Co-Entrepreneurs Café #49: Fixer un cap

On ne parle à peu près jamais de politique dans cette colonne. Un entrepreneur est quelqu’un de fort adaptatif : dans un contexte donné, il peut préférer certaines circonstances à d’autres, mais en tout cas il va évaluer, détecter des choses qui ne fonctionnent pas bien, et œuvrer à les transformer en opportunités. Dans ce paysage, un gouvernement de plein exercice est tout de même un élément extrêmement bienvenu : parce que ça va donner une stabilité, une direction, certaines priorités économiques et sociales au pays.

D’une certaine façon, un patron de PME doit déployer certains talents comparables à un Premier ministre. On parle de "gouverner", de ""gouvernance" aussi bien dans la chose publique que dans l’entreprise, et ces mots ont la même racine grecque : kubernao, diriger, tenir le gouvernail. Et dans un cas comme l’autre, on peut tout d’abord voir qu’une aventure commune n’est possible que moyennant un soutien : du Parlement dans un cas, de ses associés dans le cas de l’entreprise (ce qu’on appelle parfois l’affectio societatis)

Ensuite, donner un cap, une vision : une direction où aller collectivement, qui suscite a minima l’adhésion de l’équipe, idéalement son enthousiasme.

Un exercice clé consiste à approprier les moyens (humains et financiers) aux objectifs, c’est une étape de budget. On fera remarquer que l’État, lui, peut lever des taxes. Mais l’entreprise peut également lever des fonds (au prix certes d’une dilution de l’actionnariat et du pouvoir).

Enfin, une capacité à agir. Là peut-être, l’action gouvernementale pourrait gagner à s’inspirer des préceptes de lean startup, et pouvoir parfois tester certaines idées à échelle réduite, avant de les déployer. Et surtout une capacité à comprendre la réaction des citoyens (ou clients), et au besoin ajuster.

Attention bien entendu : quand on apprécie les métaphores, il faut aussi pouvoir en reconnaître les limites. Un pays ne se gère pas en tout point comme une entreprise, loin s’en faut (et ce sont souvent des autocrates comme Trump ou Berlusconi qui usent et abusent de ces comparaisons). Ici, on a voulu souligner plutôt les qualités humaines utiles et nécessaires à une équipe, pour que l’aventure soit véritablement collective et partagée.