La Wallonie, pièce maîtresse de la course à l'espace
Cinquante ans après le premier pas de l'Homme sur la Lune, la course à l'espace semble plus que jamais relancée et fait partie des priorités des grandes puissances. Chine, USA, Inde, nombreux sont les pays à s'être dotés de programmes spatiaux d'envergure. L'Europe, et la Wallonie, où beaucoup d'acteurs importants du secteur sont implantés, ne sont pas en reste, loin de là.
- Publié le 20-07-2019 à 09h20
- Mis à jour le 15-10-2019 à 19h45
Cinquante ans après le premier pas de l'Homme sur la Lune, la course à l'espace semble plus que jamais relancée et fait partie des priorités des grandes puissances. Chine, USA, Inde, nombreux sont les pays à s'être dotés de programmes spatiaux d'envergure. L'Europe, et la Wallonie, où beaucoup d'acteurs importants du secteur sont implantés, ne sont pas en reste, loin de là.
50 ans après la virée du trio Aldrin-Collins-Armstrong dans l'espace, où en sommes-nous ? "La course à l'espace est relancée et l'Europe, et la Wallonie, y participent", lance d'emblée Joseph Van Schaftingen, conseiller scientifique à l'Euro Space Center, situé à Transinne. Et les chiffres ne sauraient le faire mentir. Rien qu'en Wallonie, une note envoyée en août 2018 par Wallonie Espace - qui regroupe une quarantaine d'entreprises spécialisées dans l'aérospatial - et adressée au gouvernement régional, indiquait que le secteur représentait 360 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel et plus de 1800 équivalents temps plein. A l'échelle mondiale, les revenus générés s'élèvent à 360 milliards d'euros, avec une croissance annuelle de 5,5% prévue d'ici à 2026.
"La Wallonie a beaucoup investi dans le domaine. Nous disposons d'un site qui est réservé au spatial. Il s'agissait d'une démarche régionale, ce qui peut expliquer que la Wallonie soit plus avancée que le reste du pays dans le secteur", indique le conseiller scientifique du grand centre visible depuis l'autoroute E411, adossé aux sapins ardennais. Grâce aux différents projets mis en place, la Wallonie a su faire les yeux doux à des poids lourds du milieu, à l'instar de Galileo, le GPS européen, qui y a installé son centre logistique en décembre 2017.
Preuve supplémentaire, s'il en fallait une, de l'implication belge dans le programme spatial européen, le site de l'ESA, l'agence spatiale européenne, souligne que "la Belgique est l'un des pays les plus actifs de l'organisation de recherche spatiale". Mais l'existence même de l'ESA, qui dispose d'un budget annuel d'un peu moins de 6 milliards d'euros, repose sur la coopération entre les 22 pays membres. "C'est d'ailleurs pour cela que les programmes sont plus lents chez nous que dans d'autres pays, comme en Chine ou aux Etats-Unis, où les décisions sont plus rapides", précise une source.
Bientôt à nouveau sur la Lune ?
"Les problématiques sont différentes de celles de 1969. A l'époque, nous voulions aller sur la Lune. Maintenant, nous voulons y aller et y rester", détaille Joseph Van Schaftingen. D'ici à 2024, Donald Trump a promis de retourner sur la Lune. La NASA a, en partie pour ce faire, dévoilé une hausse de son budget de 6% pour 2020. De quoi rivaliser avec les puissances émergentes dans le domaine ? Pas sûr. "On se trouve dans une phase positive pour la conquête spatiale. Les Etats-Unis élargissent leur budget pour faire face aux autres grandes puissances dont, c'est le cas pour la Chine et l'Inde, le budget reste relativement inconnu", ajoute-t-il.
Du côté européen, l'accent n'est pas mis sur la Lune ou sur Mars. "Les projets de l'ESA sont un peu moins 'tape à l'oeil'. Nous travaillons notamment sur l'environnement ou l'observation de la Terre", résume Joseph Van Schaftingen, qui rappelle que l'Europe a été pionnière dans de nombreux domaines, comme en 1986, lorsqu'elle est devenue la première puissance à être en contact avec une comète.
Quid du privé ?
Space X et Elon Musk, Blue Origin et Jeff Bezos, les noms sont bien connus du grand public. Ces nababs, issus du secteur privé, à la tête de gigantesques multinationales (et d'au moins aussi importantes fortunes) ont également la tête tournée vers les étoiles. Le "New Space", du nom attribué à ce secteur non étatique qui se lance dans la conquête spatiale, pourrait jouer un rôle majeur à l'avenir. "Ces entrepreneurs travaillent beaucoup sur la réduction des coûts pour l'espace. Avec des investissements énormes, Elon Musk a réalisé des prouesses extraordinaires en quelques années. Le privé pourrait vraiment être bénéfique aux grandes institutions sur certains aspects", développe Joseph Van Schaftingen. Et le résultat se voit déjà. En l'espace de quelques années, notamment grâce au travail de ces investisseurs d'un nouveau genre, le prix par kilogramme transporté est passé de 25 000 euros à...à peine 5000 euros. Wallonie Espace prévoyait même dans sa note au gouvernement wallon que les coûts devraient encore baisser à l'avenir.
Le secteur aérospatial est dans une phase ascendante. Outre la course aux étoiles, le secteur rameute dans son sillage de nombreux acteurs, implantés dans d'autres domaines d'activité, mais qui ne sont pas insensibles aux nouvelles avancées technologiques. A commencer par le numérique, à l'heure où les données récupérées via les réseaux satellitaires s'échangent à prix d'or. "Il ne faut pas oublier que c'est aussi grâce aux technologies développées pour aller sur la Lune que les Etats-Unis ont dominé, pendant des décennies, des pans entiers de l'industrie", conclut le conseiller scientifique de l'Euro Space Center.