La loi de la jungle entre les compagnies
RIP Air Berlin, Wow Air, Aigle Azur, XL Airways, Thomas Cook, Adria Airways… En 18 mois, au moins une dizaine de compagnies ont fait faillite en Europe, selon l’Association internationale du transport aérien (Iata). Comment expliquer cette hécatombe ? Pour bien comprendre, il faut d’abord rappeler que le secteur aérien a toujours eu ses fragilités spécifiques : les marges sont faibles, la dépendance au prix du pétrole est forte et la compétition, internationale par définition, est énorme. "Nous sommes exposés à beaucoup de risques, dont des risques financiers et économiques", expliquait fin septembre Alexandre de Juniac, directeur général de l’Iata. Ce dernier soulignait aussi un contexte de "ralentissement de la demande et de hausse des coûts" de fonctionnement.
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- Publié le 12-10-2019 à 10h46
- Mis à jour le 15-10-2019 à 16h30
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RIP Air Berlin, Wow Air, Aigle Azur, XL Airways, Thomas Cook, Adria Airways… En 18 mois, au moins une dizaine de compagnies ont fait faillite en Europe, selon l’Association internationale du transport aérien (Iata). Comment expliquer cette hécatombe ? Pour bien comprendre, il faut d’abord rappeler que le secteur aérien a toujours eu ses fragilités spécifiques : les marges sont faibles, la dépendance au prix du pétrole est forte et la compétition, internationale par définition, est énorme. "Nous sommes exposés à beaucoup de risques, dont des risques financiers et économiques", expliquait fin septembre Alexandre de Juniac, directeur général de l’Iata. Ce dernier soulignait aussi un contexte de "ralentissement de la demande et de hausse des coûts" de fonctionnement.
Bientôt plus que cinq compagnies ?
Si le secteur aérien a l’habitude d’entendre le mot faillite, il connaît aussi celui de nouveauté. Malgré les risques connus, chaque année, de nombreuses compagnies se créent : l’aérien est jugé "sexy" et attire, notamment, certains milliardaires en mal de visibilité ou de sensations fortes.
"C’est un secteur sur lequel il y a relativement peu de barrières à l’entrée, ce qui fait qu’il y a aussi une forte mortalité", explique à l’AFP Paul Chiambaretto, professeur à Montpellier Business School. Dans le ciel, c’est la loi de la jungle. Les plus grandes compagnies ont l’habitude de "manger" les plus petites, qui, à moins d’être bien installées dans un marché de "niche" (Brussels Airlines sur les vols vers l’Afrique ou la portugaise TAP sur ceux vers le Brésil par exemple), ont de plus en plus de mal à survivre.
Comme cela s’est passé aux États-Unis au début des années 2000 (voir ci-contre), beaucoup imaginent une prochaine consolidation du secteur en Europe avec la disparition des petites compagnies ou leur reprise par cinq grands groupes se partageant le marché : Air France/KLM, Lufthansa (dont fait partie Brussels Airlines), IAG (British Airways et Iberia) et les deux low cost Ryanair et Easyjet. Avec à la clé une hausse possible des prix, vu que la concurrence sera moindre.
Le secret de la réussite de Ryanair
En attendant, c’est une guerre des prix tirés vers le bas que certaines compagnies, comme Ryanair, ont provoquée. Les Irlandais n’hésitent pas à remettre les gaz pour faire étouffer la concurrence, incapable de suivre des tarifs aussi dérisoires. "Les prix de nos billets continuent de chuter (NdlR : en moyenne Ryanair vend un vol simple 37 euros en Europe, soit son plus bas historique), ce qui est une bonne nouvelle pour nos clients mais une mauvaise nouvelle pour nos concurrents", expliquait récemment Michael O’Leary, le patron de la compagnie irlandaise.
Si Ryanair peut se permettre de proposer des tarifs aussi bas, c’est parce que la compagnie a transformé ses avions en véritables centres commerciaux. Les revenus dits annexes (ventes de nourriture, location de voitures,…) représentent désormais près d’un tiers de ses recettes totales. Reste que, même avec cette offre surabondante, la demande est en train de balbutier en Europe.
Une "première" dans l’aviation
Pour Mathieu Blondel, expert en transport aérien au cabinet de conseil Arthur D. Little, ces doutes sur la croissance de la demande en voyages aériens sont sans doute une "première" depuis le décollage de l’aviation commerciale comme "industrie de masse". Ce dernier met notamment en avant les "pressions environnementales" ralentissant cette croissance.