Le Réseau Entreprendre fait front, à Bruxelles, pour aider de jeunes entrepreneurs à surmonter la crise
Plusieurs "lauréats" du Réseau Entreprendre Bruxelles (REB) font face à de grosses difficultés depuis l'imposition du confinement. C'est le cas, notamment, de Simon Trussart (Denali Outdoor Events) et Isabelle d'Otreppe (Coucou). Leur appartenance au REB est un atout qui pourrait bien faire la différence.
- Publié le 21-05-2020 à 13h29
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Quand un entrepreneur, encore peu aguerri, prend une crise comme celle du coronavirus en pleine figure, il se sent déstabilisé, mais surtout isolé. Certes, il peut toujours compter sur son entourage, sa famille, ses amis et ses collaborateurs pour tenter de faire face au tsunami et de garder le moral. C’est toujours bon à prendre. Il peut aussi se tourner vers ses investisseurs, s’il en a, pour demander conseil et obtenir, le cas échéant, un petit coup de pouce financier. Il y a aussi les bouées de sauvetage lancées, plus ou moins efficacement, par les pouvoirs publics. Mais tout ça risque de ne pas suffire. Pour certains, cette crise signifiera la fin de l’aventure.
S’il doit compter avant tout sur ses propres capacités pour surmonter la crise et les effets du confinement, l’entrepreneur qui peut faire appel à d’autres entrepreneurs, plus expérimentés et ayant souvent déjà traversé des périodes difficiles, disposera d’un atout pouvant se révéler crucial pour la poursuite de l’aventure. Cette philosophie d’entraide entre pairs, du réseau “par et pour” les entrepreneurs, se trouve précisément au cœur du Réseau Entreprendre (lire ci-dessous).
"Ce sont, à chaque fois, des contacts 5 étoiles"
“Ce qui m’a le plus frappé, c’est la rapidité avec laquelle ils ont réagi, confie Simon Trussart, cofondateur et dirigeant de Denali Outdoor Events, à propos du Réseau Entreprendre Bruxelles (REB) dont il est devenu lauréat en 2017 avec son associé Colin Goubau. Dès le début de la crise, ils ont été très pro-actifs, en prenant contact avec nous et en organisant des webinaires thématiques, des sessions d’échanges entre entrepreneurs, ...”. Pour cette société active dans l’organisation d’événements sportifs et ludiques de masse (plusieurs milliers de personnes), l’impact du Covid-19 et du confinement a été brutal. Du jour au lendemain, il a fallu cesser toute activité alors que la haute saison allait démarrer. “Nous avions environ 25 événements prévus en Belgique et en France, détaille Simon Trussart, entrepreneur de 34 ans. Comme on ne savait pas trop où on allait, on en a postposé certains. Puis, il a fallu annuler. Là, on a enncore quelques dates pour septembre et octobre, mais sans aucune certitude. Désormais, on travaille sur une hypothèse de reprise des activités en avril 2021”.
Accompagné par le patron de Belcco, Yves Debry, depuis son arrivée au REB, Denali Outdoor Events a pu compter, dès les premiers jours de la crise, sur le soutien d’autres membres du réseau. “Sachant que nous étions très exposés à la crise vu notre activité, ils nous ont appelé très vite pour proposer leur aide. Ce sont, à chaque fois, des contacts 5 étoiles! Tout le monde vient avec son expertise, très ouvert et très concret”. Rapidement, il est décidé de prendre une série de mesures drastiques, dont le licenciement de sept personnes (soit 50% de l’effectif), pour ne pas couler.
Au fil des échanges, l’équipe de Denali et leurs mentors esquissent un scénario de redémarrage à l’horizon de 2021. “C’est dur, mais on veut y croire, même si on n’est sûr de rien, indique Simon Trussart. En tout cas, avoir le soutien à la fois moral et business des membres du réseau est précieux espérer surmonter cette crise”.
"Une communauté qui comprend ce que vous vivez"
Isabelle d’Otreppe, cofondatrice de Coucou avec Marie Berlier, évolue aussi dans un secteur très exposé. Depuis le printemps 2018, les deux entrepreneures tiennent un magasin de 120 m2, place du Châtelain à Ixelles, de location de robes, vestes, chaussures et accessoires pour des événements. “Le commerce et l’événementiel, c’est double peine avec le Covid-19!, s’exclame-t-elle. C’était le pire moment pour Coucou. On était juste à l’équilibre, au tout début de la saison, avec un magasin plein à craquer et beaucoup de réservations de vêtements”.
