L'administration s'oppose à la construction d'un nouveau centre d'entreposage des déchets nucléaires à Tihange
Plus de quarante ans après la mise en service des premières centrales nucléaires en Belgique, on ne sait toujours pas ce qu’il adviendra des déchets nucléaires les plus radioactifs, soit le combustible d’uranium irradié. La faute aux différents gouvernements fédéraux, qui n’ont cessé de reporter à plus tard leur décision sur la solution définitive de stockage de ces déchets nucléaires.
- Publié le 17-10-2019 à 00h00
- Mis à jour le 25-10-2019 à 15h42
Selon nos informations, l’administration va refuser le permis relatif au projet d’entreposage temporaire des déchets nucléaires. Plus de quarante ans après la mise en service des premières centrales nucléaires en Belgique, on ne sait toujours pas ce qu’il adviendra des déchets nucléaires les plus radioactifs, soit le combustible d’uranium irradié. La faute aux différents gouvernements fédéraux, qui n’ont cessé de reporter à plus tard leur décision sur la solution définitive de stockage de ces déchets nucléaires.
Que fait-on, dès lors, du combustible irradié aujourd’hui ? Après avoir passé 4,5 ans dans le cœur du réacteur, le combustible des centrales est épuisé. Comme il dégage encore une forte chaleur, il est ensuite placé, pour une période de 3 à 5 ans, dans une piscine de désactivation, située dans chacun des réacteurs.
Après cette période de désactivation, le combustible usé est transféré vers un bâtiment d’entreposage temporaire. Or ce bâtiment arrive à saturation, tant à Doel qu’à Tihange.
Engie Electrabel a récemment déposé une demande de permis d’urbanisme auprès de l’administration wallonne, en vue de construire un nouveau bâtiment d’entreposage temporaire des déchets nucléaires à Tihange.
Or nous avons pu confirmer, à bonnes sources, que l’administration wallonne allait rendre un avis négatif sur ce projet d’ici peu. Une tuile pour l’exploitant nucléaire, qui aura encore la possibilité de déposer un recours auprès de Willy Borsus, le ministre wallon de l’Urbanisme et de l’Aménagement du territoire.
Opposition des communes
Pourquoi l’administration va-t-elle refuser le permis d’urbanisme ? Rien n’a filtré sur les raisons du refus avant l’annonce officielle.
Mais on sait que ce projet ne fait pas l’unanimité depuis qu’il a été dévoilé par Engie Electrabel. Sur les neuf communes consultées, quatre ont d’ailleurs remis un avis consultatif défavorable : Verlaine, Engis, Nandrin et Amay.
Le bâtiment, s’il voit finalement le jour, aura une superficie de 90 mètres sur 36 mètres. Il devrait pouvoir accueillir jusqu’à 117 conteneurs d’une hauteur maximale de 6 mètres, pour 2,5 mètres de large.
Dans le communiqué de présentation du projet, Engie Electrabel avait annoncé que la principale barrière de protection contre la radioactivité sera le conteneur, puisqu’il doit pouvoir résister à la chute d’un avion, aux tremblements de terre et aux incendies. Le bâtiment, quant à lui, doit résister aux tremblements de terre.
Les travaux devaient débuter en 2020, pour une mise en exploitation en 2023. Il reste à voir si les délais pourront être tenus…
Ecolo s’interroge sur la superficie du bâtiment
Du côté d’Ecolo, le député fédéral Samuel Cogolati avait exprimé de nombreuses réserves quant au projet d’entreposage temporaire des déchets nucléaires déposé par Engie Electrabel. Le Hutois avait notamment reproché à l’exploitant nucléaire d’avoir “doublé” la superficie nécessaire pour accueillir le combustible usé qui sera produit jusqu’en 2025, année de sortie du nucléaire. “Je constate qu’Electrabel prévoit déjà, dans sa demande de permis, de ne pas respecter la loi de sortie du nucléaire, en doublant la capacité de son entrepôt de stockage à sec”, avait-il déclaré, à la Chambre, en juillet dernier. La durée de vie de 80 ans du bâtiment temporaire avait également suscité quelques interrogations. “Comment l’entreprise va-t-elle réduire les risques inhérents à une période aussi longue, avait interrogé Samuel Cogolati. Pourra-t-on encore, passé ce délai, transporter des fûts de 120 tonnes particulièrement radioactifs ? Pourquoi ce délai, alors que le blindage neutronique des emballages n’est conçu que pour 50 ans ?”. Certains estiment cependant que 80 ans seront bien nécessaires pour que la solution définitive de stockage soit mise en oeuvre.