste prendra beaucoup plus de temps, surtout quand on connaît la réalité en la matière à Bruxelles. En faisant un calcul simple mais surtout plus réaliste, on peut imaginer des travaux qui durent près de 10 ans. Vous imaginez, 10 années en chantier pour le commerçants? C'est invivable, et c'est là tout le problème ”. La future station doit voir le jour au bout de l'avenue Stalingrad, entre la place Rouppe et la gare du Midi. Le permis de construction délivré en mai dernier prévoit la construction de la nouvelle station de métro ainsi que celle de trois tunnels qui devraient relier la future station "Toots Thielemans" aux stations Lemonnier et celle de la gare du Midi.
Indemnités: "des clopinettes"
Pour Nour Eddine Layachi, les techniques utilisées pour la concrétisation du projet sont tout aussi problématiques. “ Le projet de métro n’est pas né hier. Il y a une petite histoire derrière. La première technique de construction, proposée dans les années 80, tablait sur des travaux de l’autre côté de l’Avenue de Stalingrad. L’idée de liaison métro date, elle, des années 60-70. Mais le projet qui remonte à la surface aujourd’hui se base sur des idées qui donc ont près de 30 ans. En plus, en imposant, cette fois, des travaux en plein dans l’Avenue, une zone qui s’est développée de façon exponentielle puisqu’il s’agit d’un véritable fleuron économique. Mais il ne semble pas être pris en compte à sa juste valeur dans les projets en cours ”.
Pourtant, les autorités régionales et communales étaient en contact avec les commerçants, pour avancer, ensemble, dans la concrétisation de ce projet à travers notamment la signature d’un pacte. Mais selon Nour Eddine Layachi, les commerçants n’ont pas été mobilisés en cours de discussion mais uniquement pour l’aboutissement et la signature du pacte, “ sans véritable échange profond, sérieux et concret avec l’Association ” déplore-t-il. “ Il a été question d’indemnisation pour les commerçants, mais là aussi, ce qui est proposé est rudimentaire quand on voit la taille du projet et les conséquences potentielles. Sur papier, on évoque le chiffre de 17,5 millions d’euros pour les commerçants mais dans les faits, on arrive à 1,5 million. Notez par ailleurs que les indemnisations seront de 9.000 euros par an, pour une durée de 3 ans maximum. Et cette indemnisation ne sera possible que pour les commerces en périphérie également impactés. Bref, des clopinettes ”.
Près d'un commerce sur deux en faillite?
Quant à l'impact économique du projet, le bureau d’étude chargé de mesurer l’incidence des travaux estime la perte de chiffres d’affaires de 40 à 50%. Nour Eddine Layachi est lui plus pessimiste et évoque jusqu’à 60% de pertes mais également la fermeture ou la faillite de près d’un commerce sur deux. “ 50% des commerces pourraient fermer ou faire faillite. Les chiffres sont importants mais ils pourraient être encore plus catastrophiques si on suit la logique suivante : ces travaux auront lieu dans la porte Sud de Bruxelles, pas loin du ring. Une zone qui irrigue une bonne partie de l’activité économique bruxelloise, pas juste notre quartier. L’impact négatif sera donc plus important encore et ne sera certainement pas limité à notre zone ". Nordin Ayachi voit le projet en cours comme le premier pas d’une gentrification qui coûterait cher à ce quartier mais aussi, selon lui, à l'ensemble de Bruxelles. “
Le quartier Stalingrad est cosmopolite, les gens se mélangent de plus en plus. Le "comme chez soi", restaurant qui est un véritable patrimoine bruxellois, dépend grandement des touristes qui arrivent au quartier via la gare du Midi. Les travaux feront fuir cette clientèle. Et faire disparaître le mythique restaurant."Les travaux qui vont démarrer vont faire partir les commerçants, des grandes multinationales vont probablement les remplacer, au détriment des petites enseignes, surtout les plus ethniques qui paieront le prix fort. In fine, c’est le Bruxellois moyen qui sera perdant. Sur toute la ligne ”.