Là aussi, il a fallu couper “dans toutes les dépenses possibles” (mise au chômage économique, négociation du loyer, octroi de bons d’achat, ...). La question de tout arrêter s’est posée. Mais, grâce à une communauté de “Coucou girls” très engagée et à la volonté des deux fondatrices de poursuivre un projet d’économie circulaire “qui fait sens”, Isabelle et Marie ont fait le choix de s’accrocher. L’appartenance au Réseau Entreprendre, au sein duquel elles sont accompagnées par Raphaël Abou (CEO d’Allyum), a été clairement un plus dans ce choix. “Le fait d’être dans une communauté qui comprend ce que vous vivez, qui apporte un soutien humain et une expertise du monde des affaires, est important. C’est une aide personnalisée, du sur-mesure, qui contribue à prendre les bonnes décisions”, expose Isabelle d’Otreppe. Coucou devrait pouvoir rouvrir ses portes, sur rendez-vous, début juin.
Du côté des accompagnateurs, on insiste aussi sur les relations humaines. “On accompagne avant tout les entrepreneurs, pas les entreprises. Nous sommes là pour les rassurer et partager notre expérience, souligne Georges Caron, multi-entrepreneur et coach de trois sociétés du REB (OneHouseStand, Commuty et Cherry Pulp). Ce qui change surtout, en période de crise, c’est que tout doit se faire plus vite”. Jusqu’ici, celui qui co-dirige la start-up Piximate se montre rassurant. “J’ai été agréablement surpris par la résilience et la capacité de prendre le taureau par les cornes des trois boîtes que j’accompagne. Aucune décision drastique n’a dû être prise et elles parviennent chacune à maintenir un certain flux de revenus”. Et Georges Caron de conclure qu’à travers cet accompagnement, lui-même retire des enseignements utiles. “Il y a un apport bilatéral”.
Webinaires, "speed coaching", comités de crise et campagne de crowdfunding
Le Réseau Entreprendre Bruxelles (REB) a réagi rapidement à la crise sanitaire. “Cela faisait déjà un moment qu’on voulait mettre en place un dispositif d’accompagnement pour les lauréats qui connaissaient de grosses difficultés. Là, avec la crise, on a accéléré les choses en activant une série de mesures”, explique Aurélie Dekegeleer, directrice générale du REB. Les actions, menées forcément à distance via les canaux numériques, ont pris diverses formes : groupe d’entraide sur Slack, “speed coaching” de crise (entre lauréats et entrepreneurs expérimentés en fonction des besoins), webinaires techniques avec des experts en gestion de crise (ressources humaines, trésorerie, marketing, etc.), comités de crise pour les lauréats en très grosse difficulté (“durant deux heures, le lauréat a accès à 3 ou 4 membres du Réseau pour répondre aux questions les plus urgentes et dégager des solutions concrètes”, détaille Aurélie Dekegeleer). Un accompagnement au financement est également prévu. D’une part, il peut se concrétiser par l’octroi d’un “prêt d’honneur” de 15 000 euros (remboursable sur trois ans). D’autre part, et c’est neuf, REB lancera une campagne de crowdfunding dans les prochains jours sur la plateforme de philanthropie collaborative Gingo (liée à la Fondation Degroof Petercam). Les fonds alimenteront un fonds de soutien destiné aux lauréats dont le business est le plus en péril.
Un réseau à dimension européenne
D’origine française, le Réseau Entreprendre est un réseau de chefs d’entreprise créé sous l’impulsion d’André Mulliez, alors patron de Phildar. Sa devise : “Pour créer des emplois, créons des employeurs”. C’est devenu aujourd’hui un réseau d’entraide actif dans une dizaine de pays européens. Il se compose de 14 000 entrepreneurs (“membres”) qui, chaque année, accompagnent bénévolement 1 400 nouveaux entrepreneurs (“lauréats”). Le Réseau Entreprendre Bruxelles compte 170 membres, avec l’objectif de le doubler en 3 ans. L’an dernier, 45 start-up et scale-up sont devenues lauréates. Depuis sa création en 2011, REB a accompagné 229 entreprises.