Soyons gentils, en entreprise aussi !
La bienveillance est la base de la réussite de tout projet, selon Franck Martin.
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- Publié le 12-10-2019 à 11h26
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La bienveillance est la base de la réussite de tout projet, selon Franck Martin. Le gentil est toujours celui qui gagne à la fin du film", voilà l’un des sous-titres du nouvel ouvrage du coach et formateur Franck Martin "Gentil… et pas con !" (1). Il y traite de la bienveillance. Franck Martin n’en est pas à son coup d’essai en la matière. En 2016, il avait sorti l’ouvrage "Managez humain, c’est rentable", puis "Optimistes" et "Les superpouvoir de l’innocence" en 2018.
"Il est clair que le gentil n’a pas bonne presse. Il est décalé aujourd’hui. J’ai déjà entendu des patrons dire à leurs managers qui prenaient du temps pour écouter leurs collaborateurs qu’ils n’étaient pas là pour faire du social. Or la gentillesse et la bienveillance, des formes d’altruisme où chacun peut veiller au bien commun, sont la base de la réussite de tous types de projets collectifs et permettent l’épanouissement individuel. On n’est pas gentil pour le plaisir, même si l’être en procure très sûrement. On est gentil parce que c’est indispensable."
Dans l’entreprise et en dehors
Son livre s’adresse à n’importe qui dans l’entreprise : patrons, managers, collègues,… "Et même en dehors. J’évoque des règles de base de la relation de bienveillance dans n’importe quel contexte. Cela peut être la famille, la politique, une équipe sportive", précise Franck Martin, qui décrit, dans une première partie de son ouvrage, ce qu’est le management gentil. Celui-ci passe par une relation de confiance, le respect des autres et de la bienveillance. "La relation de confiance prime sur le contenu. Quand on fait passer un projet en force, on constate souvent qu’après il y a des soucis", note Franck Martin. Il évoque notamment la peur dans les entreprises qui crée des organisations parallèles. "C’est terrible quand on a un manager qui ne sécurise pas ses équipes et leur fout la trouille. Pour le budget par exemple, certains ont tellement peur de dire ce qu’ils pensent qu’ils vont approuver un budget qu’ils savent inatteignable. Ils mentent dès lors et puis sont stressés, n’ont pas envie de venir travailler. De quoi mener au burn-out et même au suicide. Les entreprises sont surpressurisées avec les attentes de la Bourse pour engranger du fric, mais avec quels dégâts latéraux… !"
Un autre exemple de manager gentil c’est celui qui "perd du temps pour en gagner". "C’est difficile car les entreprises sont sous la pression du temps. Or un manager doit prendre le temps d’écouter ses équipes. Il doit prendre en compte les considérations individuelles dans la mise en œuvre d’un projet collectif. Prendre du temps permet d’en gagner mille fois plus", estime Franck Martin. "Fonctionner autrement demande du temps, de l’énergie. Mais quel bonheur après ! L’idée n’est pas de fixer des objectifs élevés, mais de faire en sorte que les collaborateurs soient heureux. Et parce qu’ils le sont, ils vont faire exploser les résultats. La première ressource d’une entreprise, ce sont les collaborateurs et non les clients. Ce sont des travailleurs heureux qui font des clients heureux et pas l’inverse."
L’exemple de Maria Montessori
Dans la deuxième partie de son ouvrage, Franck Martin propose, sur le principe du "management gentil et pas con", un méta-modèle qu’il qualifie de "management contenant". "Il permet d’inclure tout ce qui se fait en management. Il s’inspire de la méthode d’enseignement développée par cette grande dame qu’était Maria Montessori, pédagogue italienne du début du 20e siècle, mondialement connue pour la méthode qui porte son nom. Selon elle, ‘une manière de mesurer la pertinence d’un modèle éducatif est le niveau de bonheur d’un enfant’. On pourrait dire aussi qu’une manière de mesurer la pertinence d’un modèle de management est le niveau d’enthousiasme des collaborateurs."
Maria Montessori a développé le concept de contenance. "C’est d’abord cette protection vitale pour le développement du fœtus dans le ventre de sa mère. Il faut reconstituer cet environnement. Pour que tous les collaborateurs fonctionnent de manière efficace, il faut constituer une entreprise contenante", note l’auteur, qui ajoute : "Le concept de contenance est une globalité qui reprend cinq points : la sécurité, l’assurance des besoins essentiels, le lien, le développement et le plaisir".
La sécurité est tout d’abord essentielle. Celle-ci peut être financière. Le cadre de travail peut aussi être sécurisant. Cela peut concerner également la liberté qu’ont les collaborateurs d’exprimer le fond de leur pensée. "Il faut créer le contexte pour que les collaborateurs osent s’exprimer. Il arrive qu’on leur dise qu’ils peuvent s’exprimer et puis quand ils le font, les managers prennent très mal ce que leur disent leurs équipes."
Le manager doit aussi répondre aux besoins essentiels des collaborateurs que sont le sens et l’autonomie. Il doit également favoriser la relation de confiance. Ceci permet le monde collaboratif qui, lui, favorise la créativité, quatrième élément du management contenant. Enfin, il faut du plaisir à travailler ensemble. "Ces cinq aspects sont essentiels pour avoir une entreprise en équilibre. Un manager doit aussi être équilibré pour l’équilibre de ses équipes. S’il n’est pas bien dans ces émotions au quotidien, cela n’ira pas", note Franck Martin. "Ce qui fait qu’un couple dure, c’est la qualité de la relation. C’est la même chose dans l’entreprise. Le principal devoir d’un manager est d’entretenir la relation entre ses collaborateurs et entre lui et ses collaborateurs. La relation prime sur le contenu."
(1) "Gentil… et pas con ! La bienveillance comme moteur de succès en entreprise" - Franck Martin - Éditions De Boeck Supérieur - 147 pages - 2019