Comment les Lego intelligents préfigurent les villes de demain
Des employés d'Oracle Belgique ont eu une idée simple pour montrer le potentiel des objets connectés. Une petite ville en briques Lego démontre les bénéfices de ces nouvelles technologies. On montre ici sur une table ce que seront les villes intelligentes de demain.
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Publié le 27-08-2019 à 11h13 - Mis à jour le 27-08-2019 à 16h58
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Des employés d'Oracle Belgique ont eu une idée simple pour montrer le potentiel des objets connectés. Une petite ville en briques Lego démontre les bénéfices de ces nouvelles technologies. On montre ici sur une table ce que seront les villes intelligentes de demain.
Au siège belge d’Oracle, en périphérie de Vilvorde, les spécialistes des technologies des réseaux et du cloud peuvent accueillir les clients pour leur montrer ce que la technologie peut apporter à leurs entreprises. Ici, en général, on ne lésine pas sur la dépense pour immerger les visiteurs dans un univers techno qui préfigure notre futur proche. Pourtant, quelques employés et leurs proches sont venus squatter un bureau de l’entreprise pour y construire, sur une grande table, une petite ville en Lego… Une manière pour eux de trouver un peu de détente dans leur environnement professionnel ? Non, nous explique Dieter Deramoudt, Senior Director Solution Engineering chez Oracle Benelux, "il s’agit ici de montrer ce qu’il y a moyen d’imaginer et de réaliser - à un prix abordable - dans une ville connectée, une ville intelligente".
En préambule, Dieter Deramoudt tient à préciser qu’Oracle ne vend pas les détecteurs et autres outils connectés. "Notre spécialité, c’est la gestion du réseau et du "cloud", la mise sur pied de solutions pour nos clients".
Internet des objets
On passe à table et on découvre "Proxima City". De petits immeubles, des caméras, des capteurs divers reliés à des Arduino, ces micro-ordinateurs qui coûtent quelques dizaines d’euros, eux-mêmes reliés sans fil à Internet par une borne 4G. Ce spécialiste des objets connectés nous montre quelques exemples de réalisations utilisant le potentiel des objets connectés. Premier exemple : une poubelle déposée devant la porte d’un immeuble. Un capteur repère la présence de la poubelle et envoie un message au camion-robot programmé pour la collecte des ordures. Il sort de son parking pour aller ramasser le petit container et l’apporter à la déchetterie. Une fois son travail exécuté, il envoie une requête au système de gestion du parking municipal. Celui-ci, équipé d’une caméra, repère une place libre et envoie l’information au camion-benne, qui rentre sagement se parquer en attendant la mission suivante. L’idée, ici, est de montrer qu’il suffit de quelques capteurs pour déclencher des actions automatiques utiles ne nécessitant aucune intervention humaine.
Une couche d’intelligence
De tels capteurs dans les parkings des grandes villes existent déjà, non ? "Oui, avec des systèmes propriétaires développés par les exploitants des parkings", reprend Dieter Deramoudt. "Mais il manque une couche intelligente au-dessus de ces applications pour permettre aux collectivités d’offrir un service aux visiteurs : réserver une place de parking, les y conduire, y entrer et en sortir sans devoir s’identifier, avec un paiement automatique, des suggestions de visites, de restaurants, de magasins… Dans notre ville intelligente miniature, nous posons des questions via Messenger à un "bot" et celui-ci nous fournit les informations demandées. De cette manière, on peut surveiller à distance des bâtiments, tenir compte de la météo, modifier des paramètres".
Nouveaux outils d’information
Dieter Deramoudt explique encore que la gestion locale des données (Edge) et à distance (cloud) permet de rendre les processus fluides et performants. "Je pense aussi à la gestion énergétique intégrant, au sein d’une communauté, la production locale d’énergie des ménages via les panneaux solaires, celle des collectivités via les éoliennes, et le calcul instantané des factures ou des crédits énergétiques selon la consommation". On voit aussi que l’éclairage public de Proxima City est géré de manière intelligente : les rues ne sont éclairées que lorsqu’elles sont fréquentées. Les feux de signalisation routière sont, eux aussi, dirigés en fonction des informations recueillies par des caméras intelligentes. "La plupart des capteurs actuels n’existaient pas il y a 10 ans", rappelle Marc Geury, Domain Architect chez Oracle Belgique.
Dieter Deramoudt montre, enfin, un train Lego dans lequel "on a ajouté un peu d’intelligence". Ici, un capteur, idéalement une caméra (la table est trop petite), freine la machine lorsqu’il détecte une présence sur la voie à hauteur d’un passage à niveau… Des vies sauvées ? Non, on est ici dans une ville miniature. "Mais ce que l’on peut montrer dans une ville en Lego, on peut le faire dans la vraie vie", assure Dieter Deramoudt. "Ici, on donne des idées réalisables à un coût limité".
