Coronavirus : comment réagissent les banques privées et leurs clients ?
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- Publié le 28-03-2020 à 06h00
- Mis à jour le 28-03-2020 à 08h36
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Face à cette crise sans précédent qui a fait plonger les Bourses, comment réagissent les banques privées et leurs clients ? La Libre a interrogé Degroof Petercam, Delen, Puilaetco et la Banque Transatlantique, dont une grande partie de la clientèle est française. Voici les éléments essentiels de leurs réponses.
1. Quelle communication vis-à-vis des clients ?
Les quatre banques disent être en contact permanent avec leurs clients. Chez Delen, plus de la moitié de la clientèle a eu une conversation par téléphone ; pour le reste de la clientèle la communication s’est faite essentiellement par mail.
La Banque Transatlantique a produit plusieurs newsletters (une par semaine depuis le début de la crise) pour faire le point notamment sur les dernières tendances de marché. Chez Degroof Petercam, la communication "régulière et transparente" a permis d’expliquer les mesures prises ainsi que l’organisation des équipes en télétravail et la manière dont le service sera garanti. Aucune des institutions dit avoir fait appel à un consultant extérieur, estimant avoir les ressources nécessaires en interne.
2. Y a-t-il beaucoup de clients inquiets ?
Selon les quatre institutions, le nombre de clients qui s’inquiètent et veulent vendre leur portefeuille ou du moins réduire leurs investissements est très limité. À la Banque Transatlantique, on parle de "cas isolés".
"Si certains clients paniquent, nous essayons d’écouter très attentivement leurs préoccupations et de travailler ensemble pour trouver une solution appropriée. Cela ne concerne cependant qu’un nombre très limité de clients", explique-t-on chez Puilaetco.
"La majorité des demandes de vente émane de clients qui font face à leur première grande correction boursière. Ce n’est en effet que lors de la première grande correction boursière qu’un investisseur se rend réellement compte de son aversion au risque. Dans certains cas donc, c’est l’occasion de réétablir le profil de risque du client", souligne-t-on chez Degroof Petercam.
Chez Delen, les clients qui sont à la vente représentent environ 1 % du total. "C’est en ligne avec les autres crises."
3. La gestion des fonds a-t-elle été modifiée ?
"Nous avons, lors du déclenchement de la crise fin février, pris certaines mesures : réduit le poids en actions dans les portefeuilles, allongé les maturités de la partie obligataire des portefeuilles, racheté un peu plus d’or. Nous avons aussi sorti les sociétés aériennes et autres sociétés exposées au tourisme de la plupart des portefeuilles. Nous restons confiants dans la capacité des autorités à subvenir aux besoins en liquidité du système financier. Aujourd’hui, notre attitude est une attitude d’accumulation prudente de certaines valeurs afin d’être prêts pour la reprise le jour où la propagation du virus aura décéléré", explique-t-on chez Degroof Petercam.
"Nous avons réduit le poids des actions. Nous avons également réduit l’exposition aux titres cycliques avant le fameux jeudi noir. Et nous conservons des positions dans des secteurs défensifs (consommation de base, santé, télécoms, immobilier et services aux collectivités) qui offrent une certaine résilience. Nous avons aussi acheté certains instruments de couverture. Notre objectif est avant tout de protéger les portefeuilles de nos clients dans un contexte où la visibilité à court terme est extrêmement faible", explique-t-on à la Banque Transatlantique (qui ne propose pas de fonds patrimoniaux).
Chez Puilaetco, les portefeuilles avaient, en début de crise, une position de risques modérée, combinant une légère surpondération en actions à des diversifications de portefeuille telles que les bons du Trésor américain, l’or ou le yen japonais. "Notre positionnement dans les actions, avec une préférence pour les technologies de l’information et la santé plutôt que pour l’énergie, a bien fonctionné jusqu’à présent, tout comme la préférence pour les obligations européennes à haut rendement plutôt que les obligations américaines à haut rendement."
La banque Delen avait déjà opéré trois changements au cours des 12 derniers mois : augmentation de la diversification dans la partie obligataire, réduction des investissements dans les petites et moyennes capitalisations en faveur des grandes capitalisations. "Et on voit que celles-ci tiennent mieux le coup." Le MSCI World a perdu 23-24 % alors que les small cap ont reculé de 30 %. La banque Delen a aussi privilégié des secteurs tels que la technologie, la consommation de base et la pharma, qui tiennent mieux le coup dans le contexte actuel.