Benjamin de Broqueville, de la Wallonie à la stratosphère
FACE & PROFIL | Avec sa femme Vanina Ickx, Benjamin de Broqueville fait décoller l’aérodrome de Namur.
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- Publié le 11-10-2019 à 17h34
- Mis à jour le 29-11-2019 à 18h32
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FACE & PROFIL | Avec sa femme Vanina Ickx, Benjamin de Broqueville fait décoller l’aérodrome de Namur. Deux ans. Deux ans se sont passés depuis que Benjamin de Broqueville et sa femme Vanina Ickx ont repris l’aérodrome de Namur/Temploux, avec le financement d’Olivier de Spoelberch : "Quand on est arrivés ici, il y avait 9 personnes. Maintenant il y en a 80 sur le site." Ceux qui fréquentaient ce lieu d’aéronautique, au demeurant sympathique, ne le reconnaissent plus.
Comme toutes les belles histoires, celle de Benjamin et Vanina à Namur a commencé presque par hasard : "J’ai reçu un mail d’un copain me disant qu’il était en charge de vendre l’aérodrome. J’ai appelé mon parrain, qui a un avion, et qui m’a dit : t’es complètement fou, il y a de l’amiante partout. Mais si tu fais quelque chose, appelle Olivier de Sploelberch, qui a un planeur là."
Dont acte. Quelque temps plus tard, le trio se retrouve autour d’un croque-monsieur à la brasserie de l’aérodrome. "Quinze minutes plus tard, on avait trouvé comment faire." C’était le 10 mai 2017. Le 15 août, Benjamin et Vanina étaient dans le bureau, avec vue sur les avions, "le plus chouette bureau du monde."
Tout, tout de suite
Et puis les étoiles se sont alignées. À l’étroit dans les bâtiments de Gosselies, la jeune entreprise Sonaca Aircraft avait besoin d’air pour construire ses avions. Le CEO Harold van der Straten vient voir Vanina et Benjamin à Temploux et dit en substance : "On veut venir dans trois mois, pour commencer la production en août 2017. On veut une piste en dur dans un an et un nouveau bâtiment de 2 300 m² dans un an et demi." A l’initiative de Vanina, le hangar 3A est rénové, chauffé et le sol recouvert d’époxy. "Trois mois plus tard, Sonaca Aircraft avait son hangar fonctionnel pour assembler ses avions."
Pour l’ensemble du projet, il fallait, notamment, l’accord de la Ville de Namur. "L’idée de l’aérodrome, c’est de ramener un max d’emplois. Maxime Prévot a très vite dit go !" Aujourd’hui, tout est là. Sonaca vient d’inaugurer son splendide bâtiment en bordure de la nouvelle piste en dur. Mesurant 690 m de longueur (7 de moins que celle en herbe) sur 25, elle est orientée 06/24, soit 60/240 degrés, avec trois pompes à carburant et station de lavage, ainsi qu’un treuil pour expédier les planeurs à 400 m d’altitude en 35 secondes, à charge des ascendances de prendre le relais.
"L’idée est de créer un pôle aéronautique autour de l’aviation générale", résume Benjamin de Broqueville. Couramment, une cinquantaine d’aéronefs sont basés à Temploux, ce qui est loin de permettre la viabilité du site. Ici, on trouve une école de drones qui a plus de cinq cents diplômés à son actif, un centre de maintenance, le restaurant l’Envol, la société Stemme Belgium, appartenant à Olivier de Spoelberch et dirigée par Benjamin de Broqueville, et Stratos.
Prendre altitude
Stratos, qui vient d’être créé, est un projet de haut vol. À partir d’un motoplaneur Stemme S12, créer un drone stratosphérique d’observation de la Terre, équipé d’un moteur turbo Rotax 914, le même que celui du Sonaca 200. Coentreprise Stemme-Sonaca, Stratos est financée par la Région wallonne : "Au départ d’un aérodrome wallon, on compte être dans la stratosphère d’ici 2021. On a déjà vendu des heures de vol et, d’ici 2023, nous allons créer un autre avion qui, hybride, pourra voler 7 ou 8 jours."
Plus terre à terre, maintenant que l’usine Sonaca Aircraft tourne, l’aérodrome passe à autre chose : la rénovation du bâtiment principal, avec une salle multimodale au premier étage, une nouvelle tour de contrôle, un grand roof top donnant sur l’ensemble de l’aérodrome. Le but est d’attirer séminaires, incentives, etc. Inauguration en octobre 2020. "Je veux 200 emplois sur le site de l’aérodrome, affirme Benjamin de Broqueville. On l’a dit il y a deux ans, il nous en reste trois. On n’est pas encore à la moitié."
Entre-temps, le couple Benjamin-Vanina est passé à l’action. "Vanina a eu la merveilleuse idée de lire le livre de Jacques Brel, qui a terminé sa carrière comme pilote d’avion. Le lendemain, j’étais inscrit dans une école d’aviation." Et puis Vanina a lancé à Benjamin : "Tu ne crois quand même pas que je vais monter dans ton avion sans être pilote moi-même ?".
"Nous volons grâce à Jacques Brel", s’émerveille Benjamin de Broqueville, qui ne tarit pas d’éloges : "Ce que Sonaca Aircraft fait est cent fois plus bluffant que ce que nous faisons : la folie de se lancer dans la construction d’un avion belge à Namur. Je suis admiratif. C’est une immense fierté que de les avoir ici, à l’aérodrome".
BIO EXPRESSE
12 mars 1982: naissance de Benjamin de Broqueville.
2002-2005: études de journalisme à l’ISFC, à Bruxelles.
2004-2014: journaliste chez RTL.
Juillet 2017: CEO de l’Aérodrome de Namur.