Quel est l’avantage de recourir à un opérateur cloud extérieur comme Oracle ? "En fait, tous ces objets connectés dans le monde de l’Internet des objets (IOT) envoient des informations en grand nombre, une fois par minute ou plus, ce qui génère des masses de données. Ce que nous proposons, ce sont des solutions qui filtrent ce flot d’informations et ne retiennent que celles qui sont importantes et nécessitent une action. Le cloud offre pour sa part de l’informatique à la demande, plus élastique que des systèmes développés par les collectivités ou les entreprises".
Pour Dieter Deramoudt, on aurait tendance à reproduire les erreurs informatiques du passé, soit le développement de solutions en silos, alors qu’il est possible désormais de profiter d’une centralisation des données et de leur traitement intelligent.
"On peut réellement améliorer la vie des citadins en analysant leurs habitudes"
Marc Geury (Domain Architect chez Oracle Belgique) est convaincu des bienfaits de l’Internet des objets permettant la création de villes intelligentes. Peut-il fournir des exemples de communes belges développant des projets concrets ? Pas évident. Oracle est une société américaine cotée et donc tenue à une certaine discrétion. "Mais nous avons des projets avec des communes dans tout le pays, et avec pratiquement toutes les sociétés de transports en commun", nous assure-t-il. "La Belgique accuse un retard certain par rapport aux Pays-Bas", explique Dieter Deramoudt, Sr. Director Solution Engineering chez Oracle Benelux, qui passe une grande part de son temps chez nos voisins. Pour Marc Geury, "l’avantage de ces solutions, c’est que les collectivités peuvent les mettre en place en phase de test pour un coût dérisoire, quitte à amplifier leurs programmes par la suite".
Poste de coût ou de rendement ?
Mais ce qui est évident pour des entreprises, qui peuvent dégager des gains de productivité (par exemple en anticipant des remplacements de pièces avant qu’elles ne se brisent), l’est moins pour les collectivités. "Cela dépend des cas, explique Marc Geury. Nous sommes notamment sollicités pour la mise en place de ‘chatbots’ par des communes ou des collectivités qui souhaitent améliorer la communication entre elles et les personnes. Ça, c’est très concret et ça fonctionne déjà dans certaines communes du pays." Et puis, reprend-il, "si des projets à effet immédiat peuvent être lancés, comme un contrôle visuel par caméras intelligentes de zones à protéger des intrusions, ou de caméras indiquant devant une école quand des piétons sortent des clous, il faut aussi considérer les avantages à long terme. Nous disposons, une fois des capteurs mis en place, de sommes considérables de données. L’analyse de ces données portant sur les habitudes des citadins permet notamment de développer des services visant à diminuer la pollution dans les villes, tout en conservant aux habitants un confort de vie identique. En Europe, 70 à 80 % des habitants vivent en ville. Et c’est en ville qu’est produit l’essentiel de la pollution, les deux tiers environ, par les voitures et les habitations. L’analyse du comportement des gens permet sur le long terme de créer des villes idéales ou de formater les villes pour les améliorer et diminuer le taux de pollution. Et, à long terme, c’est clairement un objectif intéressant."
Tendance de fond
Les entreprises adoptent massivement des solutions intégrant des objets connectés, dans une foule de domaines où des machines sont utilisées pour produire des biens, mais aussi dans le secteur de l’énergie, des sciences de la vie, de l’automobile, de la distribution ou des biens de consommation électroniques. Selon le cabinet d’études de marché Gartner, quelque 4,9 milliards d’objets connectés seront utilisés cette année, soit 30 % de plus que l’an passé. D’ici à 2020, Gartner prévoit un boom des installations et un total de plus de 25 milliards d’objets connectés dans le monde.
Lexique
IOT pour Internet of Things ou Internet des objets, est l’ensemble des objets qui captent des informations diverses dans leur environnement et les transmettent par Internet. Les systèmes informatiques y trouvent un contact avec le monde physique. Les capteurs peuvent donner des informations numériques, comme des vibrations mécaniques anormales, une surconsommation d’énergie, permettant de déclencher des procédures d’entretien anticipé des machines, de manière à éviter leur immobilisation en cas de panne.
Cloud computing ou informatique distante, est l’ensemble des techniques utilisant les réseaux, des centres de données (data centers) distant sécurisés. On peut y abriter les données stratégiques des entreprises, y accéder via des serveurs, y centraliser les programmes qui sont disponibles en permanence de n’importe où et sur diverses machines (smartphones et tablettes, notamment). Les programmes utilisés à distance peuvent être mis à jour sans que les utilisateurs n’aient à s’en préoccuper. On songe notamment aux mises à jour de sécurité.
Edge computing recouvre la gestion numérique des appareils situés dans la périphérie (edge : le bord en français). Typiquement, des objets connectés, simples ou complexes. Les données récoltées par ces objets subissent un traitement préalable à leur envoi vers le cloud où elles sont centralisées. Ce traitement en périphérie du réseau permet de réduire la masse de données fournies par les objets connectés.